C’était jour de fête hier à sur le site Dassault de Mérignac, en Gironde, où l’avionneur français célébrait la livraison du premier des 36 avions de combat Rafale commandés par l’Inde en 2016. Ces appareils sont destinés aux forces aériennes indiennes, qui les mettront en œuvre à partir de 2020, les livraisons s'échelonnant jusqu'en 2022.

Visite de la chaîne d'assemblage par Shri Rajnath Singh, ministre Indien de la Défense, accompagné d'Eric Trappier, président de Dassault Aviation (© DASSAULT AVIATION - S. RANDE)
Ils seront répartis au sein de deux escadrons basés à Ambala, dans l’Etat du Pendjab près du Cachemire et de la frontière pakistanaise, et à Hasimara, dans le Bengale occidental, entre le Bhoutan et le Bengladesh, mais aussi proche de la Chine. L’Inde va ainsi stationner ses nouveaux avions de combat à proximité de ses deux grands adversaires régionaux.
En plus de ces 36 premiers Rafale, produits en France, Dassault est en compétition pour continuer de fournir les forces aériennes indiennes. New Delhi a émis en ce sens une demande d’information en juillet 2018 auprès des industriels internationaux pour la fourniture de 110 appareils. Mais un nouvel accord de gré à gré, pour accélérer la procédure et répondre aux besoins urgents de renouvellement de l’Indian Air Force, ne serait pas non plus à exclure.

(© DASSAULT AVIATION )
Dans le même temps, l’avionneur français a également répondu à une autre RFI (Request For Information) émise en mai 2017, cette fois pour la marine indienne. Il s’agit dans ce cas de l’acquisition de 57 appareils capables d’opérer sur les nouveaux porte-avions indiens, le Vikramaditya (ex-Gorshkov russe profondément modernisé à Severodvinsk et livré en 2013 à l’Inde), le Vikrant mis à l’eau à Cochin en 2013 et toujours en achèvement ainsi que le futur Vishal, qui devrait rejoindre la flotte indienne au cours de la prochaine décennie et sera peut-être doté de catapultes (les autres ont des tremplins).

Le Vikramaditya (© INDIAN NAVY)
Dans cette perspective, Dassaut a depuis longtemps réalisé des études afin de valider la capacité du Rafale Marine à être mis en œuvre sur les porte-avions indiens, dotés comme le Charles de Gaulle de brins d’arrêt mais dépourvus de catapultes. Sur ces bâtiments, le Rafale peut être lancé au moyen d’un tremplin, comme c’est aujourd’hui le cas avec les MiG-29K achetés à la Russie. Ces appareils, pourtant très récents, ne semblent pas donner satisfaction aux Indiens, qui dans le même temps espèrent pouvoir mettre au point une version embarquée du Tejas. Cette solution a semblait avoir été écartée, l’avion de combat de conception nationale étant jugé trop lourd pour être déployé sur porte-avions. Mais des tests ont repris, le Tejas ayant réalisé avec succès, en septembre, un appontage sur piste au moyen d'un brin d'arrêt. Ce qui ne signifie pour autant pas qu'il répondra aux critères fixés pour un embarquement.

MiG-29K sur le Vikramaditya (© INDIAN NAVY)
Le Rafale Marine, qui peut aussi répondre à la volonté de New Delhi de se doter de porte-avions à catapultes, est observé depuis longtemps par la marine indienne qui effectue régulièrement des exercices avec le groupe aéronaval français, où l’appareil est en service depuis le début des années 2000 sur le Charles de Gaulle.

Le Vikramaditya et le Charles de Gaulle pendant le dernier exercice franco-indien Varuna, au printemps dernier (© INDIAN NAVY)
Face à l’avion français sont probablement en lice des appareils russes et américains.
En dehors de la France (152 livrés sur 180 commandés à ce jour) et de l’Inde (36), le Rafale a également été vendu au Qatar (36, le premier étant accepté en février 2019) et à l’Egypte (23 livrés à l’été 2019 sur 24 commandés).