Bâtiment amiral de la force Atalante durant quatre mois, le transport de chalands de débarquement Siroco a regagné Toulon le 17 avril. Du 6 décembre au 6 avril, le TCD de la Marine nationale fut au cœur du dispositif européen de lutte contre la piraterie au large de la Corne d’Afrique. A la mer, les opérations étaient dirigées depuis le Siroco par le contre-amiral Hervé Bléjean et son état-major international (avec des officiers provenant de neuf pays), la France ayant à cette occasion pris pour la troisième fois, depuis le lancement d’Atalante fin 2008, le commandement de l’EU-NAVFOR, aussi appelée Task Force 465. Celle-ci a pour mission de protéger le trafic maritime dans la zone, notamment le golfe d’Aden, où transitent les navires de commerce assurant les approvisionnant l’Europe, mais aussi de couvrir les cargos acheminant à destination de la population somalienne l’aide humanitaire du Programme Alimentaire Mondial (PAM). Enfin, Atalante contribue à la dissuasion, la prévention et la répression des actes de piraterie et des vols à main armée dans le secteur.

Le Siroco au nord de la mer Rouge, le 11 avril (© MER ET MARINE - V. GROIZELEAU)

Le Siroco au nord de la mer Rouge, le 11 avril (© MER ET MARINE - V. GROIZELEAU)
Effondrement du nombre d’attaques
Grâce à l’action conjointe et à la coopération entre les marines européennes au sein de cette mission, mais aussi celles de l’OTAN (opération Ocean Shield), de la TF 151 emmenée par les Etats-Unis et les déploiements dans la zone de bâtiments russes, chinois, indiens, japonais ou encore sud-coréens (comme la frégate sud-coréenne Gang Gam Chan et le patrouilleur indien Savitri, qui étaient en escale dans le port omanais de Salalah le 5 avril), la piraterie a pu être contenue au large de la Somalie. Avec des résultats spectaculaires puisque qu’après un pic de plus de 250 attaques en 2009, près d’une sur cinq s’étant soldée par un détournement, la pression militaire a commencé à se faire sentir en 2010 et 2011, années où les assauts ont commencé à diminuer.

Frégate sud-coréenne à Salalah (© MER ET MARINE - V. GROIZELEAU)

Patrouilleur indien à Salalah (© MER ET MARINE - V. GROIZELEAU)
Mais c’est en 2012, avec le renforcement significatif des moyens déployés, l’adoption de nouvelles tactiques de lutte, la montée en puissance d’un cadre juridique pour juger et incarcérer les pirates appréhendés, ainsi que la généralisation des procédures de protection des navires marchands, que le nombre d’attaques s’est effondré. Les contre-mesures mises en oeuvre et la peur d'être intercepté et emprisonné a progressivement joué sur le moral des assaillants, alors que la relative stabilisation des provinces somaliennes du Puntland et du Somaliland a contribué à réduire le champ d'action terrestre des pirates. Au final, l’an dernier, on ne recensait plus qu’une petite dizaine de tentatives de détournement, aucune n’ayant réussi.

(© MARINE NATIONALE)

(© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)
La menace toujours présente
Malgré tout, les marines impliquées dans la lutte contre la piraterie maintiennent la pression, sachant que tout relâchement de l’effort pourrait entrainer une résurgence du phénomène. Dans cette perspective, l’Union Européenne a, le 23 mars 2012, reconduit l’opération Atalante jusqu’en décembre 2014. Les moyens sont néanmoins adaptés, le dispositif ayant été significativement réduit par rapport aux débuts. Ainsi, sur la période où le Siroco était bâtiment amiral, l’EU-NAVFOR ne comptait que trois à quatre unités de surface et trois à cinq avions de surveillance et de patrouille maritime, dont un Atlantique 2 de la Marine nationale intervenant ponctuellement depuis Djibouti.
Si, depuis le début de l’année, les attaques ont été quasi-inexistantes, les pirates rôdent néanmoins toujours dans ces eaux. Pour preuve, le Siroco a intercepté le 18 janvier, à la sortie du Golfe d’Aden, un boutre indien détourné et servant de bateau-mère à un groupe de pirates, qui avait tenté la veille d'aborder un navire de commerce. Menée avec succès grâce à l'action combinée d'Atalante et de la marine japonaise, qui a pisté les pirates avec un avion de patrouille maritime et l'hélicoptère d'une frégate, l'opération s'est soldée par l'interpellation de cinq hommes et la libération des onze membres d’équipage du Shane Hind. Les individus appréhendés et transférés sur le Siroco ont ensuite été remis aux autorités des Seychelles, où ils seront jugés.

Interception du Shane Hind le 18 janvier (© MARINE NATIONALE)
Une activité très dense et variée
En dehors de cette opération, le TCD français, comme les autres bâtiments européens de la TF 465, a œuvré durant quatre mois, au sein d’Atalante, à la surveillance de la zone et la protection des navires « vulnérables », tout en participant à la mission de l’Union européenne chargée du renforcement des capacités maritimes régionales dans la corne de l’Afrique et l’océan indien occidental (EUCAP Nestor). Différentes actions de coopération et d’échanges avec les autorités des pays riverains ont été menées. Ainsi, après une rencontre avec les autorités du Somaliland le 15 décembre, le Siroco a participé en février au programme de formation des garde-côtes mauriciens. Alors que la piraterie est désormais contenue, l'Union Européenne souhaite, en effet, aider les pays de la zone à profiter de ce calme relatif pour s'organiser et se donner les moyens de contribuer à la maîtrise de l'espace maritime régional. Parmi les actions initiées par les marines participant à Atalante, des formations sont dispensées dans différents pays. Ce fut donc le cas pour le Siroco à Maurice, où 16 stagiaires ont été formés à la lutte contre la piraterie (avec un financement de la Commission de l'Ocean Indien - COI), mais également lors des escales du bâtiment en Tanzanie, à Djibouti ou encore aux Seychelles.

