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En déplacement en début de semaine à La Réunion, ce qui constitue une première pour un chef d’état-major de la marine française depuis de nombreuses années, l’amiral Christophe Prazuck est venu marquer l’importance accrue de ce territoire dans la stratégie maritime tricolore : « Le quart du domaine maritime français est autour de La Réunion, l’équivalent de sept fois la France, depuis La Réunion jusqu’aux Kerguelen. Ces eaux sont riches, ces eaux doivent être protégées et contrôlées parce que ce qui n’est pas contrôlé, ce qui n’est pas surveillé, est pillé et ce qui est pillé est contesté. Par ailleurs on voit bien de nouveaux trafics, d’héroïne, d’êtres humains, et on voit également dans ce qu’on appelle la zone indopacifique un nouveau jeu stratégique avec de nouvelles puissances mondiales et régionales. C’est la raison pour laquelle La Réunion est devenue un point particulièrement important de notre stratégie maritime », a expliqué le CEMM sur l’antenne de LINFO.re (regarder l'interview complète)

 

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© MER ET MARINE - FRANCIS JACQUOT

L'Astrolabe et Le Malin à la base navale de Port des Galets, à La Réunion (© : FRANCIS JACQUOT)

 

Après des années budgétairement difficiles, le renouvellement des moyens ultramarins de la flotte française est maintenant bien amorcé. C’est le cas notamment de La Réunion, troisième port de la Marine nationale après Toulon et Brest, où sont arrivés en 2017 le bâtiment de soutien et d’assistance outre-mer (BSAOM, ex-B2M) Champlain, puis le patrouilleur polaire L’Astrolabe. Ils s’ajoutent aux frégates de surveillance Floréal et Nivôse, ainsi qu’au patrouilleur Le Malin. Alors que les deux premières, en service depuis 1992, seront remplacées à l’horizon 2030, deux nouveaux patrouilleurs sont attendus à La Réunion entre 2023 et 2025. Ces bâtiments font partie du programme POM (Patrouilleurs d’Outre-Mer) qui doit être notifié cette année et portera sur la construction de six bâtiments conçus pour les territoires ultramarins.

Deux sont donc destinés à La Réunion, les autres étant basés en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française, soit deux unités pour chaque territoire.  

Livrable en 2022, le premier de cette nouvelle série sera affecté à Nouméa, où la Marine nationale maintient tant bien que mal ses deux ultimes patrouilleurs du type P400,  La Glorieuse et de La Moqueuse, qui datent de 1987. L’un de ces bâtiments sera retiré du service en 2020, celui disposant du meilleur potentiel étant prolongé jusqu’en 2022 pour faire la jonction avec le premier POM calédonien. 

Le programme a légèrement glissé par rapport à ce qui était initialement espéré. Selon l’état-major de la marine, il est maintenant prévu que les POM 2 à 6 seront livrés entre 2023 et 2025, sans qu’il y ait, « à ce stade, d’éléments officiels sur leur répartition géographique ». En clair, on ne sait pas encore exactement qui, de Nouméa, Papeete ou Port des Galets, sera précisément fourni en 2023, 2024 et 2025. 

Concernant la Polynésie française, en 2018, l’amiral commandant la zone tablait sur 2022 et 2024 pour la réception de ses POM. Ce ne sera donc pas possible pour le premier, qui glissera logiquement en 2023.

Ces nouvelles unités succèderont en Polynésie à l’Arago, en poste à Papeete depuis 2011 afin de compenser le désarmement de La Railleuse. Il s'agit également de combler le trou capacitaire laissé par le retrait de La Tapageuse en 2013. L’Arago, qui devait prendre sa retraite en 2022, pourrait être légèrement prolongé dans l’attente de l’arrivée du premier POM polynésien.  

A La Réunion, les nouveaux patrouilleurs assureront aussi la succession des anciens P400 qui y étaient basés, La Boudeuse (désarmée en 2010) et La Rieuse, vendue au Kenya en 2011. Le départ de ces deux bateaux a été temporairement et partiellement compensé par Le Malin, ancien palangrier datant de 1997 et saisi après avoir été surpris en flagrant délit de pêche illicite dans les eaux des Taaf en 2004. Il avait au terme de la procédure judiciaire été cédé à la marine en 2009 et converti en patrouilleur fin 2011. Il sera désarmé avec l’arrivée des POM réunionnais.

Plus grands que leurs aînés et offrant des capacités accrues pour surveiller et protéger les vastes zones économiques exclusives des territoires français d’Outre-mer, les POM seront des bâtiments d’au moins 70 mètres dotés d’artillerie légère (40mm au plus), d’embarcations rapides et d’une plateforme pour la mise en œuvre d’un drone aérien. Armés par environ 35 marins, ils devront pouvoir naviguer jusqu’à 220 jours par an, avec probablement un double équipage se relayant à bord. Plusieurs industriels sont en lice pour remporter ce programme, notamment Ocea avec un patrouilleur hauturier en aluminium de la famille OPV 230 (72 mètres) et Kership, société commune de Piriou et Naval Group avec un modèle dérivé de ses OPV 70 (72.5 mètres) et OPV 75 (77 mètres). Socarenam, qui a réalisé les trois nouveaux Patrouilleurs Antilles-Guyane (PAG, ex-PLG) de 61 mètres avec l'aide de Mauric pour la conception, participe également à la compétition.  

 

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© OCEA

Le modèle OPV 230 d'Ocea (© OCEA)

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© KERSHIP

Le modèle OPV 75 de Kership (© KERSHIP)

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© KERSHIP

Le modèle OPV 70 de Kership (© KERSHIP)

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© JEAN-CLAUDE BELLONNE

La Résolue, l'un des trois PLG réalisés par Socarenam (© JEAN-CLAUDE BELLONNE)

 

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