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Le consortium NHIndustries a livré hier son 200ème NH90. Il s’agit d’un hélicoptère de type TTH (Tactical Transport Helicopter) réceptionné par l’armée belge sur la base aérienne de Beauchevain.  En tout, la Belgique a commandé quatre NH90 TTH, mais aussi quatre exemplaires de la version navale de l’appareil, le NH90 NFH (Nato Frigate Helicopter), afin de remplacer sur la base de Koksijde les Sea King dédiés aux missions de sauvetage mais aussi de pourvoir les frégates Leopold I et Louise Marie en hélicoptères modernes. Le premier NFH belge a été livré en août 2013, les forces armées du pays disposant désormais de cinq machines.

 

 

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© NH INDUSTRIES

TTH belge (© NHI)

 

 

Détenu par Airbus Helicopters (62.5%), AugustaWestland (32%) et Fokker (5.5%),  NHIndustries a livré ses 200 premiers NH90 (dont une quarantaine de NFH) à l’Allemagne, la Belgique, la France, l’Italie, les Pays-Bas, la Suède, la Finlande, la Norvège, la Grèce, Oman, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Le carnet de commandes comprend plus de 300 autres machines. 

 

 

De nouvelles commandes de NFH espérées au Qatar et en Allemagne

 

 

Alors que les TTH sont assemblés par les usines d’Airbus Helicopters de Marignane (France) et Donauwörth (Allemagne),  la version NFH est produite par le site AugustaWestland de Tessera, en Italie. Les NFH français sortent néanmoins de Marignane, alors que NHIndustries a confié la réalisation de leurs homologues belges à Donauwörth. Une manière, pour l’industriel, d’inciter les Allemands à passer commande, en plus des 82 TTH notifiés (au lieu de 122 initialement), de 18 hélicoptères en version navale, qui pourraient donc être réalisés localement.

 

 

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© NHI

TTH allemands (© NHI)

 

 

Le parlement allemand doit prendre une décision d’ici le mois de septembre quant à ce contrat, que la marine espère voir aboutir afin de remplacer sa flotte de Lynx. En dehors de l’Allemagne, NHI espère toujours que la lettre d’intention signée en mars dernier par le Qatar se traduira en commande. 22 hélicoptères, dont 10 NFH, sont en jeu. Et les industriels estiment que le potentiel de vente du nouvel hélicoptère européen est loin d’être épuisé. A terme, il pourrait par exemple intéresser un pays comme l’Inde.

 

 

La version navalisée

 

 

Commandes de vol électriques, fuselage en composite, capacités anti-crash, résistances aux ambiances d'environnement et d'électromagnétisme sévères, système de contre-mesures... La base du NFH est commune avec la version terrestre du NH90. Son cockpit très ergonomique est équipé d'écrans multifonctions et son fuselage en composite le rend plus léger et plus discret face aux radars. Par rapport au TTH, le NFH dispose d'un certain nombre de particularités, liées aux missions qui lui seront confiées et à l'environnement dans lequel il évolue. La version navalisée du NH90 comprend un radar panoramique (360°) offrant une vision étendue du domaine maritime et optimisé pour la lutte antinavire comme ASM (détection de périscopes). Il dispose aussi de radios et liaisons de données spécifiques (L11), ainsi que d'un système de veille électro-optique pour la détection et le pistage de cibles, de jour comme de nuit. 

 

 

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© MARINE NATIONALE

Le cockpit d'un NH90 NFH (© MARINE NATIONALE)

 

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© EUROCOPTER

NH90 NFH déployant son sonar FLASH (© AIRBUS HELICOPTERS)

 

 

Pour la mise en oeuvre sur bâtiments de surface, l'hélicoptère est doté d'un train d'atterrissage renforcé, d'un harpon pour les appontages, ainsi que d'un système automatique de repliage des pales et de la poutre de queue pour le stockage dans le hangar des frégates. Cette catégorie de bâtiments est, d'ailleurs, « dimensionnante » en termes d'appontage, surtout par mauvais temps, les mouvements de la plateforme provoquant d'importantes contraintes sur les trains.

 

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

 

NH90 NFH sur une frégate (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

 

En matière d'armement, les NH90 NFH, par ailleurs dotés de contre-mesures électroniques, sont conçus pour mettre en oeuvre des missiles antinavire de type Marte Mk2/S (Italie et Norvège) ou ANL/FASGW (programme franco-britannique de nouveau missile antinavire léger). Dans le domaine de la lutte anti-sous-marine, l'appareil est doté de torpilles MU90 (France et Italie), Mk46 (Pays-Bas) et Sting Ray (Norvège). Enfin, pour les missions de contre-terrorisme et de lutte contre le narcotrafic ou la piraterie, le NH90 peut embarquer un tireur d'élite. 

