Après plus de 13 mois d’indisponibilité suite au grave incendie intervenu dans la nuit du 29 au 30 septembre 2014 au large de La Réunion, la frégate de surveillance Nivôse va bientôt repartir en mission. Actuellement en entrainement à la mer, le bâtiment et son équipage sont en période de remontée en puissance afin d’obtenir leur qualification opérationnelle. « Il s’agissait d’une véritable opération d’armement vu les travaux colossaux qui ont été entrepris notamment pour la propulsion et la détection/extinction incendie. C’est un bateau quasiment neuf que nous remettons en ligne », se félicite-t-on au sein de la Marine nationale.
Reconstruction des compartiments machines
Supervisée en collaboration étroite avec le Service de Soutien de la Flotte par STX France, titulaire avec DCNS du contrat de maintien en condition opérationnelle (MCO) des six frégates de surveillance du type Floréal, la remise en état du Nivôse a été réalisée au chantier CNOI de l’île Maurice. Le bâtiment y était arrivé le 6 janvier 2015, passant en cale sèche 8 jours plus tard et en sortant le 14 avril. Des travaux considérables ont été menés à bien puisqu’il s’agissait, notamment, de reconstruire complètement la partie machines. Par chance, le sinistre n’avait pas détruit les moteurs principaux, sans quoi la frégate aurait peut-être été condamnée, mais leur environnement avait été en grande partie détruit. « Il a fallu démonter complètement le compartiment machines, à l’exception des moteurs principaux, qui ont été mis en état de conservation pendant les travaux et sur lesquels seuls trois vilebrequins ont été changés. Pour le reste, la machine a été complètement déshabillée. Il a fallu réaliser des travaux de tôlerie, notamment pour reprendre les épontilles et le plafond, refaire l’isolation, le câblage, la tuyauterie et réintégrer les équipements », explique-t-on chez STX France.

Les installations complètement refaites (© : DR)
Repenser des équipements qui n’existent plus
Pas moins de 35 kilomètres de nouveaux câbles ont ainsi été installés, alors que le PC Propulsion, situé au-dessus des machines et qui avait lui-aussi été touché, fut complètement refait. Un chantier parfois complexe puisque certains équipements du Nivôse, construit comme les autres frégates de surveillance à Saint-Nazaire et mis en service en 1992, n’existaient plus. C’était le cas par exemple des systèmes de télécommande de la propulsion et des hélices. Depuis Saint-Nazaire, les ingénieurs de STX France et du motoriste MAN ont donc conçu un nouveau système bénéficiant d’automates modernes.
Nouveau système de détection et de lutte contre les incendies
Dans le même temps, le système de détection et de lutte contre les incendies a été totalement refondu. Un réseau d’alarmes bien plus performant a été mis en place, avec une détection plus précise et localisée en cas de problème, alors que le système d’extinction du feu au Halon a été remplacé par un dispositif à eau pressurisée sur l’ensemble des locaux techniques. Un réseau de vidéo-surveillance a, de plus, été intégré dans le compartiment machines afin que le personnel de quart au PC Propulsion dispose d'un visuel sur les endroits les plus critiques.

Départ de l'île Maurice le 21 septembre (© : DR)
L’arrêt technique de 2017 réalisé prématurément
En dehors de ces travaux de remise en état et de modernisation du bâtiment, le passage en cale sèche à Maurice fut l’occasion de réaliser un arrêt technique complet du Nivôse, avec carénage, visite et mise à niveau d’équipements et réfection de nombreux espaces. La nécessité de réparer la frégate a, en fait, conduit la Marine nationale à décider d’anticiper l’arrêt technique majeur qui était prévu en 2017 et, ainsi, réaliser en même temps l’ensemble des travaux prévus. Le coût global de l’opération est d'environ 25 millions d’euros.
Rentré à La Réunion le 22 septembre
Après la remise à flot le 14 avril, le chantier s’est poursuivi à flot chez CNOI. Puis le bâtiment a quitté l’île Maurice le 21 septembre, pour rejoindre le lendemain sa base réunionnaise de Port des Galets. C’est là que les derniers travaux ont été réalisés et les essais menés. « Les travaux devaient durer 9 mois et grâce à l’énorme investissement du SSF, de l’équipage, des industriels et des ateliers de la base navale de Port des Galets, le Nivôse a terminé sa période de réparation, essais inclus, avec un jour d’avance sur la date initialement retenue », souligne-t-on chez les marins, qui ont repris en main la frégate le 12 novembre.

Départ de l'île Maurice le 21 septembre (© : DR)
Selon STX France, ce challenge, car s’en fut réellement un, a été relevé grâce à la mobilisation et l’étroite collaboration de tous les acteurs : « Tout le monde a travaillé de concert pour que le bateau revienne en flotte le plus rapidement possible. Le fonctionnement avec le SSF a, en particulier, été exemplaire, les décisions techniques étant prises rapidement grâce à la mise en place d’une cellule dédiée très efficace. Côté industriel, avec DCNS et CNOI, toute une organisation a été mise en place que ce soit à Brest (où l’équipe de STX travaillant sur les contrats de MCO a piloté le projet, ndlr), à Saint Nazaire ou à La Réunion pour assurer l’ensemble des taches liées à cette réparation : études, passation des commandes, définition des budgets et des plannings, suivi des tâches administratives diverses. Des personnels de Saint Nazaire ou de Toulon ont été appelés régulièrement en renfort pour superviser les travaux, à l’ile Maurice, repenser les systèmes électriques, passer des commandes, assurer la logistique métropole /océan Indien, assurer les essais… » Des sous-traitants ont également été dépêchés sur place, à l’image de Snef, qui a géré la partie électricité.

Le Nivôse avant l'accident de 2014 (© : MARINE NATIONALE)
Des améliorations dont bénéficieront les autres frégates de surveillance
Alors que le Nivôse va pouvoir repartir en mission, que ce soit en océan Indien ou vers les Terres australes et antarctiques françaises (Taaf), les améliorations dont a bénéficié le bâtiment seront intégrées sur ses cinq sisterships au cours de leurs prochains arrêts techniques.
Pour mémoire, deux frégates de ce type sont basées à La Réunion (Floréal et Nivôse), deux aux Antilles (Ventôse et Germinal), une en Polynésie française (Prairial) et une en Nouvelle-Calédonie (Vendémiaire). Leur MCO est assuré depuis décembre 2011 par STX France et DCNS, le premier supervisant l’entretien des quatre frégates basées à Fort-de-France et Port des Galets, alors que le second pilote la maintenance des deux unités positionnées à Papeete et Nouméa. Initialement, ce marché de MCO, connu sous le nom de FS 12, devait courir jusqu’à la fin 2017 mais la durée entre deux arrêts techniques ayant été portée de 12 à 18 mois, le contrat a été allongé jusqu’à la mi-2018.