Le porte-avions brésilien São Paulo, ex-Foch français, a été victime d’une nouvelle avarie le 30 janvier. Deux jours après son appareillage pour des essais sur son système propulsif, une fuite de combustible s’est déclarée alors que le bâtiment se trouvait dans la baie de Guanabara, face à Rio de Janeiro. La marine a déployé des barrages flottants pour contenir la pollution et récupérer les hydrocarbures qui s’étaient échappés en mer suite à une rupture de canalisation. La veille, le porte-avions avait été victime d’une fuite de vapeur, touchant légèrement trois marins. Après une visite médicale, ceux-ci ont pu reprendre leur poste. Ces nouveaux incidents ont suscité quelques remous au Brésil, des membres d’équipage ayant initialement évoqué une situation dangereuse et des risques d’explosion. Alors que l’état-major a rapidement fait interdire tout appel vers l’extérieur, sachant que le São Paulo était au mouillage, l’ambiance à bord est apparue détestable. Ainsi, des militaires ont exprimé sous couvert d’anonymat leur ras le bol face aux problèmes rencontrés par le bâtiment, certains critiquant également les conditions de vie. Il n’y aurait par exemple plus de climatisation, alors que la température extérieure est actuellement de 37°.
Le São Paulo au mouillage le 30 janvier (© : DROITS RESERVES)
La presse brésilienne s’interroge logiquement sur l’état du São Paulo, qui a déjà été victime de plusieurs accidents graves. Ainsi, le site Poder Naval rappelle que depuis son rachat à la France, en 2000, l’ex-Foch, qui est entré en service en 1963, a connu pas moins de six incendies faisant quatre morts et 13 blessés, le dernier sinistre mortel remontant à 2012. Arrêté pendant plus de cinq ans pour des travaux de remise en état, de 2005 à 2010, l’unique porte-avions brésilien navigue très peu et fait aujourd’hui plus office de navire de prestige que d’unité réellement opérationnelle. D’autant que son parc aérien embarqué est lui-aussi très vieillissant, avec des avions de combat AF-1 Skyhawk et des hélicoptères SH-3 Sea King.
Dans le cadre de son grand plan de développement maritime, le Brésil envisage de construire deux nouveaux porte-avions d’ici le début des années 2030. Mais la situation économique du pays, actuellement délicate, risque de retarder ce projet, baptisé PRONAE. Surtout que le pays est déjà engagé dans des programmes navals majeurs, comme le renouvellement de sa flotte sous-marine par des unités conventionnelles du type Scorpène et un bâtiment à propulsion nucléaire.