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Nouvelle plongée dans les archives avec, aujourd’hui, des photos de Jean-Louis Venne prises en 2008.  Pour la première fois, et ce sera la dernière, la base navale de Toulon accueille cette année-là le croiseur Moskva, navire amiral de la flotte russe de la mer Noire, puis la frégate Hetman Sahaidachny, principale unité de la marine ukrainienne. A l’époque, les deux bâtiments, comme l’essentiel des navires militaires ukrainiens et russes déployés en mer Noire, cohabitent dans la base navale de Sébastopol, en Crimée, que Moscou n’a pas encore décidé d’envahir. Mais il y a déjà des tensions et certaines orientations marquantes, comme le fait que l’Hetman Sahaidachny participe en 2008, pour la première fois, à l’opération Active Endeavour de l’OTAN. La frégate arbore d’ailleurs, sur ses superstructures, le blason de l’Alliance Atlantique, comme en témoignent les photos de son arrivée à Toulon fin juillet 2008.

 

© JEAN-LOUIS VENNE

La frégate ukrainienne arborant le blason de l'OTAN lors de son escale à Toulon en juillet 2008. 

 

Quelques jours plus tard, la Russie entrera en guerre avec la Géorgie, envahissant la province séparatiste d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie, marquant le début d’un tournant politique à Moscou. Le Moskva, lui, avait fait relâche dans la base navale varoise en février 2008.

Quinze ans plus tard, la Crimée est devenue russe après l’invasion de 2014 et une guerre sans merci se déroule depuis un an maintenant en Ukraine, sur laquelle Moscou a lancé son « opération militaire spéciale » le 24 février 2022. Symboles de ce conflit, les deux bâtiments amiraux venus à Toulon en 2008 ont disparu, victimes de la guerre. L’Hetman Sahaidachny, ex-frégate soviétique transférée à l’Ukraine après l’indépendance du pays en 1991, a été sabordé au tout début de l’attaque russe, dans les premiers jours de mars 2022. Le bâtiment était alors en arrêt technique à Mykolaïv, incapable de prendre la mer. Malgré son importance en tant que principale unité de leur flotte, les Ukrainiens, dans l’impossibilité de l’évacuer, ont décidé de le couler pour éviter qu’il tombe aux mains des troupes russes, dont l’avancée semble alors inexorable. Bien peu d’experts misaient d’ailleurs, à ce moment-là, sur les chances ukrainiennes de repousser le rouleau compresseur russe. Mais quelques semaines plus tard, il devient évident que l’invasion sera beaucoup plus difficile qu’escompté par Moscou, qui a subi ses premiers revers. L’un d’eux, majeur, est la perte du Moskva, qui aura survécu un peu plus d’un mois au bâtiment amiral ukrainien. Le croiseur russe sombre le 14 avril après avoir été frappé la veille par deux missiles antinavire ukrainiens alors qu’il évoluait au large d’Odessa.  

 

© JEAN-LOUIS VENNE

Le croiseur russe Moskva arrivant à Toulon le 1er février 2008. 

 

Le croiseur Moskva

Premier croiseur de la classe Slava (« Gloire » en Français), nom qu’il portait initialement, le Moskva a été construit aux chantiers de Mykolaïv, où il a été mis sur cale en octobre 1976 et lancé en juillet 1979. Son admission au service actif dans la marine soviétique intervient en décembre 1982. Conçu en pleine guerre froide, cet imposant bâtiment de 186.4 mètres de long pour une largeur de 20.8 mètres et un déplacement de plus de 11.500 tonnes en charge avait été imaginé pour s’opposer aux porte-avions américains, avec de puissants moyens de détection, de défense aérienne et de lutte antinavire.

Son armement, très conséquent, comprend 16 imposants missiles antinavire SS-N-12, de près de 12 mètres et long et 5 tonnes, dont la portée est supérieure à 500 kilomètres. Ils sont placés de part et d’autre des superstructures, en huit rampes doubles. Le Moskva est par ailleurs équipé de huit systèmes surface-air SA-N-6 (64 missiles), deux systèmes surface-air SA-N-4 (40 missiles), une tourelle double de 130 mm, six canons multitubes de 30 mm, deux lance-roquettes anti-sous-marins et dix tubes lance-torpilles. Un hangar permet de loger un hélicoptère Helix. Le croiseur, armé par environ 500 marins, est doté d’un appareil propulsif développant plus de 120.000 cv, avec six turbines à gaz, ce qui lui permet de dépasser les 30 nœuds en vitesse de pointe.

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