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Ancienne filiale des Chantiers de l’Atlantique rachetée en 2016 par Kership, société commune de Piriou et Naval Group, le chantier du Rohu à Lanester, près de Lorient, avait été mis sous cocon fin 2017 faute d’activité. Un arrêt qui aura duré plus d’un an, les personnels étant pendant cette période mis à disposition de Piriou, à Concarneau, et surtout de Naval Group à Lorient. Le plan de charge de ses actionnaires d’étant depuis sérieusement regarni, le site du Rohu a pu être réactivé en mars dernier. Il travaille actuellement sur la réalisation de la coque du second des trois patrouilleurs neufs du type OPV 87 commandés à Naval Group par l’Argentine. Et il attaquera en décembre la fabrication de la coque du troisième. Une fois mises à l’eau (la première au printemps 2020), elles devraient être conduites pour armement à Concarneau, où Piriou réalise intégralement le premier OPV argentin (voir notre dernier article sur ce programme). Lanester va également être mobilisé sur le programme des 12 futurs bâtiments de guerre des mines belges et néerlandais, dont on ne connait pas encore le montage industriel exact entre Concarneau et le pays lorientais. Mais ce ne devrait pas impliquer grandement Lanester avant 2021. D’ici là, le chantier aura en plus du programme argentin contribué l’année prochaine à réaliser deux blocs destinés à la superstructure de la première des corvettes du type Gowind réalisées par le site lorientais de Naval Group pour les Emirats Arabes Unis. Cela représentera cinq mois de travail supplémentaires pour Lanester (Concarneau serait semble-t-il également mobilisé pour fabriquer deux anneaux de la première corvette).

Des effectifs inférieurs à ceux de 2016

L’activité est donc bien repartie au Rohu, même si le site, qui auparavant réalisait entièrement des navires jusqu’à leur livraison, ne sert plus aujourd’hui que d’unité de production d’ensembles métalliques. Côté effectifs, après le recrutement très récent de deux charpentiers et un soudeur, Kership Lorient compte désormais 39 salariés, soit 5 de moins qu’au moment de sa reprise en 2016. Trop peu, estime la CGT, qui réclame des embauches compte tenu d’un plan de charge en croissance et d’une visibilité retrouvée dans le plan de charge : « La direction a affirmé qu'elle ne dépasserait pas 44 salariés en CDI. Nous sommes loin des annonces au moment du rachat de 30 embauches sur 5 ans ! Il faudrait une quinzaine d’embauches pour que nos effectifs remontent entre 50 et 60, ce qui serait le minimum. Il y a suffisamment de travail pour cela puisque sur les 70 personnes travaillant en ce moment sur l’OPV, à peine 30 sont des salariés de l’entreprise. Les autres sont des intérimaires, des sous-traitants locaux et étrangers… »

Un site qui perd de l'argent depuis 3 ans

Charge de travail et résultats financiers ne sont toutefois pas la même chose. Et si l’activité est repartie au Rohu, le chantier ne gagne pas d’argent. Il faudrait 160.000 heures annuelles de travail pour que le chantier soit viable alors que nous n’en sommes pas à 100.000. Depuis fin 2016 notre chantier subit des pertes et ce n'est que par des abandons de créances des actionnaires que l'entreprise existe encore », reconnait la CGT, tout comme le fait que, « dans l'ensemble les actionnaires ont tenu leurs engagements au moins sur le plan de charge en apportant une activité suffisante en coque métallique pour les salariés du Rohu. Il n'y a pas eu de chômage partiel ». Le syndicat estime cependant qu’il ne faut pas se limiter aux résultats du site : « Si Kership Lorient ne gagne pas d’argent la maison mère, elle, en gagne sûrement sur l’ensemble d’un navire ».

« On a l’impression de travailler dans un chantier low cost »

Le syndicat, qui veut par ailleurs mettre la question des augmentations de salaires l’année prochaine, critique sévèrement ce qu’il considère comme une gestion à l’économie : « On a l’impression de travailler dans un chantier low cost. On économise même maintenant sur les timbres en remettant les bulletins de paie de la main à la main au lieu de les poster ! Mais ce qui nous inquiète surtout ce sont certains bricolages, par exemple sur les échafaudages pour lesquels la direction n’investit pas assez. Avec l’augmentation de la productivité et la volonté de l’encadrement d’aller plus vite, cela fait craindre des accidents », affirme le syndicat.

Sollicités depuis le 4 septembre par la rédaction de Mer et Marine sur la situation du chantier de Lanester, les directions de Piriou et Naval Group ne nous avait hier toujours pas répondu.

 

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