En raison de la dégradation de la situation sécuritaire au Moyen-Orient, sur fond d’escalade militaire entre Washington et Téhéran, la Royal Navy va reprendre l’escorte des navires de commerce battant pavillon britannique appelés à franchir le détroit d’Ormuz. C’est ce qu’a annoncé le 4 janvier le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, qui a indiqué que cette mission va être assurée par deux bâtiments présents sur zone, le destroyer lance-missiles HMS Defender et la frégate HMS Montrose. Cette dernière, ainsi que le destroyer HMS Duncan, avaient déjà mené des escortes de navires britanniques à Ormuz entre juillet et novembre, suite aux attaques survenues au début de l’été contre des bateaux de commerce et à l’arraisonnement du pétrolier Grace-1 à Gibraltar.
Les deux bâtiments de la Royal Navy sont en particulier bien gréés contre les attaques de missiles antinavire, le HMS Defender, l’un des six destroyers du type 45 (cousins britanniques des frégates franco-italiennes du type Horizon) étant doté d’un système d’armes PAAMS avec missiles surface-air Aster 15 et Aster 30. Quant au HMS Montrose, il s’agit de l’une des frégates du type 23 récemment modernisées avec, notamment, le remplacement de son Sea Wolf d’origine par le nouveau Sea Ceptor.

Le HMS Montrose en mission d'escorte à Omuz l'été dernier (© ROYAL NAVY)

Le HMS Defender (© ROYAL NAVY)
Etroit passage reliant le golfe Persique à l’océan Indien, le détroit d’Ormuz, situé entre la péninsule arabique et l’Iran, voit pour mémoire transiter un quart des exportations mondiales de pétrole.
La France suit également de près l’évolution de la situation dans cette région stratégique pour le commerce international. En novembre, Florence Parly avait annoncé le lancement d’une mission de surveillance de la zone en coopération avec d’autres pays européens.
Le regain de tension très vif entre les Etats-Unis et l’Iran, suite à la décision américaine de tuer le général iranien Qassem Soleimani la semaine dernière, fait craindre un conflit ouvert entre Washington et Téhéran. Avec le spectre de voir de nouveau le détroit d’Ormuz en première ligne d’une confrontation. Cela s’était notamment produit entre 1984 et 1988, pendant guerre entre l’Iran et l’Irak, de nombreux pétroliers étant pris pour cible et détruits par des raids aériens et des mines. La frégate américaine USS Stark fut également gravement endommagée par deux missiles antinavire Exocet AM39 tirés par un aéronef irakien en mai 1987. Pour rétablir la sécurité dans le détroit d’Ormuz, les Occidentaux déploient alors leurs flottes. La France mobilisa à l’époque une grande partie de sa marine, autour du porte-avions Clemenceau, parti en juillet 1987 de Toulon et qui resta positionné dans le secteur du golfe d’Oman pendant un an (415 jours de mission en tout). L’opération Prométhée, à laquelle participa près de la moitié de la Marine nationale (en tonnage), constitua le plus grand déploiement naval français depuis Suez, en 1956.