Les surfaces foncières de l’ancien arsenal de Saint-Tropez, spécialisé dans les armes sous-marines, n’appartiennent plus, depuis hier, à Naval Group. L’industriel a signé l’acte de cession des terrains sur lesquels son établissement est implanté à deux investisseurs français, dont l’identité est gardée confidentielle.
Le groupe ne veut pas non plus annoncer le montant exact de la transaction, mais précise qu’il est « significativement plus élevé » que l’estimation qu’en avait fait le service des Domaines. Ce dernier avait évalué la vente du terrain à 38.4 millions d’euros.
A cheval sur les communes varoises de Gassin et Cogolin, le site comprend deux zones s’étendant sur une surface totale de 9 hectares, dont 800 mètres de front de mer sur la baie de Saint-Tropez. La zone Est, classée sensible du fait de ses activités liées à la défense, comprend les installations industrielles, alors que la zone ouest regroupe l’entrée du site et des parkings, des espaces de stockage, le château Bertaud et la Villa Ancre.
Si Naval Group cède la propriété du terrain, que l’Etat lui avait transmise en 2003 lors du changement de statut de l’ex-Direction des Constructions Navales (DCN), l’entreprise demeure sur son implantation tropézienne. L’intégralité de la zone Est est relouée par Naval Group, de même qu’une partie de la zone ouest (hors locaux de la gendarmerie et Villa Ancre). « Le bail signé est d’une durée de dix ans renouvelable et sera assorti d’un engagement de Naval Group de louer pour une durée ferme de huit ans. Il permet donc d’assurer une présence du groupe sur le long terme », souligne l’industriel, qui ne donne pas le montant du loyer, se contentant d’affirmer qu’il est « conforme aux standards industriels ».
Cette opération constitue, selon le groupe, une « opération financière d’optimisation » de son patrimoine foncier, le produit de la vente devant être réinjectés dans l’entreprise et la préparation de l’avenir. Sont notamment évoqués des investissements dans les moyens d’essais et la modélisation numérique dans la conception, ou encore le projet de « double digital ». Les investissements bénéficieront aussi aux outils industriels, dont le développement de la numérisation dans les opérations de production et de contrôle, ainsi que la supply chain.
Concernant Saint-Tropez, « L’acquéreur souhaite accompagner Naval Group sur du long terme et investir sur le site. Un des premiers investissements de ce dernier sera la réfection totale de la toiture du magasin (bâtiment Grand Gaou) prévue au premier semestre 2019 », explique Naval Group, qui souligne que la vente des terrains « n’a pas d’impact sur les activités menées sur le site, ni sur l’emploi ou les postes des collaborateurs de la BU ASM ».
Employant 250 collaborateurs de Naval Group, la Business Unit Armes Sous-Marines est spécialisée dans la conception et la production de torpilles lourdes (F21) et légères (MU90), ainsi que les systèmes de leurres anti-torpille. S’y ajoutent des activités dans les drones sous-marins et une compétence dans les mines marines, aucun nouveau programme n’ayant cependant été pour le moment lancé afin de remplacer les armes de ce type dont dispose actuellement la Marine nationale.
On rappellera que des discussions sont en cours avec les Italiens en vue d’un rapprochement dans le domaine des torpilles. Il s’agit du projet Marlin - complètement indépendant de l’opération foncière venant d’être actée - qui semble pour l’heure compliqué à faire aboutir (lire notre dernier article sur le sujet).