Le groupe aéronaval français n’a finalement pas eu besoin de jouer les prolongations en Méditerranée. Après quatre mois de mission, c'est sous la pluie que le porte-avions Charles de Gaulle est rentré hier à Toulon, précédé de la frégate de défense aérienne Chevalier Paul et du bâtiment de commandement et de ravitaillement Marne.
C’est le 18 novembre dernier, cinq jours après les attentats de Paris, que le GAN avait appareillé, cap d’abord sur la Méditerranée orientale pour renforcer les frappes françaises contre Daech. Complétant le dispositif de l’armée de l’Air déployé en Jordanie et aux Emirats Arabes Unis, les avions de combat du groupe aérien embarqué (constitué de 18 Rafale Marine, 8 Super Etendard Modernisés, 2 Hawkeye et des hélicoptères) a réalisé pendant 14 jours, jusqu’au 6 décembre, 130 sorties vers la Syrie et l’Irak, comprenant 22 frappes sur des positions terroristes et 9 missions de renseignement (ISR).

Rafale Marine (© MARINE NATIONALE)
Le Charles de Gaulle et son escorte, constituée en plus des unités françaises (Le Chevalier Paul, un sous-marin nucléaire d’attaque et la frégate La Motte-Picquet, relevée ensuite par l’Aquitaine) des frégates Léopold Ier (Belgique) et Augsburg (Allemagne), puis successivement du destroyer et de lafrégate britanniques Defender et St Albans, a rejoint le golfe Persique via la mer Rouge et le détroit d’Ormuz. En attendant le retour sur zone d’un porte-avions de l’US Navy, le contre-amiral Crignola a pris le commandement de la Task Force 50, une première pour un officier général non américain, et géré les opérations aéronavales alliées contre Daech. Puis, une fois arrivé l’USS Harry S. Truman, le Charles de Gaulle a œuvré avec lui contre le groupe terroriste, de nombreux échanges étant réalisés entre les marines française et américaine. Tête de série du programme FREMM, l’Aquitaine, qui a vécu là son premier déploiement au sein du GAN, a notamment intégré le dispositif de défense aérienne de l’USS Harry S. Truman, prouvant une fois de plus le très haut degré de confiance et d’interopérabilité entre la Marine nationale et l’US Navy.

Avec l'USS Harry S. Truman (© MARINE NATIONALE)

Dans le Golfe (© MARINE NATIONALE)
Pendant cette période dans le Golfe, le Charles de Gaulle a, du 19 décembre au 22 février, réalisé au profit de l’opération Chammal près de 400 sorties aériennes opérationnelles avec en particulier 23 missions ISR au-dessus des positions tenues par le groupe terroriste en Irak et en Syrie, ainsi que 80 frappes conduites pour neutraliser les cibles désignées.

SEM et Rafale Marine quittant le Charles de Gaulle hier (© MARINE NATIONALE)
Désormais de retour à Toulon, les marins français vont récupérer de leur longue mission, le Charles de Gaulle devant encore, d’ici la fin de l’année, effectuer un nouveau déploiement. Ce sera le dernier avant son second arrêt technique majeur, qui commencera début 2017 et durera environ 18 mois. Ce chantier permettra de recharger les deux cœurs nucléaires du bâtiment, mis en service en 2001, traiter les obsolescences, assurer la maintenance des équipements et moderniser certains systèmes, dont la détection, avec par exemple le remplacement du radar DRBV-15 par un SMART-S. Côté aéronautique, les installations du porte-avions seront également modifiées dans le cadre du passage du groupe aérien embarqué au « tout Rafale », les derniers SEM venant de réaliser leur ultime déploiement. Le retrait du service de ces appareils est officiellement prévu cet été.

SEM et Rafale Marine quittant le Charles de Gaulle hier (© MARINE NATIONALE)