Cette mission a un goût d'antan, à l'époque, pas si lointaine, où la majorité des îles de Polynésie Française ne possédait pas encore de pistes d'aviation, où les flottes de satellites de télécommunication n'existaient pas et pour qui la visite des bâtiments de la Marine nationale était le seul lien avec Tahiti et la France. La majorité des îles vivaient alors en autarcie presque complète. Aujourd'hui, une poignée d'îles résistent encore et toujours à la modernité galopante, sans doute moins par choix que par leur isolement et leur éloignement des voies maritimes. Pourtant ces insulaires ne sont pas abandonnés par l'Etat qui assure ses devoirs de service public, notamment, lors des tournées administratives : soins, droit de vote, éducation, infrastructures de base (écoles, abris cycloniques...) Ainsi, le patrouilleur Arago, basé en Polynésie, a transporté une délégation civile de l'administration (docteur, dentiste, infirmière, inspecteur de l'éducation nationale, gendarme, fonctionnaires de l'équipement...) vers les atolls de Hereheretue et de Tematangi. Ces deux atolls sont situés très au sud des grandes îles de l'archipel des Tuamotu et seulement desservis, de temps à autres, par un petit caboteur. La baleinière passe la barrière de corail avec la houle (© : MARINE NATIONALE) L'accès sur ces îles sans passe se fait par dessus la barrière de corail, grâce à une baleinière, une embarcation simple et robuste, à fond plat, maniée par la main experte des baleiniers polynésiens. L'accueil de la délégation civile et des marins mis à terre, par la trentaine d'insulaires, est à la hauteur des services essentiels, tant attendus, et de la distraction offerte par la visite d'un bateau, raconte l'équipage de l'Arago. Le village entier est rassemblé pour souhaiter la bienvenue par des colliers de fleurs, les écoliers chantent la Marseillaise et hissent les trois couleurs et le repas en commun est toujours haut en couleur. Pendant que le médecin et le dentiste sont assaillis par les patients, que les écoles, les abris, la production d'eau douce et d'électricité sont inspectés, les marins ne sont pas en reste. Mécanique, électricité, informatique, le travail ne manque pas, et les quelques chanceux ayant pu aller à terre, s'investissent sans compter ... avant de prendre une embarcation locale pour visiter l'île et son lagon. Ils récupèrent aussi les conteneurs aéro-largés, par les avions de surveillance maritime Gardians, qui ont transporté les bulletins de vote et ont, ainsi, permis à ces îles de s'exprimer, comme dans toute la République, à l'élection présidentielle et bientôt aux législatives. A l'issue de cette mission de soutien, l'Arago a mis le cap vers l'ouest pour une patrouille dans l'archipel des Iles sous le Vent puis dans les Iles Cook, sous souveraineté néo-zélandaise. (© : MARINE NATIONALE)
Polynésie : L'Arago en soutien des populations isolées
Par
Vincent Groizeleau
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03/06/2012

© MARINE NATIONALE