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Ce sera l’un des principaux concurrents de la frégate de taille intermédiaire (FTI) française, dont DCNS doit livrer le premier exemplaire à la Marine nationale en 2023 (*). Appelé officiellement patrouilleur polyvalent hauturier, le Pattugliatori Polivalenti d’Altura (PPA) italien, qui verra le jour en 2021 et doit être réalisé à 10 exemplaires, sera bel et bien une frégate et, qui plus est, une plateforme particulièrement équipée.

Plus compact mais aussi équipé que les FREMM

A l’instar de la France, l’Italie a décidé de concevoir un bâtiment plus compact que les frégates lourdes du type FREMM, le déplacement de la version italienne atteignant 6700 tonnes en charge pour une longueur de 144 mètres (contre 142 mètres et 6000 tonnes pour la FREMM française).

Long de 126 mètres pour une largeur de 16 mètres, le futur PPA aura un déplacement estimé à 4500 tonnes. Les premières vues et informations diffusées depuis l’annonce du lancement du programme, le mois dernier, montrent un bâtiment doté de nombreux équipements et d’un armement conséquent, au moins équivalent à celui des FREMM.

Radar multifonctions à faces planes

Le bloc passerelle intègre, ainsi, un radar multifonctions à faces planes. L’Italie, comme la France, veut donc développer ce type d’antenne offrant une vision panoramique permanente. En matière d’armement, le PPA devrait mettre en œuvre 8 missiles antinavire, ainsi qu’un système surface-air basé sur deux à quatre lanceurs verticaux Sylver, soit en tout 16 à 32 cellules.

Importantes capacités antiaériennes

Alors que les FREMM italiennes sont dotées de missiles Aster 15, les choix pourraient être différents pour les PPA. Compte tenu de l’évolution des menaces aériennes, dont les attaques saturantes pouvant notamment être menées avec des missiles antinavires légers mis en œuvre par des aéronefs,  les marins italiens réfléchissent en effet à la possibilité de combiner des missiles surface-air à longue portée (Aster 30) et des missiles à courte portée CAAM. Les Italiens réfléchissent en outre à pouvoir mettre en œuvre sur leurs futures frégates l’Aster Block1 NT, conçu pour la défense anti-missile balistique (DAMB).

La lutte ASM en option

Le reste de l’armement comprendra une tourelle de 127mm, deux de 76mm, ainsi que deux canons télé-opérés de 25mm. Le hangar sera dimensionné pour accueillir deux hélicoptères de type Merlin, qui pourront mettre en œuvre des moyens anti-sous-marin et surtout des missiles antinavire Marte. En matière de lutte ASM, en revanche, aucune indication n’a été donnée. On ne sait pas si les PPA italiens disposeront de tubes lance-torpilles et, surtout, quelles seront leurs capacités de détection. Celles-ci pourraient se limiter à un sonar de coque. Toutefois, les bâtiments disposeront d’espace à l’arrière, permettant, pour les besoins de la marine italienne ou pour l’export, d’intégrer un sonar remorqué.

Zones modulaires

La partie arrière située sous le pont d’envol est, en fait, conçue comme une zone modulaire, reconfigurable selon les besoins opérationnels. Grâce à une rampe à la poupe, cet espace pourra servir à la mise en œuvre de semi-rigides, complétant les deux grandes embarcations de 11 mètres sous bossoirs. Mais il pourra aussi accueillir des modules résidentiels ou sanitaires, avec une capacité de stockage de 5 conteneurs de 20 pieds. Ces derniers pourront être embarqués et débarqués au moyen d’un système de manutention se déployant via une porte dans le bordé. Une seconde zone modulaire, dotée d’une grue,  se situera au centre du bâtiment, avec la possibilité de loger 8 conteneurs.

En matière d’équipage, les bâtiments de ce type seront armés par 90 marins mais disposeront de logements pour 200 personnes.

Côté propulsion, les PPA adopteront une architecture CODAG (combined diesel and gas), avec deux diesel-générateurs, deux moteurs électriques et une turbine à gaz, offrant une vitesse pouvant atteindre 31 nœuds. 

Deux variantes sur une même plateforme

Les PPA doivent en fait comprendre deux variantes. Peu armée, la version de base sera dédiée aux missions de surveillance et de patrouille maritime, ainsi qu’au sauvetage en mer, au recueil de migrants, à la lutte contre les trafics illicites ou encore la police des pêches. Au-delà des missions liées à l’action de l’Etat en mer, ces bâtiments pourront également être employés dans des opérations de protection civile, notamment sur les zones côtières touchées par des catastrophes naturelles. A cet effet, ils pourront s’appuyer sur leurs zones modulaires, mais aussi sur une capacité de distribution d’eau potable, permettant de subvenir aux besoins de 6000 personnes, ainsi qu’un système de fourniture de courant à terre d’une puissance de 2000 kW.

L’autre variante de la nouvelle frégate italienne sera, pour sa part, bien plus guerrière et intègrera l’ensemble des équipements décrits plus haut. On notera que les premières vues diffusées montrent un design furtif à l’allure assez inhabituelle, avec la présence, sur le bloc passerelle, d’une sorte de cockpit surplombant la plage avant. On imagine que les Italiens, généralement réputés pour produire de beaux bateaux, vont affiner les lignes du PPA, qui pour l'heure est loin de figurer parmi les canons de l'architecture navale... 

Les 6 premières unités livrables entre 2021 et 2025

10 PPA doivent donc être construits, avec une première commande de 6 bâtiments. Ils seront réalisés par le chantier Fincantieri de Muggiano et doivent être livrés en 2021, 2022, 2023, 2024 (deux unités) et 2025. 

(*) Voir notre article sur le programme FTI

 

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