(Mise à jour : la coque a été coulée dans la soirée du 3 février). Après des mois d’errance en Atlantique, c’est au fond de cet océan que va terminer le porte-avions São Paulo, ex-Foch de la Marine nationale mis en service en 1963 et vendu par la France au Brésil en 2000. A l’issue d’un ahurissant imbroglio politique, juridique et financier, qui durait depuis six mois, les autorités brésiliennes ont entériné le 2 février le sabordage de la vieille coque, s’attirant les foudres des associations de défense de l’environnement. Pris en charge fin janvier par la marine brésilienne, le porte-avions a été conduit à 350 km des côtes, près de la limite de la zone économique exclusive (ZEE) du pays, afin d’être coulé dans des fonds atteignant les 5000 mètres. Vendredi après-midi les préparatifs de sabordage étant en cours. Avec l’aide de sources au Brésil, Mer et Marine a pu reconstituer plus précisément l’odyssée du São Paulo, qui était devenue très nébuleuse ces derniers mois.
Vendu aux enchères à un chantier turc pour 1.9 million de dollars
C’est en 2018 que la marine brésilienne désarme son unique porte-avions, faute d’avoir pu obtenir les financements nécessaires à sa rénovation. Alors qu’un projet de transformation du bâtiment en musée est écarté, le gouvernement décide de le faire déconstruire. Mais le Brésil ne dispose d’aucun chantier susceptible de s’en charger et, conformément aux accords conclus avec la France lors de la cession de l’ex-Foch, celui-ci doit être démantelé dans un site agréé par l’Union Européenne. Dans cette perspective, le São Paulo est mis aux enchères et vendu en mars 2021 à SÖK Denizcilik, qui doit le déconstruire à Aliaga, au nord d’Izmir. Le chantier turc en fait l’acquisition pour 1.9 million de dollars via la société MSK Maritime Services, basée aux îles Marshall. Longue de 265 mètres pour une largeur de 31.7 mètres à la flottaison et 51 au niveau du pont d’envol, la coque pèse environ 23.000 tonnes (elle en faisait 32.000 à pleine charge quand le porte-avions était en service).