Le nouveau système surface-air développé par MBDA a été retenu par la marine brésilienne. Le Sea Ceptor équipera les nouvelles corvettes du type Tamandaré. Il s’agit d’une version améliorée du Barroso, un bâtiment de 103 mètres de long et 2350 tonnes de déplacement en charge, mis en service en 2009 et lui-même dérivé des quatre unités du type Inhauma (1989 – 1994). Les Tamandaré seront notamment moins hautes que leurs aînées, réputées pour être très chargées dans les hauts, ce qui n’est probablement pas sans poser des problèmes de stabilité.

Ce que pourraient être les corvettes du type Tamandaré (© DR)
Pas de calendrier
La mise sur cale de la première corvette est prévue en 2015 pour une livraison en 2020. Un calendrier à prendre néanmoins avec précaution puisque les constructions neuves brésiliennes prennent généralement beaucoup de retard. Sans parler du premier sous-marin nucléaire d’attaque brésilien, annoncé dès 1986 pour être opérationnel à l’horizon 2000 (et qui ne le sera pas avant 2025), on se rappelle qu’il fallut 15 ans entre la mise sur cale et la livraison du Barroso.
En matière d’armement, les Tamandaré seront notamment équipées d’une pièce d’artillerie principale (sans doute une tourelle de 114mm), probablement de tubes lance-torpilles, de missiles antinavire (logiquement des Exocet MM40) et donc d’un système Sea Ceptor. Les études sont toujours en cours pour déterminer le nombre de lanceurs quadruples qui seront intégrés sur les corvettes.

Tir de Sea Wolf sur une frégate britannique du type 23 (© MOD)
Un système surface-air britannique
Pour mémoire, le programme Sea Ceptor a vu le jour au Royaume-Uni. Porté par MBDA UK, il est né du besoin de la Royal Navy de remplacer le système VL Sea Wolf équipant ses 13 frégates du type 23, tout en développant un nouveau missile pour équiper leurs remplaçantes, les futures frégates du type 26. Basé sur des lanceurs verticaux comprenant chacun quatre cellules, le Sea Ceptor utilise le missile CAMM (Common Anti-air Modular Missile), armement interarmées conçu pour succéder à la fois au Sea Wolf de la marine britannique, mais aussi à l’ASRAAM employé par la Royal Air Force et au Rapier des forces terrestres. Supersonique, le CAMM mesure 3.2 mètres, pèse 99 kilos et affiche une portée de 25 km. Autonome mais pouvant bénéficier du rafraîchissement en vol des données, il dispose d'un autodirecteur électromagnétique actif et est conçu pour s'opposer à des cibles aériennes rapides, évasives, à faible signature et dotées de contre-mesures modernes.

Frégate néo-zélandaise du type ANZAC (© RAN)
Pour la Nouvelle-Zélande et peut être l’Australie
L'intégration du Sea Ceptor sur les T23 doit être réalisée en 2016. En plus du Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande est devenue le second client de ce système, commandé au printemps dernier pour succéder au Sea Sparrow équipant les deux frégates néo-zélandaises du type ANZAC. Les travaux devraient être réalisés à partir de 2016, alors que MBDA espère que ce contrat ouvrira la voie à une opération similaire sur les huit unités australiennes du type ANZAC.
En attendant que Canberra prenne une éventuelle décision en ce sens, le missilier européen s’attaque donc aujourd’hui à un autre continent, l’Amérique latine. Une région qui pourrait être porteuse pour le Sea Ceptor, non seulement au Brésil, où le système pourrait être adapté à d’autres bâtiments que les Tamandaré, mais aussi dans les pays voisins.

Frégate chilienne du type Karel Doorman (© US NAVY)
Potentiel au Chili et au Pérou
Le Chili, par exemple, devra pourvoir au remplacement des Sea Wolf équipant les Cochrane, Condell et Lynch, trois ex-frégates britanniques du type 23. Alors que le William, ex-HMS Sheffield de la Royal Navy, a vu ses lanceurs classiques Sea Wolf remplacés par des lanceurs verticaux israéliens Barak, la question d’une modernisation des moyens antiaériens va aussi se poser pour les Riveros et Blanco Encalada, deux anciennes frégates néerlandaises du type Karel Doorman équipées de VL Sea Sparrow. Idem pour les Latorre et Pratt, les deux ex-frégates néerlandaises du type Jacob van Heemskerck, dotées de vénérables SM-1 MR et d’un Sea Sparrow classique.
MBDA s’intéresse également à d’autres marines sud-américaines, comme celle du Pérou. Parmi les bâtiments qui devront voir leurs capacités surface-air renouvelées dans les prochaines années, il y a en effet les huit frégates du type Lupo, équipées d’un lanceur classique Sea Sparrow.