C’est l’offre du chantier concarnois qui a semble-t-il été choisie par le ministère de la Défense pour le programme des bâtiments de soutien et d’assistance hauturiers (BSAH). La cible est de quatre unités, avec une première commande ferme de deux bâtiments et des options pour les suivants. La livraison de la tête de série est prévue d’ici la fin 2017. Pour l’heure, la Direction Générale de l’Armement ne confirme pas l’information, ce qui est logique dans la mesure où le processus d’appel d’offres (et notamment les délais de recours des candidats non retenus) n’est pas encore totalement achevé. La notification du contrat et son officialisation devraient, si tout va bien, intervenir d’ici l’été.
Destinés à la Marine nationale, les BSAH, qui adopteront un design inspiré des navires de service à l’offshore, remplaceront les remorqueurs de haute mer (RHM) Tenace (1973) et Malabar (1976), le remorqueur ravitailleur (RR) Revi (1985), ainsi que les bâtiments de soutien de région (BSR) Chevreuil (1977), Elan et Gazelle (1978).

B2M (© : PIRIOU)
Concarneau devient un chantier de bateaux gris
Pour Piriou, qui était en compétition sur ce dossier avec STX France et le groupe néerlandais Damen, cette commande constitue évidemment une très bonne nouvelle. Elle complète celle des bâtiments multi-missions (B2M), dont la tête de série sera livrée à la marine française au mois d’octobre. Alors que ses deux premiers sisterships suivront en 2016, un quatrième B2M va être commandé suite à la réactualisation de la loi de programmation militaire. Ce bâtiment, qui devrait entrer en flotte en 2017, sera exclusivement financé par le ministère de la Défense et se substitue au défunt projet interministériel B3M, qui n’a pas abouti.
On notera que les marchés publics, et plus particulièrement celles de la flotte française, constituent désormais l’essentiel du carnet de commandes de Piriou à Concarneau, prouvant que le constructeur breton, en attendant que les autres marchés se redressent, a eu raison de se diversifier dans le secteur militaire pour remplir son site historique.

L'Astrolabe (© : IPEV)
Le remplaçant de l’Astrolabe et de l’Albatros
Le chantier finistérien est actuellement en lice pour d’autres commandes publiques, notamment celle portant sur le nouveau ferry du Conseil général du Morbihan et celle du Polar Logistic Vessel. Le PLV remplacera deux unités : l’Astrolabe, affrété par l’Institut Polaire Paul Emile Victor (IPEV) pour ravitailler la base Dumont d’Urville en Antarctique, ainsi que du patrouilleur austral Albatros de la Marine nationale.
L'Albatros (© : PATRICK SORBY)
La commande du PVL, qui doit être livré en juin 2017, devrait être prochainement notifiée. Le navire sera acquis par l’administration des Terres australes et antarctiques françaises (Taaf), son armement étant assuré par la marine. Quant à l’IPEV, il l’affrètera pendant l’été austral pour assurer, comme aujourd’hui avec l’Astrolabe, le soutien logistique de Dumont d’Urville. Le reste du temps, le navire effectuera des missions de surveillance et de police des pêches autour des districts austraux (Kerguelen, Crozet, Saint-Paul et Amsterdam). Une double mission qui fait du PLV un bateau complexe. La réalisation du navire, doté notamment d’une coque brise-glace, s’annonce déjà comme un challenge technique et, compte tenu de l’importance des missions, notamment en Antarctique, le niveau d’exigence devrait être très élevé. Pour ce projet, Piriou, qui n’a pas d’expérience sur ce type de bateau mais s’est allié avec un bureau d’études finlandais, fait face à des compétiteurs de premier plan, en l’occurrence des chantiers d’Europe du nord spécialisés dans les navires polaires.