Même si le Siroco n’est toujours pas officiellement vendu par la France, la marine brésilienne a publié mercredi une ordonnance dans laquelle elle détaille les modalités de réception du transport de chalands de débarquement, retiré prématurément du service au sein de la flotte tricolore. Le bâtiment, qui doit être renommé Bahia, est attendu au Brésil à la fin de l’année. D’ici là, des marins brésiliens devraient commencer à arriver à Toulon tout prochainement afin de préparer le transfert du TCD et sa prise en main par son nouvel équipage. Alors qu’une délégation brésilienne était semble-t-il à Paris cette semaine, probablement pour finaliser le rachat du Siroco, tout est donc près, de l’autre côté de l’Atlantique, pour recevoir le TCD, qui a bénéficié cet été d’un ultime arrêt technique pour être prêt au transfert. Reste que les autorités françaises se refusent, pour le moment, à confirmer la vente. « Les discussions se poursuivent », indiquait-on sobrement hier dans les coursives du ministère de la Défense.

Les BPC ont remplacé les TCD au sein de la flotte française (© MER ET MARINE - JL VENNE)
Ultime transport de chalands de débarquement de la Marine nationale, qui a remplacé ce concept par celui des bâtiments de projection et de commandement (BPC), une nouvelle génération d’unités aux capacités accrues, le Siroco a effectué sa dernière sortie en mer sous pavillon tricolore en juin dernier. Remplacée par depuis 2012 par le BPC Dixmude, son aînée, la Foudre (1990), a été cédée en 2011 au Chili, où elle navigue depuis sous le nom de Sargente Aldea. Quant aux deux TCD de la génération précédente, l’ex-Ouragan (1965) et l’ex-Orage (1967), désarmés en 2007 et remplacés par les BPC Mistral (2006) et Tonnerre (2007), ils sont toujours en attente à Toulon, où ils attendent de rejoindre un chantier de déconstruction.

Les ex-TCD Ouragan et Orage (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
Initialement, un quatrième BPC devait être réalisé pour la marine française mais, en raison des restrictions budgétaires, ce projet a été abandonné et il a été décidé de retirer du service le Siroco âgé seulement de 16 ans. Un choix qui a laissé suffisamment de potentiel au TCD pour permettre sa vente à une autre marine. Plusieurs repreneurs ont été évoqués depuis deux ans, notamment le Chili, le Portugal (qui avait révélé que le prix de vente était de 80 millions d’euros) et le Brésil, qui s'adjugerait donc le bâtiment.
Pour la marine brésilienne, le Siroco représente une excellente occasion de moderniser à moindre coût sa flotte amphibie. Très vieillissante, celle-ci se compose du TCD Ceara (ex-USS Hermittage) datant de 1956 et dont le sistership (Rio de Janeiro, ex-USS Alamo) a été désarmé en 2012 ; du bâtiment de débarquement de chars (LST) Garcia d’Avila (ex-HMS Sir Galahad, 1987), du LST Almirante Saboia (ex-HMS Sir Bedivere, 1967) et du LST Mattoso Maia (ex-USS Cayuga, 1970).

Le Ceara (© MARINE BRESILIENNE)

Le Garcia d'Avila (© MARINE BRESILIENNE)

L'Almirante Saboia (© MARINE BRESILIENNE)
Offrant des capacités bien supérieures à tous ces bâtiments, le Siroco mesure 168 mètres de long pour une largeur de 23.5 mètres. Affichant un déplacement de 12.000 tonnes en charge, il est capable d’atteindre la vitesse de 21 nœuds et présente une autonomie très importante, soit 11.000 milles à 15 nœuds. La propulsion, qui développe 15.290 kW, repose sur deux moteurs diesels MAN (ex-Pielstick).

Le Siroco (© MARINE NATIONALE)
Conçu pour les opérations amphibies et aéromobiles, il peut accueillir près de 500 hommes de troupe et projeter des dizaines de véhicules, dont des blindés. Pour cela, il dispose d’un radier pouvant abriter huit chalands de débarquement de type CTM. Ses installations aéronautiques comprennent trois spots d’appontage, le hangar pouvant loger quatre hélicoptères. Doté d’importantes installations de commandement, le Siroco dispose en outre d’un hôpital embarqué avec deux blocs opératoires, 55 lits d’hospitalisation et deux salles de traitement pour les grands brûlés.

Le Siroco (© MARINE NATIONALE)