Le 15 septembre, une crise diplomatique éclatait entre la France, les Etats-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni suite à l’abandon surprise du programme des futurs sous-marins australiens confié à Naval Group en 2016. Cela, au profit d’une solution basée sur des bâtiments à propulsion nucléaire que l’Australie est sensée acquérir maintenant avec l’aide américaine et britannique, dans le cadre d’une nouvelle alliance tripartite AUKUS et destinée à contenir les prétentions chinoises dans la zone indopacifique.
S’estimant trahie, la France veut des gages pour renouer la confiance
Plus de huit jours après ce séisme, Paris est toujours très en colère contre ses alliés. La France, par la voix de ses ministres, dont en première ligne celui des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui a parlé de « coup dans le dos », de « confiance trahie » et de « duplicité », n’a pas mâché ses mots. Et réussi à porter le débat au niveau européen et international, alors que ses ambassadeurs aux Etats-Unis et en Australie étaient rappelés à Paris, une mesure diplomatique forte et inédite avec tels partenaires. S’estimant trahie par ses alliés, avec lesquels des rencontres au plus haut niveau se sont déroulées ces derniers mois comme si de rien n’était alors qu’AUKUS était préparé dans le plus grand secret, la France veut des gages pour renouer la confiance, et espère bien des contreparties, en particulier de la part des Américains.
Un début d’apaisement avec Washington
Un début de sortie de crise semble s’amorcer, du moins avec Washington. Une semaine après les faits, Emmanuel Macron et Joe Biden se sont entretenus par téléphone mercredi 22 septembre. A l’issue de cette conversation, un communiqué commun a été publié. Le voici en intégralité :
Le Président de la République française, M. Emmanuel MACRON, et le Président des États-Unis d’Amérique, M. Joe BIDEN, se sont entretenus le 22 septembre, à la demande de ce dernier, pour examiner les conséquences de l’annonce faite le 15 septembre dernier. Ils sont convenus que des consultations ouvertes entre alliés sur les questions d’intérêt stratégique pour la France et les partenaires européens auraient permis d’éviter cette situation. Le Président BIDEN a fait part de son engagement durable à ce sujet.
Les deux chefs d’État ont décidé de lancer un processus de consultations approfondies, visant à mettre en place les conditions garantissant la confiance et à proposer des mesures concrètes pour atteindre des objectifs communs. Ils se rencontreront en Europe à la fin du mois d’octobre pour parvenir à des points d’accord et conserver à ce processus tout son dynamisme. Dans ce contexte, le Président MACRON a décidé que l’Ambassadeur de France retournerait à Washington la semaine prochaine. Celui-ci travaillera alors en lien étroit avec des hauts fonctionnaires américains.