L’état-major des Armées a fait état, ce week-end, d’une activité de l’aviation russe basée en Syrie autour du groupe aéronaval emmené par le porte-avions Charles de Gaulle. Pour mémoire, ce dernier, dans le cadre de la mission Clemenceau 22, est actuellement déployé en Méditerranée orientale où son groupe aérien embarqué participe à l’opération Chammal de lutte contre le terrorisme au Proche et au Moyen-Orient. « Au cours des derniers jours, interactions du groupe aéronaval français, déployé en MEDOR pour dans le cadre de Chammal, avec des aéronefs russes, qui ont été détectés dès leur décollage de Lattaquié puis suivis en permanence par les unités du groupe aéronaval français », a indiqué samedi l’EMA, qui a diffusé des images d’avions russes prises par les moyens français. On y voit deux chasseurs, a priori des Su-30 ou Su-35, accompagnant un bombardier stratégique Tu-22, appareil capable entre autres de mettre en œuvre des missiles supersoniques antinavire Kh-32 dont la portée est estimée entre 600 et 1000 km. On notera que les images diffusées par l’EMA semblent montrer que le Tu-22 suivi par les moyens français n’emportait pas ce type d’armement, placé sous voilure.

(© : EMA)
Le fait que des aéronefs russes évoluent autour du groupe aéronaval français quand il opère en Méditerranée orientale n’est pas une première, loin s’en faut. C’est même une habitude. A chaque déploiement du GAN ou d’autres bâtiments occidentaux dans le secteur, les moyens navals et aériens russes stationnés en Syrie surveillent leurs mouvements, tout comme les bâtiments et aéronefs russes sont pistés lorsqu’ils fréquentent les approches européennes. Mais dans le contexte actuel de vivent tensions autour de l’Ukraine, toutes les « interactions » sont surveillées de près, les uns et les autres pouvant également s’en servir au profit de leur propre communication en temps de crise. Pour l’heure, les manœuvres autour du GAN français ne semblent pas agressives, ce qui n’a apparemment pas été le cas de rencontres durant le week-end du 12 février au-dessus de la Méditerranée orientale entre trois avions de patrouille maritime P-8A Poseidon de l’US Navy et des chasseurs russes. Le Pentagone a dénoncé des manœuvres « non professionnelles » et « dangereuses » de la part des russes, qui se seraient approchés extrêmement près des appareils américains.
Cela a au moins le mérite de rappeler que la Russie a considérablement développé ses moyens militaires en Syrie ces dernières années, avec de véritables capacités d’interdiction entre des systèmes de défense aérienne terrestres comme le S-400, des batteries côtières antinavire, de nombreux chasseurs ou encore des Tu-22M3 déployés sur la base aérienne de Hmeimim, près de Lattaquié. La présence de ces bombardiers stratégiques a été officiellement confirmée par Moscou en 2021. Il y a quelques jours, la Russie, qui a par ailleurs sensiblement renforcé ses forces navales en Méditerranée en mer Noire, a fait savoir que des appareils de ce type étaient arrivés en Syrie dans le cadre d’exercices. Et qu’ils étaient accompagnés de Mig-31, qui ont notamment la capacité d’emporter un missile antinavire Kh-47 Kinjal et qui sont également des habitués du théâtre syrien.
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