Le vice-amiral d'escadre Jean-Pierre Labonne a pris le 21 décembre les fonctions de commandant de la zone maritime Atlantique, commandant de la région maritime Atlantique, commandant de l'arrondissement maritime de Brest et officier général chargé de la zone de soutien de Brest-Lorient. Il remplace, à ce poste, le vice-amiral d'escadre Anne-François Bourdoncle de Saint-Salvy, qui achève ainsi sa carrière au sein de la Marine nationale. La cérémonie de prise de fonctions du nouveau « premar » s'est déroulée dans la cour d'honneur de la préfecture maritime de Brest. Elle était présidée par l'amiral Bernard Rogel, chef d'état-major de la marine, en présence notamment de Jean-François Tallec, secrétaire général de la mer. Jean-François Tallec, l'amiral Rogel et le VAE Labonne (© : MARINE NATIONALE) L'amiral Labonne, nouveau préfet maritime de l'Atlantique, attaque sa mission avec appétit, humilité et, dit-il, «le bon sens marin». Action de l'État en mer, action militaire: à Brest, l'homme multi-missions ne débarque pas en terres inconnues. L'homme est Berrichon. Mais de coeur, il est Breton. Sa carrière de marin l'a sans cesse ramené à Brest. Gamin, Jean-Pierre Labonne a grandi à La Rochelle (Charente-Maritime). Il a 15-16 ans, confie-t-il, quand il décide: «Je veux être marin! Marin militaire». Mais quand il entre à l'École navale, c'est l'air qui l'attire. Il a envie d'être pilote mais pas pilote de chasse. Il aime les hélicos, les multi-moteurs, la technicité. Les responsabilités. Il sera ainsi très jeune, à la tête d'un petit équipage. «Marin volant» Jean-Pierre Labonne sera ainsi «marin volant» pendant 10 ans. Il a 4500 heures de vol au compteur, «ce qui n'est pas énorme», souligne-t-il. Pilote de patrouille maritime, il a eu, dit-il, «la chance de participer à de nombreux détachements en Afrique, notamment au Tchad». Il n'a rien oublié de toutes ces missions, de ces tensions. Il n'a pas oublié, non plus, ce petit bateau recherché pendant des heures dans la baie de Saint-Brieuc. «Par chance ou par hasard, on le repère. Dans la tempête, il avait tout simplement cassé toutes ses antennes. Il n'avait rien! Mais tout allait bien», raconte-t-il avec un large sourire. Il y a aussi la frustration des missions de sauvetage parfois infructueuses... Jean-Pierre Labonne a également été «élevé au son du bagad», à Lann-Bihoué, où l'expert du Breguet Atlantic va commander la 23F. Mais le marin volant a également été marin... sur mer. Le «marin marin» a commandé le bâtiment de commandement et de ravitaillement Somme, lorsque celui-ci servait de base mobile à l'amiral commandant les forces navales de l'océan Indien. Les courants le ramènent à Brest où il devient pacha, de 2002 à 2004, de la frégate anti-sous-marine Primauguet. Dans les airs, sur la mer, il apprend le métier. Ou plus justement «des dizaines de métiers». L'air, la mer, la terre aussi. Le «marin terrien» va ainsi oeuvrer dans plusieurs états-majors, à Brest encore, à Toulon, à Paris aussi, rue Royale. Il va faire escale à Matignon avec une casquette d'adjoint marine, au sein du cabinet militaire du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, puis de Dominique de Villepin. Il découvre le monde politique. «C'est une remise en cause totale, dit-il. Les galons n'existent plus. Il faut faire ses preuves». Il va les faire. Il s'occupe de la chose militaire mais aussi de l'action de l'État en mer, ce qui le mène de façon naturelle au Secrétariat général de la mer. À Brest encore, il occupe les fonctions d'adjoint organique de l'amiral commandant la force d'action navale, entre 2008 et septembre 2011. Autre épisode marquant: l'amiral Labonne, avec son homologue britannique, a piloté la mise en place d'«Atalante», l'opération navale européenne de la lutte contre la piraterie, au large de la Somalie. Aujourd'hui, il n'a pas changé. «J'ai le poids des étoiles mais l'enthousiasme d'un gamin de 20ans», assure-t-il en riant. Le 89e préfet maritime à Brest depuis 1800 entre «avec un sentiment de joie» dans son nouveau bureau pour une nouvelle mission. Il va prendre en main «les problèmes un par un, avec le bon sens marin». Nombreuses priorités Les priorités : le sauvetage en mer et son côté «urgentiste». Sur l'établi aussi, des chantiers à continuer dans les domaines des énergies marines renouvelables, notamment. Ajoutez à cela le volet militaire, les 22.500 personnes dont il a la charge, les bâtiments qui doivent être toujours prêts pour une marine présente sur tous les fronts... Un Pacha de l'Atlantique, tout comme ses troupes, ne dort jamais tout à fait bien. Sur «ses terres», du Mont Saint-Michel à Bayonne, tout peut arriver mais on se sait jamais quand. Dans quinze jours, dans deux heures... Son oxygène, il ira le chercher, quand il le pourra, avec les siens, dans sa petite maison près de Roscoff. _______________________________________________________ Catherine Magueur Le Télégramme

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