Evènement exceptionnel, et même unique à ce niveau, les porte-avions Charles de Gaulle et USS Harry S. Truman, opérant conjointement ces dernières semaines dans la région du golfe Persique, ont procédé à des échanges d’appareils ces derniers jours. Si les Rafale et Hawkeye de l’aéronautique navale française ont déjà réalisé des appontages et catapultages sur des porte-avions américains, l’US Navy était, jusqu’ici, très frileuse à l’idée de faire de même sur le Charles de Gaulle, surtout pour ses chasseurs bombardiers. Il faut dire que sa piste oblique comme ses catapultes sont bien plus petites que celles de ses homologues américains, soit respectivement 203 mètres et 75 mètres (contre 243 mètres et 94 mètres pour les porte-avions US). De quoi refroidir les pilotes américains, qui n'ont pas été formés à apponter sur une plateforme aussi petite. C’est pourquoi, durant longtemps, les exercices avec le Charles de Gaulle se sont limités à des présentations et des touch and go (l’avion se pose sur la piste oblique mais n’accroche pas de brin d’arrêt et remet les gaz pour redécoller).

Le Charles de Gaulle escorté par un destroyer américain (© MARINE NATIONALE)
Niveau d’interopérabilité encore jamais atteint
Au fil des années et du renforcement de la confiance entre les deux marines, les Américains ont néanmoins fini par envisager des appontages et catapultages sur le bâtiment de la Marine nationale, le seul au monde à mettre en oeuvre, comme eux, des appareils catapultés et récupérés au moyen de brins d'arrêt. Et c’est chose faite désormais puisque ces derniers jours, dans le golfe Persique, le Charles de Gaulle a non seulement accueilli un avion de guet aérien E-2C Hawkeye, du même type que ceux de la flottille 4F qu’il embarque, mais aussi un appareil de combat F/A-18 E Super Hornet, qui a été mis en œuvre par les équipes de pont d’envol du porte-avions français le 13 janvier. La veille, un C-2A Greyhound avait fait de même, mais il s’agit là d’un évènement moins exceptionnel puisque cet avion de transport logistique a déjà embarqué sur le Charles de Gaulle, assurant notamment des liaisons avec la terre lors de l’opération Harmattan au large de la Libye, en 2011.

Super Hornet ay catapultage sur le Charles de Gaulle (© MARINE NATIONALE)

Hawkeye américain sur le Charles de Gaulle (© MARINE NATIONALE)

Hawkeye américain au catapultage sur le Charles de Gaulle (© MARINE NATIONALE)

Greyhound au catapultage sur le Charles de Gaulle (© MARINE NATIONALE)
Alors que des Rafale Marine et Hawkeye tricolores ont également opéré sur l’USS Harry S. Truman, une quasi formalité pour les pilotes français qui ont plus d'espace et réalisent leur formation initiale aux Etats-Unis (comprenant des appontages et catapultages sur porte-avions américains), ces manœuvres prouvent que l'US Navy et la Marine nationale sont en train d’atteindre un niveau d’interopérabilité et d’intégration sans précédent.

Rafale sur l'USS Harry S. Truman (© US NAVY)

Rafale au catapultage sur l'USS Harry S. Truman (© US NAVY)

Rafale au catapultage sur l'USS Harry S. Truman (© US NAVY)

Rafale au catapultage sur l'USS Harry S. Truman (© US NAVY)

Hawkeye français appontant sur l'USS Harry S. Truman (© US NAVY)

Hawkeye français appontant sur l'USS Harry S. Truman (© US NAVY)
Quand la France envisageait d'acheter des F-18...
La présence d’un Super Hornet sur le pont du Charles de Gaulle constitue également un petit clin d’œil historique puisque la Marine nationale avait envisagé, à la fin des années 80, d’acheter des F-18 aux Etats-Unis afin de remplacer ses F-8 E Crusader et Super Etendard. Une option finalement écartée au profit d’une modernisation de la chasse embarquée en attendant le développement d’une version navalisée du Rafale.