Entre le démantèlement et une seconde vie au profit d’une marine étrangère, l’avenir du patrouilleur français La Tapageuse balance encore. Après 24 ans de bons et loyaux service, le bâtiment de la Marine nationale a quitté la Polynésie le 14 mai 2012 et, à l’issue d’un périple de 14.000 milles, est arrivé à Brest le 29 juillet suivant.
Les négociations s’éternisent avec les Philippins
Depuis bientôt 15 mois, le bâtiment attend d’être fixé sur son sort. Cet été, le chef des garde-côtes philippins s’est, officiellement, dit intéressé par la reprise de La Tapageuse. Sauf que les négociations, qui durent depuis des mois avec Manille, n’avancent guère. Le gouvernement philippin serait, en effet, bien moins enthousiaste que le patron des garde-côtes à l’idée d’acquérir ce bâtiment, que le ministre de la Défense considèrerait comme trop ancien. Des tergiversations qui ne peuvent évidemment durer infiniment. Après avoir accordé différents délais aux Philippines, la France va devoir prendre une décision dans les prochaines semaines. Car le maintient de La Tapageuse coûte de l’argent, la Marine nationale étant contrainte, faute de pouvoir désarmer le bâtiment, de maintenir à bord un noyau d’équipage. Une dizaine de marins qui assure le gardiennage dans des conditions difficiles puisque le patrouilleur n’est plus en service. La plupart de ses équipements sont donc indisponibles, à commencer par les sanitaires ou encore le chauffage.

La Tapageuse (© : MICHEL FLOCH)
D’autres clients potentiels
Si Manille se décide à acheter La Tapageuse, le bâtiment bénéficiera d’une remise à niveau technique avant son départ pour l’Asie du sud-est. Idem s’il est cédé à une autre marine. On a par exemple évoqué la possibilité éventuelle d’un transfert au Gabon, qui dispose déjà de deux unités du même type (P400), le Général d’armée Ba Oumar et le Colonel Djoué Dabany, mis en service en 1988 et 1990 et qui ne semblent pas dans un fameux état. La Tapageuse pourrait compléter ces patrouilleurs, en remplacer éventuellement un ou, encore, être cannibalisée, servant alors de stock de pièces détachées au profit des bateaux gabonais. Dernière piste, enfin, une vente à une société privée, qui reconvertirait le bâtiment pour un usage civil ou civilo-militaire, par exemple pour des gardes privés servant à la protection de navires ou d’installations offshore. Et si aucune de ces optionsne voit le jour, l'Etat devra se résoudre à intégrer La Tapageuse dans la filière de démantèlement, où elle rejoindra quatre de ses sisterships.

La Moqueuse (© : MARINE NATIONALE)
Encore quatre P400 en service
Dixième et dernier patrouilleur du type P400 livré à la Marine nationale, La Tapageuse, construite par les CMN de Cherbourg, a été admise au service actif en février 1988. Long de 54.8 mètres pour une largeur de 8 mètres, ce bâtiment présente un déplacement de 480 tonnes en charge. Capable d'atteindre la vitesse de 23 noeuds, son équipage comprend 30 marins. L'armement est constitué d'un canon de 40mm, un canon de 20mm et des mitrailleuses. La Tapageuse est le sixième P400 à quitter les rangs de la Marine nationale après La Fougueuse, L'Audacieuse, La Boudeuse, La Railleuse et La Rieuse, cette dernière ayant été cédée en 2011 au Kenya.
Ne sont plus en service, sous pavillon français, que La Capricieuse et La Gracieuse en Guyane, ainsi que La Glorieuse et La Moqueuse en Nouvelle-Calédonie. Les deux premières seront remplacées par les deux nouveaux patrouilleurs légers pour la Guyane (PLG), qui seront commandés l’an prochain, alors que le retrait des deux autres sera compensé par l’arrivée des nouveaux bâtiments multi-missions (B2M). Ces trois nouvelles unités, qui doivent être commandées d’ici la fin de l’année pour une mise en service en 2015/2016, remplaceront également les bâtiments de transport léger (Batral) stationnés outre-mer.