Actualisé le 18/11 à 11 heures : Venus au petit trot depuis le bâtiment école Smolniy, plusieurs dizaines de marins russes sont montés ce matin à bord du Vladivostok. Une arrivée suivie par plusieurs de nos confrères qui coupe court aux rumeurs selon lesquelles l’équipage du premier BPC russes avait, depuis hier matin, interdiction de monter à bord. L’information, qui avait été publiée par la presse locale, n’avait pas été confirmée ni démentie par les industriels et le ministère de la Défense, laissant planer le doute sur sa véracité.
Article paru cette nuit :
Mais que se passe-t-il encore autour du premier des deux bâtiments de projection et de commandement construits pour la Russie ? La presse nazairienne a fait sensation en annonçant que, depuis hier matin, « les marins russes (étaient) interdits d’accès à bord » du Vladivostok, toujours en attente à son quai d’armement du bassin de Penhoët.
Alors que les relations entre la France et la Russie sont très tendues sur le sujet et que la rencontre samedi à Brisbane entre François Hollande et Vladimir Poutine était quelque peu glaciale, une décision française d’interdire l’accès aux marins russes semble très surprenante. Surtout avec un chef de l’Etat toujours en déplacement en Océanie.

Le Vladivostok et le bâtiment école Smolniy (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
Essais et formation terminés
Avec un dispositif de sécurité normal observé hier aux abords du Vladivostok, le plus logique serait en fait que le bâtiment ait été placé en gardiennage. Une procédure classique lorsqu’un navire n’a plus d’activité, ce qui devrait être maintenant le cas avec le premier BPC russe. Les derniers essais en mer se sont en effet déroulés en octobre, y compris ceux portant sur la mise en œuvre des chalands de débarquement réalisés à Lorient. Quant aux sessions de formation des futurs équipages, elles se sont normalement achevées. Du coup, en attendant que l’Elysée décide de livrer ou non le bâtiment, les marins russes n’ont, si tel est le cas, plus rien à faire à bord d’un bateau toujours sous pavillon français et sur lequel l’encadrement n’est plus assuré suite à la fin des prestations de formation. En pareille situation, un bâtiment est mis « en sommeil », ce qui permet de réduire les coûts d’exploitation. Selon les procédures habituelles, la seule présence demeurant à bord est celle d’une équipe de sécurité, composée notamment de pompiers pour lutter contre un éventuel départ de feu. Et éventuellement, pour une unité neuve, de techniciens et ingénieurs procédant à des interventions techniques.
La mise en gardiennage est, à cette heure, l’explication la plus plausible s’il s’avère que les marins russes n’ont effectivement plus accès à bord. Le problème est que personne, pas plus au ministère de la Défense que chez les industriels, ne veut s’exprimer sur le sujet, les BPC russes étant considérés comme un dossier explosif qui traumatise manifestement beaucoup de monde.
Du coup, faute d’explications, l’Etat et les industriels laissent libre cours aux supputations, ce que les medias russes et le Kremlin vont sans doute adorer…

Le Sevastopol dans la forme de construction, ici en août (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
Le Sevastopol mis à l’eau en fin de semaine
Le feuilleton est, en tous cas, encore loin d’être terminé. Alors que Moscou a commencé en fin de semaine dernière à mettre la pression sur Paris, menaçant de réclamer de sérieuses compensations si le Vladivostok n’était pas livré dans les temps impartis par le contrat, les prochains jours vont voir la mise à l’eau du second BPC russe. Le Sevastopol (Sébastopol), dont l’assemblage est désormais achevé, doit quitter la forme de construction de STX France d’ici la fin de semaine. Compte tenu de la sensibilité du dossier et de la volonté des autorités françaises d’entretenir un maximum de discrétion, il n’y aurait rien d’étonnant à ce que le bateau sorte de préférence en pleine nuit et pendant le week-end. Il restera ensuite à voir où il sera conduit, le quai d’armement où il devait se rendre étant toujours occupé par son aîné. Sans oublier qu’il y a déjà beaucoup de monde dans le bassin de Penhoët, entre le bâtiment école Smolniy, où logent les marins russes, le vraquier Vartholomeos, sous le coup d’une procédure de saisie depuis décembre 2013 et l’arrivée prochaine du Loire Princesse, un nouveau navire de croisière fluviale dont la construction doit s’achever dans cette partie du port. Seule « bonne nouvelle » niveau place à Penhoët, le cargo Zortürk, vielle coque immobilisée depuis plusieurs années, a rejoint hier l’une des formes de radoub pour une ultime tentative de réparation.