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Impressionnante image que cette grande structure métallique, convoyée par barge depuis la Finlande et qui est arrivée le 1er mai chez Davie, au Québec. Il s’agit de la superstructure du nouveau ravitailleur de la marine canadienne, réalisé par le chantier de Lévis sur la base d’un ancien porte-conteneurs. Arrivé fin 2015, l’ex-Asterix, navire de 182 mètres de long pour 25 mètres de large construit en Allemagne en 2010, est dans le cadre du projet Resolve totalement reconstruit pour être transformé en unité de soutien logistique. Si la propulsion d’origine est conservée (un moteur MAN 7S60 MC-C de 22.600 cv pour une vitesse de 20 nœuds), avec le maintien d’une seule ligne d’arbres mais l’ajout d’un propulseur rétractable, le reste de la coque a été peu ou prou vidé. A la place des cales à conteneurs, des soutes à combustibles ont été intégrées, permettant de facto de répondre aux normes internationales imposant aux pétroliers de disposer d’une double coque. Alors que des grues et portiques seront installés sur le pont, l’ancienne timonerie de l’Asterix a été démontée.

 

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© DAVIE

L'Asterix fin 2015 chez Davie (© DAVIE)

 

Un nouveau bloc réalisé à Rauma

Elle va être remplacée par la structure arrivée lundi. Un nouveau bloc timonerie conçu et réalisé en Finlande, les études ayant été confiées à Almaco (Turku) et la fabrication à Rauma Marine. Cette société est pour mémoire née en 2014 de la relance, par des acteurs locaux publics et privés, de la construction navale dans la cité finlandaise de Rauma suite à la décision de STX d’y cesser ses activités. 

Pesant 2200 tonnes et haute de 7 ponts, la nouvelle superstructure du Resolve, positionnée sur une barge, avait quitté la Finlande début avril afin d’être remorquée au Québec. Nettement plus volumineuse que l’ancienne timonerie du porte-conteneurs, elle comprend non seulement la passerelle, mais aussi deux hangars pour des hélicoptères CH-148 Cyclone, un hôpital embarqué doté de 60 lits ainsi qu’une zone d’hébergement de secours pouvant accueillir 350 personnes, en plus des logements pour l’équipage, qui pourra atteindre 150 marins.

 

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© DAVIE

Le Resolve (© DAVIE)

Baptême du navire prévu en juillet

Prolongée sur l’arrière par une grande plateforme pour les hélicoptères, la superstructure devrait être installée dans les jours qui viennent sur la coque du ravitailleur, dont le baptême est prévu au mois de juillet. 

Ravitaillement à la mer

Le Resolve sera capable de transporter 7000 tonnes de combustible, 400 tonnes d’eau douce, ainsi que des vivres et du matériel. Il aura comme mission principale le soutien logistique des unités de combat, en particulier lors de déploiements lointains et de longue durée, assurant ainsi l’autonomie des forces navales canadiennes. Avec une capacité de ravitailler simultanément, à la mer, deux autres bâtiments, soit un sur chaque bord.

 

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© DAVIE

Le Resolve (© DAVIE)

Missions humanitaires

Il pourra également être employé pour des missions humanitaires. A cet effet, en plus de ses capacités hospitalières, une drome conséquente est prévue, avec la possibilité d’embarquer jusqu’à 8 bateaux, notamment des chalands de transport de personnel et des semi-rigides. Le navire pourra, en outre, assurer le transport de véhicules légers, de conteneurs et de fret qu’il pourra manutentionner de manière autonome grâce à deux grues situées devant la proue et surplombant un espace de stockage sur le pont. Cet espace sera protégé de la mer grâce à un carénage intégré à l’avant du navire.

En attendant les Queenston et Chateauguay

Initié en 2014 et confirmé fin 2015, ce programme original va permettre à la marine canadienne de recouvrer à moindre frais une capacité logistique, temporairement perdue suite au retrait du service des vieux pétroliers-ravitailleurs Protecteur et Preserver en 2014 et 2015. Or, leurs successeurs officiels, les futurs Queenston et Chateauguay, qui seront réalisés par le chantier Seaspan de Vancouver sur la base d’un design en service dans la marine allemande (Type 702, classe Berlin), ne seront pas livrés avant 2020/2021. Le Resolve constitue donc une solution intérimaire. La marine canadienne n’achète d’ailleurs pas ce navire. D’un coût de 700 millions de dollars canadiens (453 millions d'euros) dont 587 millions hors taxes (354 M€), le marché porte sur la transformation de l’ex-Asterix et sa location avec les prestations associées, la durée initiale de l’affrètement par l'Etat fédéral étant de 5 ans (avec une option pour 5 années supplémentaires).   

 

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© TKMS

Vue des futurs Queenston et Chateaugay (© TKMS)

 

Le marché de la reconversion

Davie, qui réalise là une belle opération et a conclu un partenariat avec Almaco pour transférer à Lévis son savoir-faire en matière de locaux d'hébergement, mise résolument sur le marché des reconversions de navires. Alors que le concept mis en place pour le Resolve est proposé à différentes marines, le chantier québécois a travaillé sur d'autres solutions pour le Canada, en particulier dans le domaine des patrouilleurs et celui des brise-glaces. Avec comme argument principal le coût, moins élevé pour une transformation que sur une unité neuve, et les délais réduits entre la commande et la livraison. Voir ci-dessous, par exemple, le projet Resolute, proposition faite par Davie à la garde-côtière canadienne. 

 

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