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Premier d’une nouvelle génération de porte-avions appelée à succéder aux bâtiments actuellement en service au sein de la marine américaine, l’USS Gerald R. Ford (CVN 78) a été baptisé le 9 novembre au chantier Huntington Ingalls Industries de Newport New, en Virginie. C’est sa marraine, Susan Ford Bales, fille de Gerald R. Ford, 38ème président des Etats-Unis dont le navire porte le nom, qui a brisé sur la coque la traditionnelle bouteille de champagne.

 

 

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© US NAVY

Baptême de l'USS Gerald R. Ford (© HII)

 

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© US NAVY

Baptême de l'USS Gerald R. Ford (© HII)

 

 

C’est en 2006 que la réalisation du CVN 78 a débuté, la mise sur cale intervenant en novembre 2009. Alors que plus de 5000 personnes ont travaillé jusqu’ici à sa fabrication, le bâtiment, mis à flot le 11 octobre dernier, va quitter dans les prochaines semaines sa forme de construction. Il sera remorqué sur la rivière James, qui borde le chantier, afin d’être conduit à son quai d’armement, où les travaux se poursuivront. L’USS Gerald R. Ford, qui en est à 70% d’achèvement, devrait effectuer sa première sortie en mer en 2015, la livraison à la flotte américaine étant prévue en février 2016. Suivra une longue période de tests et de prise en main du CVN 78, qui devrait être pleinement opérationnel vers 2018.

 

 

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© US NAVY

L'USS Gerald R. Ford (© HII)

 

 

Près de 13 milliards de dollars

 

 

Projet pharaonique, le nouveau porte-avions américain aura vu son coût atteindre des sommets : 12.8 milliards de dollars selon les dernières estimations, dont 4.7 milliards pour les études.  Une facture très salée, qui a augmenté de plus de 20% depuis 2008, et qui explique que le rythme de production de la série ne sera pas aussi soutenu que celle des Nimitz, avec la mise en service de 10 bâtiments en 34 ans (1975 – 2009). Ainsi, il faudra attendre 2022 pour que la seconde unité du type CVN 21, le futur USS John F. Kennedy (CVN 79), soit mise en service. Quant au troisième navire de cette classe, qui sera baptisé USS Enterprise (CVN 80), il ne devrait pas être opérationnel avant 2027.

Néanmoins, l’écart important entre la tête de série et son premier sistership  s’explique aussi par le fait que l’USS Gerald R. Ford remplace l’ancien USS Enterprise (CVN 65), mis en retraite fin 2012 après 51 ans de service. Le remplacement des Nimitz ne commencera en fait qu’avec l’USS John F. Kennedy, qui succèdera à l’USS Nimtz (CVN 68), ce dernier ayant 47 ans en 2022. Puis viendra l’USS Dwight D. Eisenhower (CVN 69), qui date de 1977 et sera désarmé à l’âge de 50 ans, durée de vie maximale prévue pour ces porte-avions.

 

 

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L'USS Nimitz (© US NAVY)

 

 

L’US Navy devra, ensuite, assurer la succession de l’USS Carl Vinson (CVN 70), qui aura un demi-siècle d'activité à son actif en 2032. Puis il faudra accélérer la cadence, les cinq unités suivantes (USS Theodore Roosevelt, USS Abraham Lincoln, USS George Washington, USS John C. Stennis, USS Harry S. Truman – CVN 71 à CVN 75) ayant été mises en service entre 1986 et 1998, soit deux à trois ans seulement entre deux bâtiments. Quant aux deux derniers porte-avions de la série, les USS Ronald Reagan (CVN 76) et USS George H. W. Bush (CVN 77), leur renouvellement est plus lointain, puisqu’ils ne sont opérationnels que depuis 2003 et 2009.

Alors que la série Nimitz se divise en fait en trois sous-classes (CVN 68 à 70, CVN 71 à 75, CVN 76 et CVN 77), les deux dernières étant une version améliorée de la précédente, les nouveaux CVN 21 sont totalement différents, bien que présentant au final un gabarit équivalent.  

 

 

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© HII

Vue du nouveau CVN 78 (© HII)

 

 

Un bâtiment totalement nouveau

 

 

Long de 332.8 mètres pour une largeur de 80.8 mètres, l’USS Gerald R. Ford présentera un déplacement d’environ 100.000 tonnes en charge. Capable de mettre en œuvre 75 avions, drones et hélicoptères, il  sera le premier porte-avions à être doté de quatre catapultes électromagnétiques (EMALS), qui remplaceront les actuelles catapultes à vapeur. Pour cela, la capacité de production électrique sera 2.5 fois supérieure à celle des porte-avions actuellement en service. Côté propulsion, le bâtiment, qui pourra dépasser la vitesse de 30 nœuds, s’appuiera sur deux nouveaux réacteurs nucléaires conçus pour fonctionner pendant toute la durée de vie du bâtiment (50 ans), alors que ceux des Nimitz doivent être rechargés au bout de 23 ans, nécessitant une très longue immobilisation. En termes d’architecture, le design de l’îlot, placé très en arrière, est plus compact et furtif que celui des porte-avions précédents. Moins long mais plus haut, il est doté de radars à faces planes.

 

 

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© US NAVY

Vue du nouveau CVN 78 (© HII)

 

 

Comme l’USS George H. W. Bush, dixième et dernier Nimitz, livré en 2008 par HII, le CVN 78 dispose d’un bulbe d’étrave. Il n’a en revanche que trois ascenseurs (au lieu de quatre) reliant le pont d’envol au hangar. Les flux à bord ont, en effet, été complètement réorganisés afin d’optimiser les opérations. Ainsi, le groupe aérien embarqué de l’USS Gerald R. Ford devrait être capable de mener jusqu’à 160 sorties par jour, contre 120 sur les porte-avions actuels.

Nettement plus automatisé que ses aînés, le CVN 78 sera mis en œuvre par 4660 marins, y compris le groupe aérien embarqué, contre 5600 hommes pour les dernières unités de la classe Nimitz. Cela devrait permettre à l’US Navy de réduire les coûts d’exploitation de 4 milliards de dollars sur l’ensemble de la durée de vie du bâtiment. 

 

 

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Vue du nouveau CVN 78 (© HII)

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