Le développement des moyens anti-sous-marins aéroportés, conjuguant des hélicoptères et des avions dotés de moyens de détection et d’attaque toujours plus performants, handicapent l’action des sous-marins, pour lesquels il devient difficile, surtout en zone littorale, de rester caché ou d’approcher de leur cible. C’est pourquoi de nombreuses marines souhaitent doter leurs bâtiments de systèmes antiaériens. Les hélicoptères, avec leur sonar trempé, sont plus particulièrement visés car, lorsqu’ils se mettent en station pour déployer leur antenne, ils constituent une grande menace pour le sous-marin. Or, celui-ci, grâce à la sensibilité de ses sonars, peut repérer un aéronef volant à basse altitude. L’azimut alors connu, la puissance du signal capté donne ensuite une idée de sa distance. C’est ainsi qu’il est possible de réaliser une désignation d’objectif. En termes de moyens d’autodéfense, les industriels proposent l’embarquement de missiles dotés d’un autodirecteur infrarouge. Dans le cas d’un hélicoptère, le missile peut être tiré en immersion puisque, lorsqu’il sortira de l’eau, il se dirigera vers la chaleur émise par les turbines de l’hélicoptère en vol stationnaire. Pour les avions, en revanche, le sous-marin devra remonter à l’immersion périscopique.
Des Mica IR tirés depuis les tubes lance-torpilles
Ce concept est proposé depuis 2002 par DCNS avec le Mica IR de MBDA. Ce missile, d’abord mis en œuvre par des avions, comme le Rafale, a aussi été développé dans une version surface-air à lancement vertical (VL Mica) pour bâtiments de surface (il équipe les nouvelles corvettes marocaines SIGMA et omanaises Khareef, ainsi que les patrouilleurs émiriens Falaj 2). Sur sous-marins, il est logé dans un « véhicule » permettant de le mettre en œuvre comme une torpille. Après avoir évolué dans l’eau, protégé par sa capsule, le missile, ayant gagné la surface, s’éjecte et pointe sur sa cible. D’une portée de 15 à 20 km, le Mica IR est considéré comme très efficace.

Le concept A3SM basé sur des missiles Mistral (© DCNS)
Une lanceur triple pour missiles Mistral logé dans le massif
Mais il prend toutefois la place d’une torpille ou d’un missile antinavire, ce qui réduit les capacités offensives du sous-marin, surtout s’il est de petite taille. DCNS vient donc de lancer une solution alternative, l’A3SM, basé sur un lanceur triple pour missiles Mistral. Ce missile antiaérien à courte portée (6 km), également développé par MBDA, est déjà embarqué sur de nombreux bâtiments de surface en lanceurs doubles manuels ou télé-opérés (Simbad, Simbad RC), quadruples (Tetral) et sextuples (Sadral). La tourelle est intégrée dans le kiosque et déployée juste au dessus de la surface. DCNS achève de tester ce nouveau concept, dont les résultats sont présentés comme très concluants. L’A3SM est proposé sur les sous-marins océaniques, comme le Scorpène, mais aussi sur les bâtiments côtiers, comme l'Andrasta, moyennant un léger allongement du massif.

Les deux concepts avec Mica IR et Mistral (© DCNS)