Le transporteur de colis lourds néerlandais Happy Diamond, de l’armement Big Lift Shipping, a embarqué vendredi 3 février l’ancien patrouilleur Grèbe de la Marine nationale (reportage photo dans cet article). Acheté par le Cameroun et renommé Dipikar, le bâtiment a été manutentionné au moyen des deux imposantes grues du navire, chacune ayant une capacité de levage de 400 tonnes.
Posé sur le pont du Happy Diamond, qui n'avait pas encore appareillé hier soir, le patrouilleur va rejoindre la base de Douala, où il va pouvoir commercer sa nouvelle vie, sept ans après son retrait du service au sein de la flotte française.

Le Dipikar conduit vers l'Happy Diamond (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Chargement du Dipikar sur l'Happy Diamond (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Chargement du Dipikar sur l'Happy Diamond (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Chargement du Dipikar sur l'Happy Diamond (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Chargement du Dipikar sur l'Happy Diamond (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Chargement du Dipikar sur l'Happy Diamond (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)
Réceptionné en décembre
Pour mémoire, le Cameroun a donné son feu vert à la réception du Dipikar après les tests d’endurance menés avec succès en Méditerranée entre le 21 novembre et le 3 décembre. Une campagne à laquelle a participé le contre-amiral Jean Mendoua, chef d’état-major de la marine camerounaise, qui a conduit la commission d’essais et de recette du bâtiment.
Livré en 1991 par le chantier de Villeneuve-la-Garenne, l’ex-Grèbe mesure 52 mètres de long pour 9.8 mètres de large. Affichant un déplacement de plus de 400 tonnes en charge, ce patrouilleur doté d’une coque en acier et d’une superstructure en aluminium peut atteindre 18 nœuds et franchir 4500 milles à vitesse économique. Il est armé par une vingtaine de marins.

La Grèbe en 2010 (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Le Dipikar lors de ses essais en 2016 (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)
Une remise en service longue et complexe
Mis en retraite par la Marine nationale en 2010, le bâtiment avait été repris par Sofema afin d’être remis à niveau et modernisé en vue d’une vente à la marine camerounaise. Pour la société française, spécialisée dans la mise à disposition de matériels rénovés provenant en particulier de l’armée française, ce contrat est une première dans le domaine naval. Mais ce fut également un projet très difficile qui a pris plusieurs années de retard. En 2012, Sofema avait envoyé le patrouilleur à Bizerte afin d’y mener son arrêt technique et sa rénovation. Mais le chantier a été perturbé par les évènements liés au printemps arabe et différents problèmes techniques. Tant et si bien qu’il a fallu rapatrier le Dipikar en France afin d’achever les travaux et l’intégration de nouveaux systèmes. C’est ainsi que le bâtiment a quitté la Tunisie en novembre 2014 pour rejoindre Toulon, où le chantier IMS Shipyard du Pin-Rolland, à Saint-Mandrier, a entièrement repris son carénage.

La passerelle du Dipikar lors des essais de novembre (© MARINE CAMEROUNAISE)
Nouveaux systèmes
Une opération complexe, vue l’âge et le passif du bâtiment au cours des deux années précédentes, d’autant qu’il a aussi fallu mener à bien la délicate phase d’intégration d’équipements nouveaux, comme un système de commande et de contrôle fourni par Nexeya, la modernisation des senseurs, avec par exemple l’ajout d’un système électro-optique, ou encore la navalisation d’un affût double de 20mm auparavant employé à terre par l’armée camerounaise. Le patrouilleur, qui dispose d’un radier à l’arrière permettant la mise en œuvre d’un semi-rigide, a par ailleurs été équipé d'une nouvelle embarcation de 7.5 mètres fournie par Sillinger.

Le Dipikar sur l'Happy Diamond (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)
Un convoyage pour préserver le bâtiment
Compte tenu de la période hivernale, avec des conditions météorologiques potentiellement difficiles jusqu’en Afrique de l’ouest, il a été décidé de convoyer le patrouilleur vers Douala à bord d’un cargo. Cela va permettre de préserver le potentiel du bâtiment, sans oublier que Français et Camerounais ont encore en tête l’évènement de décembre 2014, lorsque le Dipikar, pris dans une très forte mer, avait connu une avarie majeure sur son système de propulsion, nécessitant son remorquage à Toulon par l’Abeille Flandre. La Méditerranée pouvant se révéler particulièrement mauvaise à cette époque de l’année, la prudence est donc de mise, même si le Dipikar est conçu pour pouvoir mener des opérations hauturières.