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Le parquet national financier a, selon Le Parisien, ouvert en octobre une enquête préliminaire pour, dit le quotidien, des soupçons portant sur des « faits de corruption d’agents publics étrangers » dans le cadre du programme des nouveaux sous-marins brésiliens. Ceux-ci ont, pour mémoire, fait l’objet d’une série de contrats signés en 2009 entre le Brésil et la France, pour un total de 6.7 milliards d’euros. Il y a là la réalisation en transfert de technologie de quatre sous-marins du type Scorpene, conçus par DCNS, qui apporte son expertise pour la conception d’un nouveau chantier et d’une base navale également réalisés dans le cadre du programme, baptisé PROSUB. Celui-ci compte enfin l’assistance technique française pour la conception des parties hors-chaufferie du premier sous-marin brésilien à propulsion nucléaire, qui sera construit après les Scorpene. C'est d'ailleurs l'expertise de DCNS dans le domaine des SNA qui, dit-on, a fait pencher la balance en faveur d'un partenariat avec la France, préférée pour des questions techniques et géopolitiques à la seule autre alternative, celle de la Russie. 

Au Brésil, le programme est porté par la société Itaguaí Construções Navais, détenue majoritairement par le groupe national Odebrecht (59%), qui pilote notamment les opérations de BTP, et à 41% par DCNS.

Fondé en 1944, Odebrecht est un acteur brésilien de premier plan (plus de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 90.000 salariés dont 34.000 au Brésil) spécialisé dans le génie civil, les travaux publics, l’industrie pétrochimique, l’offshore et les centrales nucléaires civiles. Un géant industriel impliqué dans les affaires de corruption à grande échelle qui secouent le Brésil depuis trois ans. Tout a débuté en 2014 lorsque la police fédérale a mis à jour un vaste système de corruption et de blanchiment d’argent dans ce qui est devenu l'opération « Lava Jato ». Le géant pétrolier brésilien Petrobras s’est retrouvé au cœur du scandale qui a progressivement pris des proportions inédites. La loi brésilienne prévoyant en effet des réductions de peine pour les accusés acceptant de collaborer avec la justice, les dénonciations se sont multipliées, et avec elles les poursuites à l’encontre de responsables économiques et politiques notamment. C’est ce qui a valu à la présidente Dilma Roussef d’être destituée, son prédécesseur Luis Inacio Lula étant également visé, de même désormais que son successeur, Michel Temer.

Odebrecht n’a pas échappé à la tourmente, son directeur général, Marcelo Bahia Odebrecht, étant condamné en mars 2016 à 19 ans de prison pour avoir versé plus de 30 millions de dollars de pots-de-vin. Alors que le groupe est accusé d’avoir généralisé le trucage de marchés publics en versant de l’argent à des responsables politiques, son activité dans le cadre du programme PROSUB, avec notamment ses marchés colossaux en matière de BTP,  intéresse évidemment les enquêteurs brésiliens.

Ceux-ci vont donc bénéficier de la coopération de la justice française, des magistrats du parquet national financier s’étant récemment rendus au Brésil, de même que des responsables de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF).

Concernant DCNS, le groupe, qui ne fait pas à ce stade l’objet d'une procédure particulière, assure qu’il « n’a rien à voir avec cette affaire » et affirme « respecter scrupuleusement les règles du droit international ».

 

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