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En déplacement aux Etats-Unis, Philip Hammond, ministre britannique de la défense, a signé le 5 janvier avec son homologue américain, Leon Panetta, une lettre d'intention en matière de coopération autour des porte-avions. L'accord prévoit que les Américains apportent leur aide aux Britanniques dans le domaine de la formation et de l'entrainement des pilotes. Fin 2010, Londres a, en effet, décidé d'abandonner le concept des bâtiments dotés d'un tremplin pour la mise en oeuvre d'avions à décollage court et appontage vertical, au profit d'un porte-avions doté de catapultes, d'une piste oblique et de brins d'arrêt. Cette décision se traduit par l'abandon, pour la Grande-Bretagne, de la version F-35B du Joint Strike Fighter (JSF), auquel doit se substituer, au sein de la Fleet Air Arm, le F-35C, qui sera également déployé sur les porte-avions américains. Les porte-avions britanniques devaient disposer du F-35B (© : THALES) Le futur porte-avions britannique à catapultes (© : THALES) Coopération avec les Etats-Unis et la France Cette « communalité » de moyens justifie le rapprochement entre Londres et Washington, une voie évoquée dès l'an dernier par le gouvernement britannique. Ce dernier avait également affirmé son souhait de se rapprocher des Français, seuls à disposer avec les Etats-Unis d'un porte-avions à catapultes. A l'avenir, les avions de combat et de guet aérien embarqués français et britanniques pourront donc opérer sur les porte-avions de la Marine nationale et de la Royal Navy. Cette capacité sera très intéressante pour renforcer l'interopérabilité des deux forces de projection des deux pays, et maintenir les niveaux d'entrainement et de qualification des pilotes lors des arrêts techniques du porte-avions français ou de son homologue britannique (la Royal Navy ne conservera qu'un porte-avions sur les deux en construction, le premier gardant le design initial avec tremplin. Le HMS Queen Elizabeth, prévu pour être livré vers 2015/2016, ne servira que de porte-hélicoptères en attendant l'arrivée vers 2018 du HMS Prince of Wales, dont les plans ont été modifiés pour l'embarquement d'avions catapultés). Malgré la perspective d'une coopération franco-britannique, qui pourrait se traduire à terme par le déploiement d'un corps expéditionnaire binational, le rapprochement sur ce sujet avec les USA est indispensable pour la Royal Navy. En effet, les Américains sont aujourd'hui les seuls à disposer de moyens de formation pour l'aviation embarquée sur porte-avions à catapultes. Même les Français, après le retrait du service, en 1994, de l'avion école Fouga Zéphyr (version embarquée du Fouga Magister), ont décidé d'envoyer leurs pilotes de chasse suivre leur formation initiale aux Etats-Unis, où ils réalisent leurs premiers appontages et catapultages sur les porte-avions de l'US Navy à bord d'avions d'entrainement T-45 Goshawk.

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© US NAVY
T-45 Goshawk à l'appontage (© : THALES) Le futur F-35 britannique (© : ROYAL NAVY) Inquiétudes autour du programme JSF En dehors de la lettre d'intention en matière de porte-avions, Philip Hammond a profité de sa visite aux Etats-Unis pour exprimer l'inquiétude de la Grande-Bretagne au sujet du programme JSF, qui accumule les retards et les surcoûts. Londres craint, en effet, que les restrictions budgétaires devant être imposées au Pentagone (487 milliards de dollars sur 10 ans) n'impactent le F-35. Alors que l'opinion publique anglaise s'interroge sur la volte-face du gouvernement concernant le passage du F-35B au F-35C, ce qui privera la Royal Navy d'une aviation embarquée jusqu'en 2018 au moins, Philip Hammond estime qu'un nouveau retard dans le programme, ou une réduction du nombre d'appareils devant être acquis par les forces américaines aboutissant au renchérissement du coût unitaire des avions, serait « inquiétant ». Evidemment, il y a bien une solution de secours, qui consisterait pour Londres à abandonner le F-35 pour adopter le Rafale de Dassault Aviation. Mais une telle décision, qui n'est pas forcément à exclure si le programme JSF tourne au vinaigre, constituerait une décision politique majeure de la Grande-Bretagne par rapport à son partenaire historique. Et il faudrait, pour Londres, assumer les conséquences de ce revirement face aux Américains. Rafale au catapultage sur le Charles de Gaulle (© : MARINE NATIONALE)

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