Les nouvelles frégates françaises débutent leurs opérations au Moyen-Orient. Partie discrètement avant son aînée, l’Aquitaine, qui a appareillé de Brest le 17 décembre, la Provence est déjà aux côtés du Charles de Gaulle, qui opère dans le golfe Persique contre Daech dans le cadre de l’opération Chammal. La seconde frégate multi-missions (FREMM) de la Marine nationale a rejoint le porte-avions dès le 28 décembre, après avoir brièvement intégré le groupe aéronaval américain emmené par l’USS Harry S. Truman.

La Provence avec l'USS Harry S. Truman (© : MARINE NATIONALE)
Avec l'US Navy
La Provence l’avait rallié au nord de l’océan Indien le 23 décembre, avant de franchir avec lui le détroit d’Ormuz le 26 décembre. « La première intégration d’une FREMM au sein d’un groupe aéronaval US en zone de crise n’a posé aucune difficulté technique et témoigne de la remarquable interopérabilité des marines française et américaine. Au cours de cette période, le Caïman Marine de la flottille 33F embarqué sur la Provence a pu apponter sur le porte-avions américain et les bâtiments ont échangé des officiers de liaison », explique l’Etat-major des Armées.

L'Aquitaine (© : DCNS)
L’Aquitaine attendue prochainement sur zone
Et la FREMM a enchainé avec une autre grande première puisqu’aucun bâtiment de ce type n’avait encore été déployé avec le Charles de Gaulle. Une présence nouvelle qui va s’amplifier avec l’arrivée prochaine de l’Aquitaine, appelée à relever au sein du groupe aéronaval français la frégate anti-sous-marine La Motte-Picquet. Livrée en juin dernier par DCNS, la Provence, qui n’est contrairement à son aînée pas encore admise au service actif, poursuivra ensuite vraisemblablement son déploiement de manière indépendante, sauf impératif opérationnel.

(© : MARINE NATIONALE)

(© : MARINE NATIONALE)
Nouvelles capacités pour le GAN
L’intégration au GAN des nouvelles FREMM constitue en tous cas une étape majeure dans la montée en puissance des nouvelles capacités de la Marine nationale. En complément de la frégate de défense aérienne Chevalier Paul, opérationnelle depuis 2011, la Provence puis l’Aquitaine offrent au porte-avions une protection de pointe, en particulier dans le domaine de la lutte anti-sous-marine, grâce à leurs sonars (dont le Captas 4 à immersion variable) et l’hélicoptère Caïman Marine, doté d’un sonar trempé FLASH et de torpilles MU90. La mise en service dans le courant de l’année du missile de croisière naval (MdCN) permettra en plus aux FREMM de disposer d’une capacité de frappe en profondeur contre des objectifs terrestres. Et comme toute frégate, les nouvelles unités françaises sont, par ailleurs, équipées de puissants moyens de lutte antinavire, antiaérienne et de guerre électronique. De quoi faire face à tous les types de menace et mener efficacement des missions de renseignement et de suivi de situation (voir notre article sur l'Aquitaine).

SEM et Rafale Marine sur le Charles de Gaulle (© : MARINE NATIONALE)
3500 militaires français engagés dans Chammal
Pour mémoire, le groupe aéronaval français a quitté Toulon le 18 novembre et débuté ses opérations contre Daech en Syrie et en Irak le 23 novembre. Il a ensuite rejoint le Golfe, où les avions du groupe aérien embarqué ont repris leurs raids contre le groupe terroriste le 20 décembre. A bord du Charles de Gaulle, on trouve toujours 26 avions de combat, soit 18 Rafale Marine et 8 Super Etendard Modernisés (SEM), 2 avions de guet aérien Hawkeye et des hélicoptères. Quant à l’escorte, elle est actuellement constituée du Chevalier Paul, de la Provence, du La Motte-Picquet mais aussi du destroyer britannique HMS Defender et de la frégate allemande Augsburg. Alors que la frégate belge Léopold Ier, qui accompagnait le Charles de Gaulle depuis son départ de Toulon, a quitté le GAN, celui-ci est en outre composé d’un sous-marin nucléaire d’attaque et du bâtiment de commandement et de ravitaillement Marne. Chammal mobilise par ailleurs la frégate Courbet, déployée en Méditerranée orientale depuis le 26 novembre. Les avions de patrouille maritime Atlantique 2 de l’aéronautique navale participe également à l’opération, pour laquelle l’armée de l’Air engage des Rafale et Mirage 2000 depuis les Emirats Arabes et la Jordanie. Des militaires sont également projetés à Bagdad et Erbil pour assurer formation et conseil auprès de l’armée irakienne. En tout, Chammal mobilise aujourd'hui 3500 marins, aviateurs et soldats français.