Mise à l’eau en septembre 2013 sur le site DCNS de Lorient, la Provence, troisième frégate multi-missions (FREMM) destinée à la Marine nationale, est entrée en cale sèche le 17 janvier. Une opération qui a permis d’utiliser pour la première fois le nouveau chemin de halage installé sur le bassin n°3. Ce système, conçu pour guider un bateau en toute sécurité à l’intérieur de la forme, est composé de deux treuils de centrage qui permettent d’orienter le navire à l’entrée du bassin. La frégate est ensuite tractée à l’intérieur à l’aide de deux chariots de halage et d’un remorqueur situé à l’arrière. Avant l’utilisation de ce système, c’est uniquement à l’aide de remorqueurs, avant et arrière, que s’effectuait cette manœuvre. « Ce nouveau système sécurise les mouvements du navire en éliminant notamment les risques qu’il vienne heurter les parois du bassin. Il permet également d’augmenter les possibilités annuelles d’utilisation du bassin en rendant les mouvements possibles y compris par vents forts (jusqu’à 30 nœuds). C’est un vrai atout pour la compétitivité de notre outil industriel », explique Vincent Martinot-Lagarde, directeur du site DCNS de Lorient.

La Provence entrant au bassin n°3 (© DCNS)

La Provence entrant au bassin n°3 (© DCNS)
Centenaire, le bassin n°3 est l’un des principaux outils du site morbihannais du groupe naval, spécialisé dans la conception et la réalisation de bâtiments de surface. A l’instar des capacités de production, qui ont nécessité de lourds investissements dans le cadre du programme FREMM, le bassin a bénéficié d’un plan de modernisation ayant notamment comporté, en 2010, la mise en place d’une nouvelle porte à clapet et d’un système de désenvasement puis, en 2012, d’une nouvelle station de pompage.
Concernant la Provence, son passage en cale sèche va permettre d’installer le sonar d’étrave de la frégate, les safrans de l’appareil à gouverner ainsi que le propulseur azimutal rétractacle permettant au bâtiment de manœuvrer par lui-même dans les ports et servant de secours en cas d’indisponibilité de la propulsion principale.
Une fois équipée, la Provence sera remise à flot et rejoindra un quai, où les travaux se poursuivront en vue de préparer les essais en mer, prévus dans le courant de l’année. La livraison à la Marine nationale est programmée en 2015, date à laquelle la troisième FREMM française rejoindra ses deux aînées, l’Aquitaine et la Normandie. Alors que la tête de série a été livrée fin 2012, la seconde doit l’être cette année, à l’issue de ses essais et d’une campagne d’expérimentation de nouveaux armements, qui doit comprendre au printemps un tir de missile de croisière (MdCN/Scalp Naval). Viendra après la Languedoc, en cours d’assemblage dans la forme de construction de Lorient et dont la mise à flot interviendra cette année pour une admission au service actif prévue en 2016.

L'Aquitaine, tête de série du programme FREMM (© MICHEL FLOCH)
Pour la suite, l’impact du glissement du calendrier de production, imposé par les restrictions budgétaires, n’est toujours pas connu. Alors que la cinquième FREMM française est à l’état de blocs et que la construction de la sixième a débuté fin 2013, le rythme des livraisons pourrait passer d’un bâtiment tous les 10 mois à une unité tous les 14 mois, avec selon les objectifs de la loi de programmation militaire six FREMM opérationnelles d’ici 2019, contre huit prévues jusque là. Quant au nombre final de frégates, il ne sera fixé qu’en 2016, année où le ministère de la Défense décidera de stopper la série à huit exemplaires ou bien de maintenir le format à onze unités.
En plus des bâtiments français, on rappellera que DCNS a réalisé une FREMM pour le Maroc. Il s’agit du Mohammed VI, réalisé entre l’Aquitaine et la Normandie, dont la livraison à la marine marocaine est prévue le 30 janvier.