 

 

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© MBDA

NH90 avec le futur ANL/FASGW (© MARINE NATIONALE)

 

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© MARINE NATIONALE

Caïman Marine tirant une MU90 (© MARINE NATIONALE)

 

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© MARINE NATIONALE - ANTHONY PECCHI

Caïman Marine tirant des leurres (© MARINE NATIONALE)

 

 

En version transport, le NFH peut accueillir 14 soldats en plus de son équipage. Certains appareils disposent comme le TTH d'une rampe arrière et peuvent assurer le transport colis standardisés  OTAN grâce à un système de montée de charges par treuil avec rails intégrés. Equipé d’un treuil, le NH90 est également conçu pour le sauvetage en mer, grâce à ses capacités manœuvrières et sa grande autonomie, mais aussi des évacuations médicales, y compris en zone de combat.

 

 

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© MARINE NATIONALE

Opération de sauvetage sur le TK Bremen, en 2011 (© MARINE NATIONALE)

 

 

Un programme qui monte en puissance

 

 

On s’en souvient, les débuts de ce programme, lancé dans les années 90, ont été difficiles. Il a en effet fallu fédérer les besoins de nombreux pays tout en rassemblant les deux grands hélicoptéristes européens et une centaine de sociétés sous-traitantes de premier rang. Si le NH90 a abouti au plus important programme du genre jamais mené en Europe, le schéma retenu a aussi entrainé une gestion particulièrement complexe du fait du nombre importants d'acteurs étatiques et industriels impliqués. La multiplication des versions (23 au total), mais aussi les difficultés techniques inhérentes au développement et à l'intégration de nouveaux équipements n'ont pas facilité les choses et, au final, le programme accuse plusieurs années de retard. Face aux difficultés rencontrées, une réorganisation au niveau de l'industrie, initiée en 2008, a permis de simplifier la direction et l'administration du programme pour accélérer les prises de décision. Depuis, les difficultés ont été largement surmontées. Signe que la situation s’améliore, la cadence de production augmente. Après avoir livré 48 machines en 2013, NHI en achèvera entre 50 et 55 cette année et les sorties d’usines doivent s’accélérer en 2015. On notera, de plus, que tous les hélicoptères livrés le sont désormais au standard final (STEP B).

 

 

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© MARINE NATIONALE- BERNARD PLOUVIEZ

(© MARINE NATIONALE)

 

 

Ce n’était pas le cas auparavant, les premières machines réceptionnées par les forces adoptant un standard intermédiaire (STEP A) dépourvu de certaines fonctionnalités, toujours en cours de développement. Un choix qui avait été dicté par le besoin urgent en nouveaux hélicoptères - même sans toutes leurs capacités – pour remplacer des appareils à bout de souffle. Ce fut le cas du Super Frelon de la marine française, qui a joué les prolongations durant de longues années avant de devoir être arrêté en 2010. Réceptionné cette année là par l’aéronautique navale, le NH 90 tricolore, baptisé Caïman Marine, a été déclaré opérationnel fin 2011, la transition avec le Super Frelon ayant été assurée par deux EC225 achetés pour compenser le trou capacitaire en moyens de sauvetage hauturiers. Alors que la Marine nationale a pris livraison, en avril dernier, de son 11ème Caiman (sur 27 commandés), les machines livrées au STEP A sont portées au standard le plus récent. Alors que les qualifications s’enchaînent, la dernière en date ayant porté, le 5 juin, sur le tir d’une torpille MU90 avec mise en œuvre simultanée du sonar trempé FLASH, la Marine nationale doit, toutefois, jongler avec un parc encore réduit.

 

 

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© MARINE NATIONALE

Caïman Marine avec deux MU90 (© MARINE NATIONALE)

 

 

Plan d’action sur la maintenance

 

 

Une situation liée notamment au gel des livraisons de certaines machines en 2013 (un seul hélicoptère réceptionné au lieu des quatre attendus) pendant l’élaboration du nouveau livre blanc sur la défense, qui aurait pu entrainer une révision du programme. Mais il y a aussi eu des soucis techniques, en marge de la montée en puissance du NH90 et de la qualification progressive de ses capacités. Ainsi, la mise au point d’équipements nouveaux et très complexes, comme le système de mission, réclame du temps, parfois plus que prévu. A cela s’ajoute la problématique de la maintenance, les machines françaises connaissant leurs premières grandes visites (notamment celle des 600 heures de vol), avec des durées d’immobilisation importantes.  Là encore, c’est assez logique avec une nouvelle machine, qui nécessite un temps de rodage et de fiabilisation. Mais le faible taux de disponibilité du parc enregistré l’hiver dernier a eu des conséquences opérationnelles et, face à cette situation, les industriels et le ministère de la Défense ont mis en place un plan d’action pour réduire les délais de maintenance et accélérer les livraisons. 

 

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

La frégate Normandie avec un Caïman (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

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