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Appelé à compléter puis renouveler l’aviation de combat française et allemande, y compris la chasse embarquée sur porte-avions, le programme SCAF (système de combat aérien du futur) est sur les rails. C’est ce qu’ont souhaité démontrer hier la ministre des Armées Florence Parly et son homologue allemande Ursula von der Leyen. A l’occasion d’une visite commune sur le site Safran de Gennevilliers, en région parisienne, elles ont annoncé la notification du tout premier contrat relatif à ce programme. D’une valeur de 65 millions d’euros, il s’agit d’un contrat d’étude commune de concept et d’architecture qui a été notifié par la Direction Générale de l’Armement (DGA) à Dassault Aviation et Airbus Defence and Space.  

Deux ans et demi de discussions entre la France et l'Allemagne

Pour mémoire, après l'échec en marge du Brexit d'une première coopération entre la France et le Royaume-Uni, le projet SCAF a été annoncé le 13 juillet 2017 lors d’un Conseil des ministres franco-allemand qui s’était tenu à Paris. Le 24 avril 2018, à l’occasion du salon aéronautique ILA de Berlin, un accord définissant les besoins opérationnels des deux pays, le HL CORD (High Level Common Operational Requirements Document), était paraphé. Il avait été suivi le 19 juin par l’annonce de la signature d’une lettre d’intention sur le SCAF par Florence Parly et Ursula von der Leyen. Un certain nombre de difficultés avaient émergé en cours de route, notamment sur la question du leadership industriel que se disputaient Dassault côté français et Airbus côté allemand, sans parler des équipementiers des deux pays, à commencer par les motoristes. Les deux ministres ont fini par clarifier les choses le 19 novembre dernier, en marge d’un Conseil européen à Bruxelles. Il a alors été acté que l’étude de concept et d’architecture serait confiée en co-leadership à Airbus et Dassault. Parallèlement, Safran pilotera l’étude du démonstrateur « moteur », avec MTU en sous-traitant. Enfin, Dassault sera leader de l’étude de démonstrateur « avion » avec Airbus en sous-traitant. « Quand nous avons, en juillet 2017, imaginé ce projet majeur pour nos deux pays, et pour toute l’Europe, beaucoup étaient sceptiques, ironiques, voire moqueurs. Nous l’avons construit pas à pas, en nous accordant sur les spécifications de ce système, en encourageant nos industriels à travailler ensemble. Beaucoup reste à faire, mais notre détermination est totale, car elle se fonde sur la conviction inébranlable que l’union entre nos deux pays nous rend plus forts », a déclaré hier Florence Parly.

 

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© DASSAULT AVIATION - A. PECCHI

Un Rafale Marine avec le démonstrateur Neuron survolant le Charles de Gaulle (© : DASSAULT AVIATION - ANTHONY PECCHI)

 

Conceptualiser les capacités et réaliser des démonstrateurs

L’étude commune qui vient d’être notifiée est basée sur le document HL CORD, ainsi que sur les études de concept nationales respectives, à l’instar du démonstrateur de drone de combat furtif Neuron conduite par Dassault. « Elle vise à conceptualiser les différentes capacités du SCAF et à jeter les bases de leur définition et industrialisation future, en vue d’une capacité opérationnelle complète à l’horizon 2040. Dans cette optique, des programmes de démonstrateurs seront préparés et lancés à l’occasion du Salon aéronautique du Bourget en juin 2019 », précise l’avionneur français.

 

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© DASSAULT AVIATION

Maquette du futur avion de combat (© : DASSAULT AVIATION)

 

Un programme stratégique pour les industriels et les armées

Son président, Eric Trappier, souligne le caractère stratégique de ce contrat et plus globalement du SCAF, qui doit permettre aux industriels, et donc aux forces aériennes françaises et allemandes, de se maintenir au meilleur niveau mondial : « Cette nouvelle mesure est un élément fondamental pour assurer l’autonomie stratégique européenne de demain. Dassault Aviation mobilisera ses compétences d’architecte et d’Intégrateur systèmes pour répondre aux besoins des Nations et permettre à notre continent de rester à l’avant-garde du domaine primordial des systèmes de combat aérien ». Même son de cloche chez Dirk Hoke, président exécutif (CEO) d’Airbus Defence and Space : « Le SCAF est l’un des plus ambitieux programmes de défense européens du siècle. Avec la signature du contrat, nous allons enfin mettre en marche ce programme de haute technologie. Les deux entreprises s’engagent à fournir à nos Nations les meilleures solutions en ce qui concerne l’avion de combat de prochaine génération et les systèmes de systèmes qui l’accompagneront ».

Engagement collaboratif d'avions de combat, d'essaims de drones et d'armements 

Pour mémoire, le système d’armes prévu dans le cadre du SCAF se composera d’un avion de combat de prochaine génération ultra performant collaborant avec un ensemble d’armements (dont de futurs missiles de croisière) à la fois nouveaux ou modernisés, et d’un essaim de drones interconnectés par un Cloud de Combat et un écosystème intégré dans une architecture dédiée de type systèmes de systèmes.

Le SCAF devra non seulement répondre aux besoins de l’armée de l’air et de la Luftwaffe, mais aussi à ceux de la Marine nationale et devra donc pouvoir embarquer sur porte-avions. Furtif et capable de traiter les menaces à venir, le futur avion de combat sera appelé à remplacer les Mirage 2000 et Tornado français et allemands, puis les Rafale et Eurofighter Typhoon. « Le SCAF est un projet concret, emblématique de la convergence militaire entre nos deux pays. C’est un accord exceptionnel pour nos opérations aériennes, à l’aube d’une révolution de nos modes de combats, de nos équipements. Nous entamons aujourd’hui une étape décisive pour l’Europe de la défense et pour notre belle coopération franco-allemande », s’est félicitée hier Florence Parly.

Nouvelles aubes de turbine

En ce qui concerne le démonstrateur « moteur », la ministre a précisé que l’objectif était de lancer en juin prochain les travaux de conception. « Au même moment seront également lancés d’autres travaux concernant l’avion de nouvelle génération lui-même ».

En attendant, Florence Parly a inauguré hier pendant sa visite à Gennevilliers la nouvelle plateforme de Safran dédiée au développement de pièces critiques de la propulsion des avions, en l'occurence des aubes de turbine. Et en a profité pour annoncer la notification à l’industriel d’un contrat d’études amont de 115 millions d’euros pour des aubes de nouvelle génération (études dites « Turenne 2 »). Ces études permettront de gagner 150 degrés d’ici 2025 sur la température des turbines haute pression des moteur. « Aujourd’hui, un moteur de Rafale supporte une température déjà très élevée d’environ 1850 degrés, il s’agit de rendre un moteur capable de supporter une température d’environ 2000 degrés. Ce type de développement technologique est essentiel pour le développement du moteur de l’avion de combat du futur », explique le ministère des Armées.

 

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