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Alors que l’ex-Jeanne d’Arc doit quitter Brest pour rejoindre Bordeaux d’ici la mi-octobre (l’appareillage vient d’être repoussé d’une ou deux semaines), d’autres vieilles coques sont sur le départ. L’ancien escorteur d’escadre Duperré pourrait, finalement, être le premier à faire ses adieux à la Bretagne. Il devrait en effet précéder de quelques jours l’ex-Jeanne et rejoindre la Belgique, où il sera démantelé par Galloo. Le groupe franco-belge a, pour mémoire, décroché en décembre 2013 le marché de déconstruction de six coques de la Marine nationale désarmées entre 1990 et 1999 : les anciens escorteurs d’escadre Duperré et La Galissonnière, les avisos-escorteurs Enseigne de Vaisseau Henry et Commandant Rivière, ainsi que les avisos Détroyat et Jean Moulin.

 

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© MICHEL FLOCH

Les ex-La Galissonnière, Colbert et Duperré (© : MICHEL FLOCH)

 

Tous sont stationnés à la pointe Bretagne, à l’exception du Commandant Rivière, en attente à Toulon et que la marine espère voir remorqué en Belgique avant la fin de l’année. Malgré son état extérieur très dégradé, l’ancien aviso-escorteur est selon les militaires tout à fait capable de subir un long remorquage vers l’Europe du nord. « Bien qu’il paraisse délabré vu de l’extérieur, sa structure est étonnamment intacte et résistante, ce qui prouve d’ailleurs que ce bateau a été bien construit et entretenu pendant sa vie active », fait-on valoir à l’état-major.

 

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© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE

L'ex-Commandant Rivière (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

 

A Brest, le regroupement et la préparation des coques allant prochainement rejoindre les chantiers de démolition se poursuit. Le Jean Moulin, qui servait de brise-lame à Lanvéoc-Poulmic, a été ramené dans la base navale. Il en est de même pour les trois autres coques qui avaient la même fonction sur la presqu’île de Crozon : les ex-frégates Aconit et Duguay Trouin, ainsi que l’ancien bâtiment de soutien Rhin. En lieu et place, l’ex-frégate De Grasse, retirée du service en 2013, a été transférée à Lanvéoc la semaine dernière. Elle y sera rejointe en octobre par les ex-Tourville et Georges Leygues, désarmées en 2010 et 2013.  

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Les ex-Aconit, Duguay-Trouin et Rhin avant leur départ de Lanvéoc (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

Pour ce qui est du cimetière marin de Landévennec, il va se vider en grande partie avec le départ des ex-Duperré, La Galissonnière, Tourville, De Grasse, EV Henry et Détroyat. Quant à l’ancien croiseur Colbert, il devrait lui aussi avoir quitté le site avant l’été 2015. Comme l’ex-Jeanne d’Arc, il sera démantelé à Bordeaux par Bartin Recycling et Petrofer Société Nouvelle, deux filiales de Veolia. La marine en profitera cet hiver pour revoir les ancrages et assurer la maintenance des coffres et lignes d’embossage de Landévennec, qui seront adaptés à leurs prochains pensionnaires. Ces travaux réalisés, les coques en attente à Brest y seront transférées, probablement au printemps. En plus des Duguay-Trouin, Aconit et Rhin, la base navale compte notamment l’ancien bâtiment de soutien Loire.

Pour la suite, de nouveaux marchés de déconstruction doivent être notifiés cet hiver. Le premier concernera quatre gros bateaux en attente à Toulon : les ex-transports de chalands de débarquement Ouragan et Orage, l’ancien bâtiment de transport et de soutien Bougainville et l’ancien bâtiment atelier Jules Verne. S'y ajouteront les ex-bâtiments de transport légers Francis Garnier et Jacques Cartier, désarmés à Brest.

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Les ex-TCD Ouragan et Orage (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

Pour mémoire, la Marine nationale a, dans le cadre de l’élimination de ses vieux bâtiments, opté pour des procédures de marchés négociés avec mise en concurrence. L’attribution des contrats est extrêmement encadrée, la priorité étant donnée à la protection des personnels employés par les chantiers, au respect de l’environnement et à la traçabilité des matériaux. Ces vieilles coques contiennent en effet de nombreuses matières polluantes et dangereuses, dont beaucoup d’amiante pour les plus âgées.

En plus du contrat des ex-bâtiments amphibies, celui des anciens transrades et des patrouilleurs du type P400, ainsi que le marché des petites embarcations de Toulon, sont également en cours de négociation en vue d’aboutir dans les prochains mois.

Ce sera ensuite au tour des dernières grosses unités, comme les ex-Loire et Rhin à Brest, ainsi que les ancien Rhône et D’Entrecasteaux servant de brise-lames à Lorient. L’ex-bâtiment de soutien santé Rance, qui occupe la même fonction à Saint-Mandrier et va être remplacé par la frégate Dupleix, désarmée cette année, devrait être intégré au même lot que les Rhin, Rhône et Loire. Toujours à Saint-Mandrier, après l'ex-Rance, il faudra prévoir à l'avenir le départ de l’ex-frégate Duquesne, dont le sistership, l’ancien Suffren, sert quant à lui de brise-lames à l’île du Levant. Le retrait du service, au cours de la prochaine décennie, d’un certain nombre de bateaux, comme les Montcalm, Jean de Vienne, Cassard, Jean Bart et Meuse, permettra d’assurer la relève en attendant qu’un jour l’Etat ait les moyens de financer la construction d’ouvrages maritimes.

 

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© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE

L'ex-Suffren à l'île du Levant (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

 

Toujours est-il que la Marine nationale aura bientôt solutionné le problème que représentait l’accumulation de ses vieilles coques. Dès lors, elle pourra gérer au fur et à mesure les flux de déconstruction, au fil des désarmements et donc en disposant d’un planning prévisionnel à long terme.  

 

On notera que les anciens sous-marins font l’objet d’un traitement particulier. Les discussions se poursuivent entre le ministère de la Défense et DCNS pour le démantèlement des ex-SNLE L’Indomptable, Le Terrible, Le Foudroyant, Le Tonnant et L’Inflexible, dont les tranches nucléaires ont déjà été extraites et dont les coques seront déconstruites à Cherbourg.

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Anciens SNLE en attente à Cherbourg (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

Quant aux trois derniers sous-marins d’attaque du type Agosta, qui ne font pas l’objet comme les SNLE de contraintes liées au secret défense, leur élimination n’est pas considérée comme prioritaire. Le Béveziers et le La Praya sont stockés à l’abri dans l’ancienne base sous-marine de Brest, alors que l’Agosta sert à Toulon dans le cadre d’expérimentations. 

 

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