Afin d’améliorer la sécurité de zones sensibles (infrastructures et approches portuaires, détroits, chenaux de navigation, installations offshore …) en s’assurant de l’absence d’engins explosifs, Thales a développé un nouveau concept. Il s’agit du Thales SeaMapper, qui repose sur l’emploi du sonar remorqué à ouverture synthétique T-SAS, également connu sous le nom de DUMB-44 dans la marine française. Celle-ci l’utilise depuis 2007 sur les bâtiments remorqueurs de sonars (BRS) Antarès, Altaïr et Aldébaran, chargés de la sécurisation des chenaux d’accès brestois empruntés par les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins.

Le DUBM-44 ou T-SAS (© : THALES)
Extrêmement performant, ce sonar, associé à un système de préparation et de restitution de mission, peut couvrir, latéralement, une bande de 300 à 400 mètres, avec un niveau de précision très important, au point que les images rendues ressemblent à des photographies. Depuis sa mise en service, le DUMB-44 a connu d’importantes évolutions, les ingénieurs de Thales travaillant sur les algorithmes de traitement des signaux et l’utilisation des images à hautes résolution obtenues par le sonar. Avec l’objectif de pouvoir déterminer jusqu’au type de mine détecté.

Imagerie sonar d'une épave réalisée avec le DUMB-44 (© : THALES)
L’un des avantages du système est qu’il est aujourd’hui en mesure de repérer automatiquement des différences entre deux campagnes. Le mouillage d’une mine, même furtive, ou d’un engin explosif de type IED peut, ainsi, être détecté grâce au signalement d’une anomalie.
Système automatique de mise à l’eau
Autre nouveauté, Thales propose un système automatique de mise à l’eau et de récupération. Il n’y a donc plus besoin d’une intervention humaine, comme c’est le cas sur les BRS de la Marine nationale. Le dispositif de manutention a été mis au point suite à la réalisation d’un démonstrateur dans le cadre du programme ESPADON, visant à tester la faisabilité d’un système de guerre de mines axé sur l’emploi de drones. Ce programme, toujours en cours, s’appuie notamment sur un drone de surface (USV), le Sterenn Du, conçu pour déployer de manière autonome un sonar T-SAS. Thales s’est donc inspiré du système de mise à l’eau et de récupération employé par cet USV pour développer celui du SeeMapper. Le système s’appuie donc sur un système validé et testé avec succès jusqu’à mer 4/5.

Le drone Sterenn Du (© : MARINE NATIONALE)
L’ensemble constitué du sonar, du dispositif de manutention et du système de traitement a, ensuite, été intégré à une plateforme spécialement conçue à cet effet. Ce bateau de 18 mètres, armé par un équipage de trois marins, a été étudié avec le chantier normand Allais. Thales propose dès lors un package complet, incluant le système et son porteur, tout en pouvant si les clients le souhaitent intégrer son sonar sur d’autres types de navires.

Le Thales SeeMapper avec son porteur développé par Allais (© : THALES)
Marché civil et militaire
Côté débouchés, le groupe vise bien entendu le segment militaire, le SeeMapper permettant sur des missions classiques d’économiser le potentiel de chasseurs de mines, bien plus coûteux. Mais Thales s’intéresse plus globalement au marché de la sécurité. Il n’est en effet pas indispensable que son système soit utilisé par des militaires. Il peut très bien être employé par des personnels civils, par exemple dans le cadre de la protection de chenaux et d’infrastructures portuaires, mais aussi pour la sécurisation des fonds marins autour d’implantations offshore (plateformes, éoliennes, hydroliennes…). SeeMapper s’adresse donc également aux opérateurs privés, au moment où les besoins de protection de sites sensibles se développent et qu’à l’avenir, des garanties seront peut-être demandées quant à la sécurité permanente des accès aux ports et des fonds marins autour des installations offshore.