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C’est sous la pluie, mais sans Greenpeace, dont on pouvait soupçonner une action pour réclamer la libération de ses militants emprisonnés à Mourmansk, que s’est déroulée hier la cérémonie de mise à flot du Vladivostok. Un évènement qualifié d’« historique » par le chef d’état-major de la flotte russe, l’amiral Viktor Chirkov. Cent-vingt-six ans après le croiseur Admiral Kornilov, lancé en 1887, les chantiers de Saint-Nazaire renouent en effet avec la construction de navires pour la Russie.

 

 

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© DROITS RESERVES

Le croiseur Admiral Kornilov, lancé en 1887 à Saint-Nazaire (© DR)

 

 

Le Vladivostok est le premier d’une série de bâtiments de projection et de commandement dérivés des Mistral, Tonnerre et Dixmude, livrés entre 2006 et 2012 à la marine française. Portant sur la construction de deux BPC, avec une option pour deux autres, cette commande  est entrée en vigueur le 1er novembre 2011. Tout est ensuite allé très vite : découpe de la première tôle du Vladivostok le 1er février 2012, mise sur cale du premier bloc le 1er février 2013 et jonction cet été de la partie avant et de la partie arrière. Celle-ci a été réalisée à Saint-Pétersbourg par le chantier OSK, qui a bénéficié d’un transfert de technologie de la part des industriels français. Ces derniers ont, d’ailleurs, été très agréablement surpris de la qualité et la rapidité du travail mené par les Russes, qui ont su s’approprier sans souci majeur de nouveaux procédés de construction et fabriquer leur moitié du bateau (mise à flot le 26 juin 2013) dans les temps impartis et les spécifications requises. « Les deux morceaux du navire, qui ont été construits à plus de 3000 kilomètres de distance, sont venus s’assembler sans difficulté et je vous mets au défi de trouver la frontière entre la partie française et la partie russe », affirme Laurent Castaing, directeur de STX France. Le chantier nazairien travaille en sous-traitance de DCNS, concepteur du BPC et maître d’œuvre du programme.

 

 

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Le BPC Vladivostok, hier à Saint-Nazaire (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Le BPC Vladivostok, hier à Saint-Nazaire (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Les propulseurs d'étrave du Vladivostok (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

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L'un des deux pods du Vladivostok (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Le BPC Vladivostok avant sa mise à flot (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

La cérémonie s'est déroulée sous la poupe (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Bénédiction par l'archiprêtre de l'église orthodoxe de Nice (© MER ET MARINE)

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Bénédiction par l'archiprêtre de Nice (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

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Dévoilement du nom du BPC (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

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La traditionnelle bouteille de champagne (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

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Le bassin commençant à se remplir (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

 

Capacités identiques à celles des bâtiments français

 

 

De manière générale, le Vladivostok reprend au maximum le design des BPC français, longs de 199 mètres et présentant un déplacement de près de22.000 tonnes en charge. Le bâtiment russe, qui sera armé par un équipage de 177 hommes, est également doté d’une propulsion diesel-électrique avec des moteurs orientables de type pods, assurant une vitesse d’une petite vingtaine de nœuds. Comme ses homologues de la Marine nationale, il pourra transporter 16 hélicoptères lourds (ou une trentaine d’hélicoptères légers), plus de 70 véhicules blindés, dont des chars de bataille, 450 hommes de troupe et quatre chalands de débarquement. Ces derniers sont, ici, du type CTM NG, des chalands de transport de matériel de nouvelle génération, longs de 24 mètres et larges de 6 mètres. Quatre engins ont été commandés à STX France, qui les fait réaliser sur son site de Lorient. Leur réalisation vient de débuter en vue d’une livraison d’ici l’été 2014. En  dehors de ces capacités de projection, le Vladivostok, comme ses cousins français, disposera d’un vaste poste de commandement permettant de gérer une opération interarmées. Il sera en outre équipé d’importantes infrastructures hospitalières, avec deux bloc opératoires, permettant le soutien santé des troupes débarquées ou une intervention dans le cadre d’opérations humanitaires.

 

 

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© DCNS

Vue du Vladivostok (© DCNS)

 

 

De nombreuses adaptations pour répondre aux besoins russes

 

 

Le Vladivostok n’est pas, pour autant, un sistership des trois bâtiments français. Un certain nombre d’adaptations ont, en effet, été nécessaires afin de répondre aux besoins de la marine russe, notamment en ce qui concerne une exploitation du BPC dans des zones très froides. Pour lui permettre d’œuvrer dans des environnements où la température peut atteindre – 25°C, le navire dispose notamment de systèmes de climatisation, d’isolation et de chauffage renforcés, ainsi que d’un dispositif de dégivrage du pont d’envol. L’acier de la coque est, par ailleurs, conçu pour résister à des températures très basses, sans pour autant bénéficier d’une certification glace (Ice Class). Afin de prendre en compte les conditions climatiques, le radier (qui abritera les engins de débarquement) pourra, de plus, être totalement fermé.

