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Alors que les migrants continuent de traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe, le champ d’action et les moyens de Triton ont été officiellement étendus cette semaine. C’est ce qu’a annoncé l’agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières de l’Union (Frontex), chargée de coordonner l’opération. Celle-ci voit sa zone opérationnelle portée à 138 milles au sud de la Sicile, c'est-à-dire plus près des côtes libyennes, d’où partent les candidats à l’exil. Quant aux moyens, renforcés en toute urgence suite aux dramatiques naufrages intervenus depuis avril, ils ont été fixés comme suit : pour la période estivale, c'est-à-dire la saison où les traversées sont les plus nombreuses en raison de conditions météorologiques favorables, Triton va aligner six bâtiments hauturiers et 12 unités côtières. S’y ajouteront trois avions de surveillance maritime et deux hélicoptères, ainsi que des équipes à terre. « Nous avons considérablement augmenté le niveau de déploiement en Méditerranée centrale pour soutenir les autorités italiennes dans le contrôle des frontières maritimes et le sauvetage, de trop nombreuses vies ayant déjà été tragiquement perdues cette année », a déclaré Fabrice Leggeri, directeur général de Frontex.

Une base en Sicile et des efforts accrus contre les passeurs

Afin d’être plus efficace, l’agence a décidé d’établir une base régionale en Sicile, d’où elle coordonnera Triton en coopération étroite avec d’autres organismes européens, comme Europol, Eurojust et l’European Asylium Support Office (EASO), ainsi que les autorités italiennes. Alors que l’Europe souhaite pouvoir intervenir contre les passeurs jusque dans les eaux libyennes, Frontex prévoit d’intensifier ses efforts pour démanteler les réseaux de trafiquants. A cet effet, neuf équipes de débriefing seront déployées. « Le rôle des agents de débriefing est particulièrement important car ils recueillent des renseignements sur les criminels opérant en Libye et d'autres pays de transit. L’objectif de Frontex est d'aider les autorités italiennes et Europol dans leurs enquêtes et leurs efforts pour démanteler les réseaux faisant de l’argent en profitant de la situation de personnes désespérées ».

Un budget significativement augmenté

Concernant les moyens financiers, l’Union européenne va rapidement augmenter la dotation de l’agence avec une enveloppe supplémentaire de 26.5 millions d’euros. Des fonds destinés à muscler Triton, mais aussi Poseidon, opération similaire menée au large des îles grecques, où les réfugiés affluent aussi en nombre, depuis la Turquie notamment. Pour mémoire, jusqu’aux catastrophiques naufrages du mois d’avril, qui ont coûté la vie à des centaines de personnes, le budget annuel de Triton était de 2.9 millions d’euros. Face à la gravité de la situation et l’émotion suscitée par ces drames humains dans l’opinion publique, les dirigeants de l’UE avaient décidé le 23 avril de tripler ce budget. Un effort qui sera donc, au final, beaucoup plus important puisque Triton devrait recevoir, selon Frontex, 38 millions d’euros cette année, alors que Poseidon voit également ses moyens augmenter, avec une enveloppe de 18 millions pour 2015. Et la mobilisation va se poursuivre l’an prochain puisque la Commission européenne a déjà prévu d’affecter 45 millions d’euros aux deux opérations. 

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