C’est le principal évènement de l’année pour l’industrie navale de défense. Filiale du groupe General Dynamics, le chantier Bath Iron Works (BIW) a procédé, le 28 octobre, à la mise à flot de l’USS Zumwalt. Premier destroyer lance-missiles furtif du type DDG 1000, ce bâtiment, commandé en février 2008, avait vu sa construction débuter un an plus tard et sa mise sur cale intervenir en novembre 2011. Après l’achèvement de sa coque, le destroyer a été transféré sur un dock flottant, à partir duquel il a été mis à l’eau.
Prévu pour être livré fin 2014, l’USS Zumwalt devrait, selon la marine américaine, disposer d'une capacité opérationnelle initiale en 2016.
Tenant plus du croiseur que du destroyer, le DDG 1000 mesure 185.9 mètres de long pour 24.6 mètres de large, son déplacement à pleine charge devant atteindre 15.610 tonnes. Il sera donc nettement plus gros que les croiseurs du type Ticonderoga (172.8 mètres, 9970 tonnes) et les destroyers du type Arleigh Burke (155.3 mètres, 9217 tonnes), devenant le plus important bâtiment de combat de surface américain après les porte-avions et unités amphibies.

Le DDG 1000 avant son transfert sur le dock flottant (© GENERAL DYNAMICS)

Le DDG 1000 sur le dock flottant (© GENERAL DYNAMICS)

Le DDG 1000 mis à flot (© GENERAL DYNAMICS)

Le DDG 1000 mis à flot (© GENERAL DYNAMICS)
Un bâtiment furtif doté d’une propulsion électrique
Mais le nouveau fleuron de l’US Navy, qui sera baptisé en l’honneur de l’amiral Elmo Zumwalt (1920 – 2000), l’un des grands stratèges américains du XXème siècle, se distingue surtout par son design futuriste. Tout, a bord de ce bâtiment, a été pensé pour réduire sa surface équivalente radar et en faire un bateau extrêmement furtif : la forme de la coque, comme les superstructures, réalisées en matériaux composites, ainsi que les pièces d’artilleries, carénées afin d’épouser les lignes du navire lorsqu’elles ne sont pas en action. Il n’y a plus de mâts, tous les senseurs étant intégrés aux superstructures (notamment le radar SPY-3 à faces planes), alors que Zumwalt bénéficie d’une étrave perce-vague, rappelant les éperons des cuirassés d’antan. Il en résulte un bâtiment hors du commun, extrêmement impressionnant, et dont on attend bien entendu de voir quelles seront les performances à la mer.
Les études ont, en tous cas, été très délicates, tant ce projet constitue un challenge technologiques. En plus des outils de conception assistée par ordinateur, les ingénieurs et militaires américains ont été obligés de réaliser un modèle réduit à l’échelle ¼, le Sea Jet , qui est entré en service en 2005 afin de tester la propulsion électrique intégrée prévue pour le Zumwalt. Celui-ci dispose de quatre turbines à gaz fournies par Rolls-Royce : deux MT 30 de 36 MW et deux de la série 4500 de 3840 kW, auxquelles s’ajoutent deux moteurs électriques à induction livrés par Converteam (désormais General Electric) de 34.8 MW entrainant deux hélices à pas fixe. L’ensemble propulsif, qui développe 69.6 MW, doit permettre au destroyer de dépasser la vitesse de 30 nœuds.

Vue du DDG 1000 (© GENERAL DYNAMICS)
Equipage réduit et armement très puissant
Bénéficiant d’une automatisation très poussée, le bâtiment sera mis en oeuvre par un équipage réduit, limité à 149 marins. Destiné notamment à l’action vers la terre, comme le soutien aux troupes de débarquement ou la destruction de cibles stratégiques, son armement sera particulièrement puissant, avec 80 cellules de lancement vertical pour missiles de croisière Tomahawk, missiles antinavire Harpoon, missiles anti-missiles balistiques SM-3, missiles surface-air ESSM et missiles anti-sous-marins VLA. L’USS Zumwalt va, par ailleurs, signer le retour de l’artillerie lourde sur les bâtiments de surface. A cet effet, il sera doté de deux nouveaux canons AGS (Advanced Gun System) développés par BAE Systems et tirant des LRLAP (Long Range Land Attack Projectile), munitions propulsées et guidées de 155mm devant atteindre une portée de 140 km. La cadence de tir de l’AGS sera de 10 coups par minute, avec deux soutes abritant chacune une réserve de 600 obus.
Le reste de l’armement sera constitué de deux tourelles de 57mm Mk110 fournies par BAE Systems, de l’artillerie légère et des tubes lance-torpilles. Les capacités aéronautiques seront importante, avec la possibilité d’embarquer deux hélicoptères Seahawk et un drone Fire Scout.

Le DDG 1000 tirant un LRLAP (© BAE SYSTEMS)
3.5 milliards de dollars pour trois unités
Ce programme est né de l’abandon du projet Arsenal Ship, imaginé dans les années 90. D’abord appelé DD 21, le design, totalement remanié, a été rebaptisé DDG 1000 au début des années 2000. Destinés à remplacer les anciens destroyers du type Spruance, les Zumwalt devaient être initialement construits à 32 exemplaires. Mais le coût exorbitant de ces bâtiments a contraint l’US Navy à limiter le projet à seulement trois unités, qui devrait coûter la bagatelle de 3.5 milliards de dollars.
Le second destroyer de la série, le DDG 1001, qui sera baptisé USS Michael A. Mansoor (un commando SEAL tué en Irak en 2006), a été mis sur cale en mai dernier et doit être livré en 2016. Quant au troisième et dernier, le futur USS Lyndon B. Johnson (DDG 1002), du nom du 36ème président des Etats-Unis (1963 – 1969), il devrait être livré d’ici 2018.