Parmi les autres changements à noter par rapport aux BPC tricolores, il y a notamment le réseau électrique, Russes et Français n’utilisant pas la même fréquence de courant. Les locaux vie ont, dans le même temps, été remodelés, afin de tenir compte des pratiques en vigueur chez les marins russes. Idem pour le Central Opération, qui a été réaménagé. Un autre point important concerne le hangar hélicoptère, dont la hauteur a été augmentée pour permettre l’accueil de machines à double rotor comme les Kamov et Helix. Cela a nécessité la modification de la structure sous le pont d’envol. Il a également fallu renforcer la sécurité incendie, le point éclair (seuil d’inflammabilité) du carburéacteur employé par les hélicoptères russes étant plus bas que celui de leurs homologues occidentaux. Alors que les soutes à munitions ont également été adaptées aux spécificités de l’armement russe, les ponts réservés aux véhicules sont en revanche identiques à ceux des Mistral.

 

 

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© DCNS

Vue du Vladivostok (© DCNS)

 

 

Concernant l’îlot, on remarque que le Vladivostok ne dispose pas de passerelle de défense à vue, les Russes ayant jugé cet espace sans intérêt (il faut dire que cette seconde passerelle n’est que peu utilisée par les marins français). Le mât principal devrait être en revanche bien surmonté par un radar de veille tridimensionnel MRR 3D, comme les BPC français, avec lesquels le Vladivostok partage une part importante de son électronique. Y compris certains éléments du système de combat, même s’il semble que les Français n’aient vendu qu’une version allégée du SENIT, les Russes mettant en place leurs propres systèmes de commande et de communication. Un choix de toute façon logique en termes de compatibilité avec les matériels russes, à commencer par l’armement. Celui-ci, constitué de systèmes d’autodéfense (canons multitubes de 30mm AK-630 et systèmes surface-air Gibka avec missiles SA-N-8) sera installé après la livraison du bâtiment.

 

 

Première sortie en mer au mois de mars

 

 

Avant que ces ultimes ajouts soient réalisés à Saint-Pétersbourg, il va d’abord falloir terminer le Vladivostok, qui en est à 80% d’achèvement, 500 personnes travaillant actuellement à bord. La quille désormais dans l’eau, le bâtiment va reposer jusqu’à vendredi soir sur sa ligne de tins. Ce n’est qu’au cours de la nuit suivante qu’il flottera pour de bon. Il sera alors prêt à sortir de la forme de construction pour être conduit à son quai d’armement, dans le bassin de Penhoët, au cœur du port de Saint-Nazaire. Pour des questions de sécurité et de discrétion, on aurait pu s’attendre à ce que le « M33 », comme on l’appelle chez STX France, soit terminé au bassin C, qui se trouve au milieu des chantiers, derrière les grilles et relativement loin des regards indiscrets. Cette option n’a toutefois pas pu être retenue dans la mesure où le bassin C doit faire l’objet d’importants travaux en prévision de l’accueil, à partir de 2015, du plus grand paquebot du monde, le « A34 », une version légèrement agrandie des Oasis of the Seas et Allure of the Seas, de la compagnie américaine Royal Caribbean International.

Alors que le premier moteur diesel du Vladivostok sera lancé fin octobre, la recette des locaux débutera dès le mois prochain. A l’issue des essais à quai, la première sortie en mer est prévue en mars, selon le calendrier, mais elle pourrait, si tout va bien, intervenir dès la fin février. Contrairement aux paquebots construits à Saint-Nazaire, qui n’ont besoin que d’une à deux virées au large, les essais en mer du Vladivostok nécessiteront une demi-douzaine de sorties, cela en raison de la mise au point du système de combat, une phase toujours complexe sur les bâtiments militaires, mais aussi des besoins de formation des futurs équipages.

 

 

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© BERNARD PREZELIN

Le Perekop, l'un des deux bâtiments du type Smolniy (© BERNARD PREZELIN)

 

 

Un bâtiment caserne à Saint-Nazaire ?

