Mis en service en 1983, le sous-marin nucléaire d’attaque Rubis va bénéficier d’un nouvel arrêt technique visant à augmenter légèrement sa durée de vie en attendant l’arrivée du Suffren, tête de série du programme des nouveaux SNA du type Barracuda. Accusant plus de deux ans de retard, le bâtiment, qui sera à mis à l’eau en 2018, doit être livré l’année suivante à la Marine nationale (voir notre point sur le programme Barracuda). Initialement, le Rubis devait être désarmé en janvier dernier mais il avait été prolongé dans un premier temps jusqu’à cet été, afin d’avoir une vision plus stabilisée du calendrier d’achèvement du Suffren. Dans le même temps, une étude approfondie a été lancée afin de déterminer les modalités et la durée possible du prolongement du Rubis, qui en est maintenant à 34 ans de service, soit 9 de plus que ce qui était initialement prévu. On ne connait pas encore les conclusions de cette étude, toujours en cours, sachant qu’elle concerne aussi les sisterships du Rubis. En effet, en dehors du retard enregistré sur le Suffren, l’ensemble du programme Barracuda a été pour des raisons budgétaires étalé de deux ans en 2013. Aujourd’hui, la livraison du second sous-marin de nouvelle génération, le Duguay-Trouin, est prévue en 2021 (au lieu de 2019). Les suivants (Tourville, De Grasse, Rubis et Casabianca), doivent suivre en 2023, 2025, 2027 et 2029.
La séquence des ATM s'achèvera en 2019
Les Barracuda remplaceront nombre pour nombre les actuels Rubis (1983), Saphir (1984), Casabianca (1987) et Emeraude (1988), Améthyste (1990) et Perle (1993). Celle-ci est la dernière unité de la classe à bénéficier d’un arrêt technique majeur (qui doit s’achever en 2019), opération intervenant tous les 10 ans et comprenant notamment un rechargement du cœur nucléaire. L’Améthyste est pour mémoire sorti de son ultime ATM en début d’année. Concernant le Rubis, on notera qu’il a achevé son dernier arrêt technique majeur début 2014, ce qui donne en théorie de la capacité à son réacteur pour plusieurs années encore. Toutefois, il faut évidemment, dans la perspective d’une prolongation de son utilisation, redonner du potentiel au sous-marin et vérifier qu’il peut techniquement, dans son ensemble, aller plus loin, pour quelle durée exactement et sous quelles conditions.
La nécessité de conserver un parc de 6 SNA
Le prolongement du Rubis, qui pourrait donc ensuite concerne d’autres bâtiments de ce type, vise à maintenir un parc de six SNA en service. Ce format est en effet considéré par la Marine nationale comme un seuil minimal en deçà duquel elle ne peut accomplir l’ensemble de ses missions ni, dans la durée, fournir les équipages nécessaires à l'armement des quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) du type Le Triomphant. Fin juillet, devant la commission de la Défense de l’Assemblée nationale, l’amiral Prazuck, chef d’état-major de la marine, est revenu sur la problématique du glissement des Barracuda et la nécessité de conserver les Rubis jusqu’à l’arrivée de leurs successeurs : « Le premier (Barracuda) entrera en service avec retard, vers 2020 au lieu de 2017. Le retard de livraison du Suffren va m’obliger à prolonger l’usage des Rubis pour avoir en permanence six sous-marins nucléaires d’attaque en parc. Quand j’ai six SNA, un est en entretien de longue durée – pendant un an et demi ou deux ans –, un autre en entretien intermédiaire, un troisième en entraînement, un quatrième dans l’Atlantique, un cinquième en Méditerranée et le dernier soit dans l’Atlantique, soit en Méditerranée, soit dans l’océan Indien. Le format de six SNA – les Britanniques en ont sept – correspond donc à notre besoin opérationnel ».
Record d'activité en 2016
Malgré leur âge, les Rubis ont connu en 2016 un record d’activité, cumulant pas moins de 1000 jours à la mer (voir notre article détaillé sur le sujet). Une première depuis l’armement de ces bâtiments, aujourd’hui particulièrement sollicités du fait des opérations extérieures et d’un regain d’activité sous-marine étrangère, notamment en Atlantique.
Longs de 73.6 mètres et affichant un déplacement de 2670 tonnes en plongée, les Rubis sont armés par deux équipages de 70 marins chacun (dont 8 officiers) se relayant à bord. Ces bâtiments disposent de quatre tubes de 533mm pour la mise en œuvre de torpilles lourdes et missiles antinavire. Ils peuvent aussi mouiller des mines.