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Après trois années d’études relatives aux technologies et architectures à mettre en place pour un tel produit, l’électronicien français lance le développement du Sea Fire 500. Il s’agit d’un nouveau radar doté de quatre antennes actives fixes conçu pour équiper, à l’horizon 2020, des corvettes, frégates et destroyers de 3500 à 9000 tonnes.

L’objectif de Thales est de proposer une nouvelle famille de radars basés à partir de cette nouvelle technologie, destinée à répondre à l’évolution des menaces et des missions des marines. Multifonctions, le SF 500 pourra servir aussi bien à la défense aérienne étendue qu’à la veille surface, en passant par la défense anti-missile balistique (y compris des engins balistiques antinavire) et l’autodéfense contre des attaques asymétriques. Cela, dans un environnement marqué par un brouillage de plus en plus intense, notamment en milieu côtier.

 

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© THALES

(© THALES)

 

Une couverture permanente à 360°

Contrairement aux radars tournants, le SF 500 s’appuiera sur quatre panneaux fixes offrant une couverture permanente à 360°. Ils permettront de supprimer les effets de masque et les temps de rafraîchissement des données existant avec leurs aînés. Ses antennes actives assureront de manière simultanée l’ensemble des fonctionnalités radar nécessaires au bâtiment porteur : surveillance air et surface, poursuite de cibles identifiées comme menaçantes, guidage des missiles et même des éléments contribuant, en plus de la conduite de tir associée aux canons, à la précision de l’artillerie contre des buts en surface (suivi de gerbes). 

Très puissantes, les antennes de nouvelle génération du SF 500 adopteront une technologie totalement numérique. Par rapport aux radars précédents, les performances seront significativement améliorées grâce à une surveillance permanente et l’augmentation de la puissance d’émission sur un angle réduit (90° pour chaque antenne). Il en résultera une plus grande précision et une réactivité accrue, tant pour la détection que pour la poursuite. Le nouveau radar de Thales sera même suffisamment puissant pour, selon ses concepteurs, réaliser l’essentiel des opérations de poursuite sans sortir de son mode veille.

 

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© THALES

Le SF 500 aura quatre antennes planes (© THALES)

 

Un système de management des ressources radar

L’efficacité du SF500 tiendra non seulement aux performances des antennes, mais également à leur couplage avec un management des ressources radar. Ce système intelligent mettra en œuvre des formes d’ondes et des  algorithmes d’extraction et de poursuite afin d’optimiser le fonctionnement du radar en zones complexes, notamment face à des effets d’échos (clutter) près du littoral ou face à des opérations de brouillage. Il sera, ainsi, capable de faire la part des choses entre les informations utiles et les informations perturbantes.

Un radar français complémentaire des produits de Thales NL

Bénéficiant du soutien de la Direction Générale de l’Armement (DGA) au travers de plusieurs plans d’études, le SF 500 sera un radar français, conçu et produit dans l’Hexagone.  Il permettra de maintenir et développer le savoir-faire des équipes tricolores de Thales, dont le dernier radar en date est l’Herakles, équipant les frégates singapouriennes du type Delta et les FREMM des marines française et marocaine. Le SF 500 bénéficiera d’ailleurs des travaux réalisés sur ce radar tournant multifonctions, considéré comme étant l’un des meilleurs au monde. On notera par ailleurs que ce nouveau produit est complémentaire de la gamme de radars développée par le groupe aux Pays-Bas. Thales NL travaille en effet sur une architecture de surveillance et de conduite de tir conçue pour la mise en œuvre de missiles américains SM-2, dotés d’un autodirecteur semi-actif. Le radar APAR sert donc d’illuminateur, alors que le radar à longue portée SMART-L assure la veille. Dans le cas Français, l’approche est différente puisque les missiles Aster sont dotés d’un autodirecteur actif pour assurer le guidage terminal. Le radar multifonctions, intègre une liaison montante pour assurer le guidage du missile avant la  phase terminale.

Loin d’engendrer une concurrence entre ses équipes françaises et néerlandaises, Thales va donc compléter sa gamme, avec des radars à panneaux fixes pouvant être utilisés avec tout type de missile surface-air.

 

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© THALES

Frégate de 6000 tonnes dotée du SF 500 (© THALES)

 

Plusieurs versions et architectures possibles

Conçu comme un équipement modulaire, le SF 500 sera décliné en plusieurs versions, avec des antennes de tailles différentes suivant le tonnage de la plateforme à équiper et des missions qui lui seront confiées. Totalement indépendantes les unes des autres, les antennes pourront être rassemblées au sein d’une mâture intégrée, par paires sur des mâts distincts ou encore être intégrées aux superstructures. Une flexibilité appréciable pour apporter de la souplesse dans la conception des plateformes, sachant que le SF 500 bénéficiera aussi des travaux réalisés dans le cadre d’un nouveau plan d’étude de la DGA. Baptisé Topside Intégré, il vise à améliorer le partage  des ressources électromagnétiques en développant une structure intégrée (mât et superstructures) basée sur des antennes fixes et multifonctions regroupant radar, systèmes électro-optiques, guerre électronique et communications.

Le développement du SF 500 résulte d’une conjonction d’intérêts entre l’Etat, Thales et DCNS. Le premier, pour des raisons de souveraineté et d’efficacité de ses forces navales, souhaite maintenir les compétences françaises dans le domaine des radars et développer des solutions répondant aux enjeux de demain. Thales, de son côté, peut grâce à ce nouveau produit compléter sa gamme de radars et mettre au point de nouvelles technologies. Quant à DCNS, il pourra proposer des frégates dotées de mâtures intégrées et de radars à antennes fixes afin de conserver un avantage concurrentiel sur le marché export. Et ce produit intéresse tout autant MBDA, puisque le SF 500 sera un argument supplémentaire pour vendre ses missiles.

Un équipement qui pourrait bénéficier à la future FTI

Concernant les bâtiments qui pourront être équipés du nouveau radar, comme on l’a vu, l’éventail est très large. Il pourra donc être proposé sur différentes plateformes à l’export, étant par exemple physiquement intégrable sur FREMM, où il est d’ailleurs apparu pour la première fois, en images de synthèse, il y a deux ans. Mais le candidat le plus sérieux pour l’heure est évidemment la nouvelle frégate de taille intermédiaire (FTI), que la France doit mettre en service au début des années 2020 pour remplacer les La Fayette et disposer d’un nouveau produit à l’export. 

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