 

 

A cet effet, quelques 400 marins russes, qui bénéficieront d’une formation à terre, à quai et en mer, vont rejoindre Saint-Nazaire à partir du printemps pour prendre progressivement en main leur nouvel outil. Déjà, le futur commandant du Vladivostok et ses officiers ont embarqué sur des BPC français afin de commencer, au travers d’une coopération avec la Marine nationale, à appréhender le fonctionnement de ce type de bâtiment. Concernant les équipages, leur accueil à Saint-Nazaire pose évidemment des problèmes d’hébergement, surtout qu’ils arriveront pour la saison estivale et ne pourront loger sur le Vladivostok. C’est pourquoi la marine russe envisage de dépêcher à Saint-Nazaire l’un de ses navires écoles du type Smolniy. Longs de 138 mètres pour un déplacement de 9150 tonnes en charge, ces unités ses unités sont effet capables d’accueillir 350 cadets en plus de leurs 166 hommes d’équipage. L’une d’elles pourrait donc servir de caserne flottante dans le port français, entre le printemps et l’automne 2014, le temps que les marins russes se rôdent sur le Vladivostok (il n’y aura pas besoin de répéter l’opération pour le Sevastopol).

Le bâtiment tête de série, qui ne passera pas comme le Dixmude par Toulon pour les essais de son système de combat, doit être livré en octobre 2014. Il rejoindra comme on l’a vu Saint-Pétersbourg pour l’intégration de son armement, puis devrait rallier la côte Est de la Russie et être incorporé à la flotte du Pacifique.

 

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

La partie avant du BPC Sevastopol (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

 

Le Sevastopol bien avancé et deux autres unités en option

 

 

En parallèle, la construction du premier sistership du Vladivostok se poursuit. Mis sur cale le 18 juin dernier, le Sevastopol doit être livré un an après son aîné. Il sera, toutefois, sans doute achevé avant la date contractuelle. Alors que Saint-Nazaire a débuté sa construction en avance de phase afin de combler le creux de charge que connaissaient les chantiers l’an dernier, la moitié avant est aujourd’hui assemblée et l’îlot attend sur l’aire de pré-montage. De son côté, OSK progresse bien et devrait achever la moitié arrière avec plusieurs semaines d’avance. Son arrivée à Saint-Nazaire est en effet envisagée au début du mois de juillet, alors que la poupe du Vladivostok avait rallié l’estuaire de la Loire à la fin juillet.

Il restera ensuite à voir si la Russie exercera l’option portant sur la réalisation d’un troisième et d’un quatrième BPC, qui seraient cette fois assemblés en Russie. Interrogés hier sur ce point, les responsables russes ont indiqué que la décision serait prise après un an d’exploitation du Vladivostok. « Nous allons d’abord tester les adaptations mises en place pour voir si elles répondent à nos attentes dans les conditions d’exploitation climatiques que nous prévoyons pour ce bâtiment. Il est possible que certaines corrections soient nécessaires. Nous nous déciderons ensuite ».

 

 

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Les BPC Vladivostok et Sevastopol (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

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La partie avant du BPC Sevastopol (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

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La partie avant du BPC Sevastopol (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

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La partie avant du BPC Sevastopol (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

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(© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

 

Une coopération qui pourrait se prolonger sur d’autres projets

 

 

Les BPC russes constituent en tous cas un programme exceptionnel, d’abord dans la mesure où la marine russe n’a pas fait construire de bâtiment de guerre à l’étranger depuis la seconde guerre mondiale. Ensuite par le montage industriel mis en place, avec la réalisation des bâtiments dans deux pays et le transfert progressif, vers la Russie, du savoir-faire et des procédés industriels nécessaires à la réalisation de ces navires, l’objectif étant au passage de moderniser une construction navale russe qui a peu évolué, dans ses méthodes, depuis la chute de l’URSS.  

Hier, les industriels russes comme leurs homologues français se sont largement félicités de la coopération développée entre les deux pays. « C’est une grande réussite. Quelque soient les difficultés rencontrées, chacun a fait preuve de pragmatisme et nous avons noué de véritables relations de confiance. Aujourd’hui, le résultat est au rendez-vous, même si ce n’est pas encore la fin puisque nous allons poursuivre notre coopération dans le domaine de la logistique et de la formation, et bien sûr parvenir à l’acceptation de ce bâtiment par la marine russe », a expliqué le président de DCNS. Et Patrick Boissier d’espérer que cette coopération puisse « ouvrir la voie à de futurs partenariats ». Evidemment, s’il n’est à priori pas question d’imaginer la construction de futurs bâtiments de combat franco-russes, les deux pays pourraient en revanche mener ensemble des projets de R&D, ou encore initier une coopération autour des prochains bâtiments logistiques de la Marine nationale, sur lesquels DCNS travaille avec STX France. Et pourquoi pas, aussi, des projets liés aux énergies marines, un secteur sur lequel les deux industriels français souhaitent se développer fortement.

 

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Le BPC Vladivostok avant sa mise à flot (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

 

Un programme politiquement sensible

 

 

Réussite industrielle, le programme des BPC russes demeure, néanmoins, politiquement sensible, y compris d’un point de vue international. On se rappelle ainsi des remous provoqués par l’annonce du projet au sein de certains pays de l’OTAN. Les Etats-Unis avaient, à l’époque, assez vivement critiqué la vente par la France de BPC à la Russie, voyant d’un mauvais œil  l’acquisition par Moscou de grands bâtiments capables de mener des opérations amphibies et aéromobiles.  Il faut dire que le contrat, signé sous la présidence de Nicolas Sarkozy, faisait suite à l’intervention militaire russe en Géorgie à l’été 2008, Moscou ordonnant alors à son armée de prendre le contrôle de l’Ossétie du sud, une province séparatiste géorgienne, dont l’indépendance fut reconnue dans la foulée par la Russie. On notera d’ailleurs que c’est lors de cette opération que le besoin en grands bâtiments de projection s’est fait sentir. Les troupes russes étaient, en effet, massées en Ossétie du nord et n’avaient qu’un seul moyen de rejoindre l’Ossétie du sud, à savoir le tunnel de Roki, une chaîne de montagnes séparant les deux territoires. De manière assez inexplicable, les Géorgiens n’ont pas fait sauter cet ouvrage qui, s’il avait été détruit, aurait bloqué les blindés et soldats russes.  La leçon a en tous cas été retenue par Moscou, d’autant que l’intervention des bâtiments amphibies de la flotte de la mer Noire sur les côtes géorgiennes (notamment en Abkhazie, une autre province séparatiste pro-russe qui a pris son indépendance par la même occasion) a démontré la faiblesse des moyens de débarquement russes. C’est donc ainsi que la Russie, soucieuse de disposer au plus vite de grands bâtiments de projection, a lancé un appel d’offres international, ses chantiers n’étant pas en mesure de produire rapidement de tels bateaux. Et l’on a vu la France, comme d’autre pays européens (Espagne et Pays-Bas notamment, mais aussi probablement l’Italie et peut-être même l’Allemagne), proposer leurs services après avoir déploré l’agression contre la Géorgie. Un curieux retournement de situation, dicté notamment par le fait que, face à une cause politique perdue d’avance, le pragmatisme économique l’a emporté, surtout dans des pays, comme la France, où les chantiers navals manquaient cruellement de commandes.

 

Grâce à la signature du contrat, en 2011, Saint-Nazaire a, de cette manière, pu maintenir une partie de son activité à un moment critique. Et ainsi sauvegarder des centaines d’emplois. C’est aussi ça, la réalité. Mais il est évident que l’ombre géorgienne plane encore sur ce programme et c’est peut-être pourquoi - à moins que ce ne soit la traditionnelle discrétion russe en matière militaire - quand on lui demande ce que la Russie compte faire avec ses BPC, l’amiral Chirkov se montre très prudent : « On ne va pas rentrer dans les détails tactiques mais la mise en œuvre de ces bâtiments sera similaire à ce qui se pratique dans la marine française », se contente de répondre le patron de la flotte russe. 

 

 

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L'amiral Chirkov (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

 

Pas de ministre pour une cérémonie volontairement très discrète

 

 

On soulignera, enfin, que la cérémonie d’hier a été marquée par l’absence de personnalités politiques, pas un ministre russe ou français n’ayant fait le déplacement à Saint-Nazaire. Cela, du fait semble-t-il des relations diplomatiques plutôt tendues entre Paris et Moscou depuis leur opposition sur la crise syrienne. C’est pourquoi l’évènement est demeuré relativement discret. Certes, des journalistes étaient présents, ce qui n’était par exemple pas le cas lors de la mise sur cale du Vladivostok ou du Sevastopol, mais la presse conviée était essentiellement locale et spécialisée. Car il n’était pas question de donner un rayonnement médiatique trop important à cette mise à flot. Moyennant quoi, la non-présence gouvernementale fut, finalement, plutôt appréciée par l’assistance, à qui l’on a pour une fois épargné la pesanteur du cérémonial et les discours fleuves pour se concentrer sur l’essentiel : le projet. Loin des considérations politiques, l’heure était hier à l’entente cordiale entre militaires et industriels, tous saluant l’excellente coopération mise en œuvre autour de ce programme. 

 

 

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La BPC Vladivostok (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

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