Après avoir franchi le canal de Suez la semaine dernière, le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle est revenu ce lundi à Toulon. Premier grand déploiement du GAN depuis l'arrêt technique majeur du Charles de Gaulle, débuté à l'été 2007, la mission Agapanthe 2010 est considérée comme un succès par la Marine nationale. «Grâce au déploiement du porte-avions, des frégates Tourville et Forbin , du pétrolier ravitailleur Meuse et du sous-marin Améthyste , nous avons démontré tout l'intérêt que porte notre pays à ce théâtre situé sur l'arc de crise. Le GAN a ainsi complété le dispositif militaire français qui y est pré positionné: les forces françaises à Djibouti, les forces armées en zone sud de l'océan Indien à la Réunion, et les forces françaises aux Emirats Arabes Unis. Mais également les unités françaises participant aux opérations en coalition que ce soit contre les trafics illicites ou la lutte contre le terrorisme», explique le contre amiral Jean-Louis Kérignard, commandant le groupe aéronaval. Rafale F3 embarquant un pod Reco NG (© : MARINE NATIONALE) Baptême du feu pour le Rafale F3 Débuté en octobre 2010, le déploiement du groupe aéronaval en Méditerranée, mer Rouge, océan Indien et golfe Persique a comporté un certain nombre de nouveautés. Le Charles de Gaulle embarquait, pour la première fois, le Rafale dans son standard F3, offrant à l'appareil une polyvalence exceptionnelle. L'avion est, en effet, désormais capable de mener des missions de défense aérienne, d'attaque au sol, de lutte antinavire, de dissuasion nucléaire, de reconnaissance et de ravitaillement en vol. «C'est l'avion de combat le plus moderne en service en France. Il s'agit d'un avion polyvalent, avec une capacité d'intervention à long rayon d'action. C'est un outil adaptable, destiné à une grande diversité de missions : défense et supériorité aérienne, pénétration et attaque au sol tous temps, capacité de ravitailleur, attaque à la mer, reconnaissance tactique et stratégique, dissuasion nucléaire», note l'amiral Kérignard. Agapanthe a, ainsi, permis de déployer pour la première » fois, sur le Rafale, la nacelle de reconnaissance Reco NG, qui a été utilisée au dessus de l'Afghanistan. Malgré la perte accidentelle, en novembre, de l'un des 10 Rafale F3 du groupe aérien embarqué, la campagne de l'avion est un réel succès et apporte à la marine, dans son nouveau standard, des capacités jusqu'ici inconnues. Jusqu'en 2015, les Rafale opèreront de concert avec les Super Etendard Modernisés qui, malgré l'âge vénérable de leurs cellules, ont continué de tenir leur rang tout au long de la mission (12 SEM étaient intégrés au GAé). Et il ne faut pas, non plus, oublier les deux avions de guet aérien embarqué Hawkeye, indispensables « yeux » de la flotte. La frégate Forbin (© : MARINE NATIONALE) Premier déploiement pour le Forbin Durant cette mission du groupe aéronaval, l'autre grande nouveauté aura été le premier déploiement opérationnel de la frégate de défense aérienne Forbin, tête de série du programme franco-italien Horizon. Fraîchement admis au service actif juste avant le départ de Toulon, le bâtiment a donné toute satisfaction et a même impressionné, par ses capacités, les marines alliées, à commencer par l'US Navy. « Le Forbin s'est d'ailleurs vu confier le rôle de Redcrown en mer d'Arabie, une mission de contrôle aérien dévolue d'ordinaire aux bâtiments américains et qui demande un équipement de tout premier ordre et des qualités de haut niveau de la part de l'équipage ». Grâce à la puissance de son système de combat et de ses radars, ainsi que la précision des missiles Aster 30 et Aster 15 qu'elle met en oeuvre, la nouvelle frégate française assure désormais une protection de pointe au groupe aéronaval. Le saut technologique par rapport aux unités de la classe Cassard est indéniable et la modernisation des moyens de lutte anti-sous-marine, avec l'arrivée des FREMM à partir de 2012, ira dans le même sens. Le porte-aéronefs indien Viraat lors de l'exercice Varuna (© : MARINE NATIONALE) Côté opérations, les 2500 hommes et femmes du GAN n'ont pas chômé durant quatre mois. En tout, 30.000 nautiques ont été parcourus, le groupe aérien embarqué totalisant 1900 appontages et 3300 heures de vol. «Dans un premier temps, le déploiement aura permis au groupe aéronaval d'appuyer les efforts militaires pour restaurer la sécurité en Afghanistan. Le groupe aéronaval a en effet projeté ses aéronefs en appui des troupes de la Force interarmées d'assistance à la sécurité, la FIAS, entre le 25 novembre et le 25 décembre. Durant ce mois, nos 23 aéronefs ont accompli plus de 1000 heures de vol au pour l'opération Pamir, volet français de la FIAS. Un mois de soutien, ce sont au total 246 sorties réalisées, des vols entre 5 et 6 heures pour tous les avions qui se rendaient chaque jour au-dessus de l'Afghanistan», souligne l'amiral Kérignard. En dehors de l'opération Pamir, les bâtiments français ont également apporté leur concours aux autres missions en cours dans les régions traversées, notamment la lutte contre la piraterie et le terrorisme en mer Rouge, dans le golfe d'Aden, la mer d'Arabie et le golfe d'Oman. La Meuse et le Tourville ont, aussi, contribué à la lutte contre les activités illicites, au sein notamment de l'opération Active Endeavour en Méditerranée. « Les nombreux capteurs des bâtiments du groupe aéronaval ont toujours été mis à la disposition des forces des coalitions avec lesquelles nous coopérons. Lors du trajet retour, dans le golfe d'Aden, les aéronefs embarqués ont réalisé 49 vols consacrés au repérage des bateaux. Ils ont ainsi couvert la surface de la France, dans une zone où les pirates sévissent ». Avec les Américains en océan Indien (© : MARINE NATIONALE)

© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE