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A l’issue d’essais en mer menés le 10 janvier, le roulier américain Cape Ray a quitté lundi la Virginie pour traverser l’Atlantique et rejoindre la Méditerranée. Ce navire de 197 mètres de long, appartenant à la Ready Reserve Force, va servir à la destruction de l’arsenal chimique syrien. Celui-ci est en cours de transfert depuis le port de Lattaquié vers l’Italie au moyen de navires de commerce européens escortés par les marines norvégienne, danoise, russe et chinoise. Une fois à Gioia Tauro, les cargaisons seront transbordées sur le Cape Ray, qui servira de navire usine et embarque, en plus de ses 35 membres d’équipage, 64 spécialistes des produits chimiques. Le stock d’armes, qui représente environ 700 tonnes de produits, sera traité à bord au moyen d’une installation mobile utilisant le principe de l’hydrolyse pour neutraliser les molécules dangereuses. La destruction se déroulera en mer, dans les eaux internationales. Un choix qui permet aux Etats-Unis de se dispenser des contraintes d’une élimination à terre, qui serait soumise à différentes règlementations pouvant être très contraignantes.

 

Une situation dénoncée par certaines associations. « L’option qui a été prise de ne pas neutraliser les munitions chimiques syriennes dans le jardin de quelqu’un revient à le faire dans le jardin de tous. La haute mer est le patrimoine commun de l’Humanité », estime, ainsi, Robin des Bois, qui souligne que dans cette opération va se dérouler en marge des règlementations internationales, comme la convention de Bâle sur l’exportation des déchets dangereux. L’association s’inquiète également des conséquences en cas de problème sur le Cape Ray : « En cas d’accident majeur sur le pont de stockage des munitions chimiques ou sur le pont consacré au traitement des munitions chimiques, ou sur les deux, les pays riverains, s’ils sont membres de l’Union Européenne auront à désigner un lieu de refuge pour faciliter le sauvetage et les mesures de sécurité ». Et de se référer à la Convention sur la destruction des armes chimiques : « La Convention déclare qu’une priorité absolue doit être accordée par chaque Etat membre au stockage et à l’installation de destruction de manière à assurer la sécurité des personnes et la protection de l’environnement. Considérant que l’opération à bord du Cape Ray est une première mondiale soumise aux aléas du roulis et du tangage, nul ne peut dire que des précautions maximales sont prises à l’égard de la centaine de personnes embarquées et de l’environnement marin. Contrairement aux prescriptions de la Convention et de toutes les normes industrielles, le stockage des munitions et l’installation mobile de destruction ne sont pas suffisamment éloignés l’une de l’autre pour éviter un effet domino dans l’éventualité d’un incendie, d’une explosion ou d’un épandage des substances chimiques ».

 

Il faudra, également, suivre l’élimination des déchets générés par l’élimination des agents chimiques, dont la masse est aujourd’hui estimée entre 5700 et 7700 tonnes. Ces produits seront débarqués du Cape Ray pour être traités à terre par des sociétés spécialisées, aucun rejet n'étant effectué en mer, a assuré le Pentagone.

Géré par les Nations Unies et l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), le démantèlement de l’arsenal chimique syrien doit être achevé le 30 juin. Les Américains estiment que la phase de neutralisation en mer prendra entre 45 et 90 jours. 

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