Point culminant de la montée en puissance de la force expéditionnaire franco-britannique, dont la mise en place a été décidée suite aux accords de Lancaster House en novembre 2010, l’exercice Griffin Strike se déroulera le mois prochain (entre le 8 et le 22 avril) au large des côtes du Pays de Galle. Ces manœuvres interarmées de grande envergure seront conduites depuis un bâtiment de projection et de commandement de la Marine nationale. Il s’agira vraisemblablement du Dixmude, qui achève en ce moment un arrêt technique à Toulon (il est sorti de cale sèche hier). Ou, c'était une autre possibilité, le Mistral, actuellement chargé d’assurer une relève du contingent français de la FINUL au Liban.

Frégate britannique avec le Mistral lors de Cosrican Lion en 2012 (© MARINE NATIONALE)
Le BPC choisi accueillera l’état-major binational chargé de conduire les opérations dans le cadre d’un scénario complexe intégrant des interventions navales, aériennes et terrestres, telles qu’elles seraient menées en cas de déploiement d’un corps expéditionnaire franco-britannique. La participation de la Royal Navy sera bien entendu importante, la Marine nationale mobilisant également, en plus d’un BPC, différentes unités, dont la frégate antiaérienne Cassard et le bâtiment de commandement et de ravitaillement Marne, basés comme les BPC à Toulon, ainsi que des frégates brestoises.
Pour mémoire, les armées des deux pays travaillent depuis cinq ans sur la mise en œuvre d’un corps expéditionnaire interarmées commun (Combined Joint Expeditionary Force – CEJF). A cet effet, de nombreux exercices ont été menés par les forces terrestres, aériennes et navales françaises et britanniques, tant au niveau d’états-majors intégrés que de manœuvres avec les unités. Ce fut notamment le cas en 2012 avec Corsican Lion.
Lors du sommet d’Amiens, qui a réuni le 3 mars François Hollande et Davide Cameron, la CEJF a été longuement abordé dans la déclaration commune franco-britannique sur la sécurité et la défense :
« Le Traité de Lancaster House prévoit la mise en place d’une Force expéditionnaire conjointe interarmées (CJEF). À la suite d’exercices ambitieux et exigeants qui ont mis sur pied l’ensemble des composantes de nos deux armées, l’exerciceGriffin Strike permettra en avril 2016 de valider définitivement le concept de la Force expéditionnaire conjointe interarmées. Nous sommes parvenus à un niveau d’interopérabilité sans précédent. La France et le Royaume-Uni pourront dès lors envisager de planifier et de mener une première opération de déploiement avec les forces de réaction rapide des deux pays. Pour accroître l’agilité de cette force, les ministres français et britannique de la défense élaboreront dans les mois à venir des scénarios d’emploi de cette force, y compris dans des scénarios de haute intensité.
Pour faciliter l’emploi de la CJEF, la France et le Royaume-Uni sont déterminés à construire une architecture commune des systèmes d’information et de communication, à accroître leurs échanges de renseignements et à coordonner plus efficacement les mécanismes nationaux de planification stratégique. Le programme d’entraînement pluriannuel (2017-2022) prendra en compte cet impératif et examinera les conditions d’une ouverture éventuelle à d’autres alliés.
Les forces aériennes françaises et britanniques œuvrent de concert au Levant. Nos marines continuent d’œuvrer en étroite concertation et de se soutenir mutuellement, qu’il s’agisse des groupes aériens embarqués ou des patrouilles maritimes dans l’Atlantique. Les liens entre nos armées de terre sont de plus en plus étroits à tous les niveaux hiérarchiques. Un échange d’officiers généraux sera mis en place en 2016 : un général de brigade britannique sera nommé général adjoint de la première division française de Besançon et un général de brigade français sera nommé général adjoint de la première division britannique à York ».