Les autorités du Somaliland à bord du Siroco (© MARINE NATIONALE)

Fin de formation des garde-côtes mauriciens (© MARINE NATIONALE)
Le déploiement du TCD a, par ailleurs, été marqué en mars par des manœuvres avec la marine chinoise, qui déployait sur zone une frégate et un pétrolier-ravitailleur. Impliquant également la frégate allemande Sachsen, l'exercice Golden Stars est présenté comme le plus pointu réalisé jusqu'ici avec des forces navales occidentales, ce qui est considéré par les Français comme une marque de confiance de la part des Chinois. Préparé à bord du Siroco, Golden Stars a notamment comporté des présentations de ravitaillement à la mer, des évolutions tactiques et des tirs d'armes légères.
Enfin, on notera que le Siroco a participé à une opération de sauvetage au profit d’un pêcheur vietnamien. Gravement blessé, cet homme, dont le pronostic vital était engagé, a bénéficié d’une évacuation médicale grâce à l’un des hélicoptères embarqués sur le TCD.

Exercice Golden Stars avec les Chinois (© MARINE NATIONALE)

Prise en charge médicale d'un pêcheur vietnamien (© MARINE NATIONALE)
Les Allemands prennent le relais
C’est donc au terme d’un déploiement très riche que le bâtiment français et son équipage, emmené par le capitaine de vaisseau Jean-Marc Le Quilliec, a passé le flambeau à la frégate allemande Brandenburg, le contre-amiral Jürgen zur Mühlen ayant succédé au CA Hervé Bléjean à la tête de l’état-major de l’EU-NAVFOR. La cérémonie de prise de commandement s’est déroulée le 6 avril à Djibouti, l’Allemagne, qui commande pour la deuxième fois la force, ayant mobilisé en plus de la frégate le ravitailleur Rhön et un avion de patrouille maritime P-3C Orion.

La frégate allemande Brandenburg (© EU-NAVFOR)
La TF 465 compte par ailleurs, en ce moment, la frégate grecque Apsara, le patrouilleur espagnol Relampago, mais aussi la frégate française Floréal. Basée à La Réunion, celle-ci a appareillé le 14 avril pour deux mois et demi de mission au profit de l’opération Atalante.

Le Floréal appareillant de La Réunion le 14 avril (© PATRICK SORBY)
300 militaires à bord
Quant au Siroco, une fois sa mission accomplie, il a remonté la mer Rouge afin de franchir le canal de Suez le 12 avril, à la tête d’un convoi comprenant notamment les paquebots Costa Deliziosa, Voyager et Ocean Dream. Puis, cinq jours plus tard, c’était l’arrivée à Toulon et les retrouvailles tant attendues avec les familles.On notera que, lors de son déploiement, le bâtiment embarquait 300 militaires, soit 230 membres d'équipage, un état-major de 35 à 40 personnes, une petite unité de commandos et leurs moyens associés, un détachement aérien composé d'un hélicoptère Alouette III, armé par des pilotes et techniciens de la flottille 35F, ainsi que des moyens de la flottille amphibie. Le radier abritait deux chalands de transport de matériel pour les opérations, mais aussi un CTM supplémentaire qui a été débarqué à Mayotte afin de remplacer un engin du même type que la marine ne pouvait réparer sur place et qui a été ramené Toulon par le Siroco. Il n'y avait pas à bord de moyens de l'armée de Terre, la proximité de Djibouti permettant, le cas échéant, d'embarquer des soldats et véhicules, ainsi que des hélicoptères supplémentaires.

Le Siroco franchissant Suez le 12 avril (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Le Siroco franchissant Suez le 12 avril (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Le Siroco franchissant Suez le 12 avril (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Le Siroco arrivant à Toulon (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Le CV Le Quilliec, commandant du Siroco (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Marins du Siroco (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

L'arrivée à Toulon (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

L'arrivée à Toulon (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

L'arrivée à Toulon (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

L'arrivée à Toulon (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

L'arrivée à Toulon (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

L'arrivée à Toulon, retrouvailles avec les familles (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

L'arrivée à Toulon, retrouvailles avec les familles (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

L'arrivée à Toulon, retrouvailles avec les familles (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

L'arrivée à Toulon, retrouvailles avec les familles (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

L'arrivée à Toulon, retrouvailles avec les familles (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)
Désarmement prévu fin 2015
Sistership de l’ex-Foudre, vendue au Chili fin 2011, le Siroco a été mis en service en 1998 et doit être désarmé fin 2015, avant peut-être de rejoindre son aîné en Amérique latine (on pense à la marine chilienne mais le Brésil serait aussi intéressé). Conçu pour les opérations amphibies, le dernier TCD de la Marine nationale, qui remplace ce type d’unités par les nouveaux bâtiments de projection et de commandement (BPC) du type Mistral, mesure 168 mètres de long et présente un déplacement de 12.000 tonnes en charge. Son radier peut accueillir jusqu’à huit CTM, servant à débarquement sur une plage les troupes et véhicules. Doté d’un hangar pouvant accueillir quatre hélicoptères, le TCD dispose également d’installations de commandement développées et d’un hôpital embarqué comprenant notamment deux blocs opératoires et 55 lits médicalisés.

CTM et commandos opérant depuis le Siroco (© MARINE NATIONALE)

Garage du Siroco (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Le radier (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Le hangar hélicoptères (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Le hangar vu du pont d'envol (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Le pont d'envol (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Système surface-air Simbad avec missile Mistral (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Rampe d'embarquement (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Manoeuvre de déchargement avec la grue du bord (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

(© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

(© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)