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Après la façade méditerranéenne, le déploiement du système de surveillance maritime SPATIONAV 2 devrait être achevé d’ici la fin de l’année sur la côte Atlantique et le littoral français de la Manche et de la mer du Nord. Dans le cadre de ce programme, 59 sémaphores de la Marine nationale sont modernisés, ainsi que les Centre régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage (CROSS Méditerranée, Etel, Corsen, Jobourg et Gris-Nez), les Centres opérationnels de la marine (Paris, Toulon, Brest et Cherbourg), le Centre opérationnel de la Fonction garde-côte (Paris), les Centres opérationnels de la Douane (Marseille, Rouen et Nantes), ainsi que l’état-major de la Gendarmerie maritime (Houilles).

Le programme a été notifié en 2011 par la Direction générale de l’armement (DGA) à Signalis, filiale d’Airbus Defence & Space et d’Atlas Elektronik. Il consiste à  moderniser et accroître les capacités du système SPATIONAV V1, déployé en 2008 et 2009, lui-même étant une version améliorée et étendue de SPATIONAV V0, entré en service en 2004/2005.

 

Un système global fédérant des informations multi-sources

 

Ce dispositif de surveillance maritime, le plus complet et intégré d’Europe, s’appuie notamment sur 19 sémaphores positionnés sur la côte méditerranéenne et 40 sur la façade Atlantique, Manche et Mer du nord. SPATIONAV V2 permet aux administrations concernées de disposer d’un système intégré offrant une vision globale et en temps réel de la situation au large des côtes françaises. Pour cela, il fédère de nombreuses informations recueillies par les systèmes de surveillance côtiers, comme les radars et les caméras d’observation, ou encore les données fournies par des satellites, des avions de surveillance maritime ou des bâtiments en mer. S’y ajoutent d’autres données, issues par exemple des systèmes d’identification automatiques des navires (AIS) ou encore des services de renseignements. Le tout au sein d’une architecture hautement sécurisée dotée de protocoles d’accès à telle ou telle information suivant le degré d’accréditation de chaque opérateur.

 « La modernisation du système porte sur l’ajout de fonctionnalités, l’amélioration de l’interface homme-machine, pour laquelle nous avons travaillé en début de contrat avec les utilisateurs, et le renouvellement du parc informatique. Nous adjoignons également un service d’échanges avec des systèmes extérieurs pour permettre le partage d’informations entre pays», explique Noël Le Floch, directeur adjoint des ventes et du marketing de Signalis.

 

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© MARINE NATIONALE - CHRISTIAN CAVALLO

(© MARINE NATIONALE - CHRISTIAN CAVALLO)

 

Echanges avec d’autres systèmes européens

 

SPATIONAV V2 est, ainsi, techniquement en mesure d’échanger des données avec d’autres systèmes européens, comme le système allemand Deutsche Küste (également fourni par Signalis) et ses homologues italien, espagnol ou portugais. La nouvelle version du système français s’inscrit donc pleinement dans le projet EUROSUR, dans la perspective de collecter des informations provenant de différents systèmes européens de surveillance maritime, l’Union Européenne cofinançant le projet français. En matière de sécurité, au-delà de protocoles très stricts quant à la diffusion des données et les accès plus ou moins larges délivrés aux opérateurs, Signalis travaille avec les spécialistes d’Airbus Defense & Security sur la problématique de la cybersécurité, de manière à disposer d’un système robuste capable de résister à des attaques informatiques. « L’objectif est d’ouvrir le système pour qu’il puisse échanger avec d’autres, tout en maintenant son intégrité ».

 

Renouvellement des radars

 

Le programme SPATIONAV V2, en dehors de cette partie « informatique », comprend également un important volet dédié à la modernisation des moyens de surveillance sur la soixantaine de sémaphores concernés. Le nouvel équipement standard est le radar Vision Master 250 de Sperry Marine. Là où les exigences de portée et de détection sont plus importantes, Signalis installe des radars Scanter 2001 de Terma. Les sites les plus sensibles sont, quant à eux, gréés avec un Scanter 5000, radar à état solide et antenne de 21 pieds très performant, offrant une portée de détection et une capacité de discrimination plus importantes. Alors que le système SPATIONAV V2 dispose d’une nouvelle interface permettant d’intégrer les informations provenant de du système LRIT (Long Range Identification & Tracking), les sémaphores, pour certains également dotés de systèmes électro-optiques (caméras TV et infrarouge), sont par ailleurs équipés de radiogoniomètres. Cette capacité leur permet de détecter les émissions radio VHF et, ainsi, de localiser des embarcations, par exemple les bateaux en difficulté avec lesquels les CROSS sont en communication suite à un appel de détresse.

Parmi les autres moyens intégrés au système, on citera les avions de surveillance maritime Falcon 50M, qui communiquent depuis SPATIONAV V1 des informations avec les centres terrestres au moyen de liaisons satellitaires. La surveillance spatiale est également partie prenante, notamment dans la zone Antilles-Guyane, où elle participe notamment à l’élaboration d’une situation tactique dans le cadre de la lutte contre le narcotrafic.

 

Déploiement Outre-mer

 

Ainsi, au-delà des côtes métropolitaines, SPATIONAV se déploie Outre-mer :aux Antilles et en Guyane. Cette région, sensible du fait des trafics illicites mais aussi de la présence à Kourou du centre spatial européen,  doit être équipée de la version V2 prochainement. En océan Indien, l’île de Mayotte, confrontée à un grave problème d’immigration clandestine en provenance des Comores, bénéficie également d’un  système de surveillance Signalis, quatre radars opérés par la marine au profit du ministère de l’Intérieur couvrant désormais ses approches maritimes. Quant à La Réunion, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, l’installation de SPATIONAV n’est pas prévu pour le moment, le besoin d’un outil aussi complet dans ces territoires ultramarins étant moins urgent.  

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