A l’occasion de salon Euronaval, qui ouvre ses portes aujourd’hui au Bourget, Piriou lance toute une gamme de navires militaires allant jusqu’à 80 mètres. Une famille complète de patrouilleurs destinés à répondre aux besoins des marines en zones littorales comme en haute mer. Le constructeur breton, bien connu dans le secteur civil pour ses réalisations dans la pêche, le transport de passagers, le remorquage ou encore l’offshore, se lance donc dans le grand bain des bateaux gris. Une stratégie dictée par l’évolution du marché de la construction navale : « Jusqu’ici, le marché civil était suffisamment large mais, aujourd’hui, nous devons diversifier notre activité. Cela fait un moment que l’on fréquente la planète grise avec l’envie d’entrer sur ce marché pour la construction. Pour y parvenir, nous suivons la politique des petits pas. Nous nous sommes d’abord intéressés au secteur du maintien en condition opérationnelle des bâtiments militaires, afin de nous faire identifier et labelliser. Ce fut le cas avec le contrat de MCO des bâtiments école de la Marine nationale, que nous avons décroché fin 2010 et qui se déroule avec succès », explique Pascal Piriou.

Pascal Piriou (© : PIRIOU)
« Le positionnement sur le militaire est désormais stratégique »
Après cette étape initiale, un premier contrat de construction neuve a été signé en septembre, avec la commande d’un bâtiment de formation maritime dérivé du nouveau patrouilleur hauturier du type P43 conçu par Piriou. Construit à Concarneau, ce navire de 44 mètres, qui sera livré en septembre 2013 et servira à la formation des marins étrangers, sera exploité par navOcéan, une coentreprise de Piriou et DCI, société accompagnant la vente à l’export de matériels militaires français. « Ce bâtiment de formation maritime nous permet de faire un pas de plus vers les bateaux militaires. Il va nous permettre de nous faire identifier comme un constructeur autre que civil. Pour nous, le positionnement sur le militaire est désormais stratégique, ce n’est pas simplement une question d’opportunité. C’est pourquoi nous y dédions des moyens et que nous développons une gamme de bateaux. Nous pouvons nous développer sur ce secteur en profitant de notre savoir-faire sur les navires civils pour proposer des bâtiments robustes, économiques et adaptés aux besoins des marines. Nous sommes historiquement habitués à construire des bateaux travaillant loin de leurs bases et qui doivent donc être fiables. Nous avons, de plus, une véritable culture de proximité avec le client. Comme sur d’autres domaines, nous pouvons faire des bateaux sur mesure et nous adapter au cas par cas ».

Nouvelle gamme de patrouilleurs (© : PIRIOU)
Une gamme de navires de 26 à 80 mètres
Piriou ne vise pas le segment des bâtiments de combat mais celui des patrouilleurs, notamment hauturiers, qui intègrent des normes civiles. Comme pour l’offshore, le constructeur breton propose de décliner des modèles plus ou moins grands et équipés, en fonction des missions qui leurs sont dévolues. Ses plus grands modèles, les Multipurpose Offshore Patrol Vessels (MOPV), ont par exemple été conçus pour les grandes patrouilles hauturières. Longs de 60 à 80 mètres, ils disposent d’une plateforme hélicoptère, d’embarcations rapides et de locaux modulaires permettant une reconfiguration facile en fonction des missions. Déploiement de forces spéciales, lutte contre la pollution, hôpital embarqué dans le cadre d’une opération humanitaire… Les MOPV peuvent s’adapter à tous types de situations. La gamme militaire de Piriou comprend également des unités plus petites, avec des modèles de 26 mètres (W25), 35 mètres (P35), 44 mètres (P43) et 50 mètres (P50) plus ou moins rapides et plus ou moins armés pour assurer les différentes missions de l’action de l’Etat en mer : surveillance de l’espace maritime, protection des approches littorales et portuaires, police des pêches, lutte contre les trafics illicites et le banditisme en mer… Toutes les informations et caractéristiques de ces bâtiments sont à retrouver dans notre nouveau magazine Spécial Euronaval 2012.

MOPV 80(© : PIRIOU)

MOPV 60 (© : PIRIOU)

Patrouilleur du type P50 (© : PIRIOU)

Patrouilleur du type P43, dont est dérivé l'Almak (© : PIRIOU)

Patrouilleur du type P35 (© : PIRIOU)

Patrouilleur du type P25 (© : PIRIOU)
Le programme B2M et le marché international
Piriou a, notamment, répondu à l’appel d’offres du ministère de la Défense pour le programme des bâtiments multi-missions (B2M), des unités hauturières destinées à intervenir dans les grands espaces océaniques outre-mer, notamment en Polynésie. A ce titre, le constructeur propose le MOPV, inspiré des navires de services à l’offshore, endurants et robustes. Mais Piriou, s’il souhaite se positionner sur le marché national, vise aussi l’export. Pour cela, le groupe va s’appuyer sur son implantation à l’international, avec ses filiales WAS et SEAS au Nigéria et au Vietnam. « Nous sommes très présents à l’étranger dans les domaines de l’offshore et de la pêche et, dans les régions où nous sommes implantés, on constate un renforcement des moyens de l’action de l’Etat en mer, beaucoup de pays ayant besoin de bâtiments de surveillance. Des bateaux construits notamment aux normes civiles, afin de réduire les coûts. Nous avons toutes les compétences pour répondre à ce besoin et nous travaillons déjà sur certains projets », souligne Pascal Piriou.

Patrouilleur du type MOPV 60 (© : PIRIOU)
Alliance entre chantiers français
En devenant un nouvel acteur du naval militaire en France, Piriou pénètre dans un secteur très concurrentiel ou plusieurs acteurs sont déjà positionnés. Il y a, bien entendu, DCNS, mais aussi d’autres sociétés, comme CMN, Raidco Marine, Ocea ou encore Socarenam. Pour autant, Pascal Piriou pense que son groupe a une carte à jouer et se dit un fervent partisan des alliances. « Nous sommes complémentaires de plusieurs de ces acteurs car nous nous plaçons sur une gamme de navires moins "guerriers" car plus faiblement armés. Pour le reste, je pense que les chantiers français ont tout intérêt à travailler ensemble sur une base non hégémonique, car chacun a des atouts à apporter. On peut imaginer des alliances sur de grands programmes, (comme BATSIMAR bâtiments de surveillance et d’intervention maritime dont la marine souhaite faire construire 18 exemplaires, ndlr), plutôt que de se lancer dans une concurrence meurtrière. Il peut y avoir du travail pour tout le monde, notamment à l’export et je pense qu’il vaut mieux avoir 20% de quelque chose que 100% de rien du tout. Il faudra voir le moment venu, projet par projet, qui est le mieux placé pour coordonner un groupement. Sans revendiquer une quelconque position de leader, il est en tous cas certain que Piriou veut faire partie du jeu avec les atouts spécifiques qui sont les siens notamment son positionnement très international ».