Ce serait, selon le HCR, « la pire hécatombe jamais vue en Méditerranée ». Hier, le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies a annoncé que 700 personnes pourraient avoir péri dans le naufrage de leur bateau. Un chalutier surchargé de candidats à l’exil qui a chaviré à une soixantaine de milles des côtes libyennes. L’ampleur de la catastrophe a été évaluée sur la base des témoignages de 28 rescapés, recueillis par un navire de commerce. Un très important dispositif de sauvetage, impliquant une vingtaine de bâtiments italiens et maltais, ainsi que des unités de l'opération européenne Triton et des moyens aériens, a été mis en place hier pour tenter de retrouver d'autres naufragés. Hier soir, les autorités faisaient état de 49 survivants.
Après le naufrage qui aurait provoqué la mort de 400 migrants le 12 avril, cela porterait à au moins 1100 le nombre de victimes en une seule semaine et à plus de 1600 depuis le début de l’année. A ce rythme, toutes les grandes catastrophes maritimes de l’histoire, comme celle du Titanic (1500 morts) vont être ou ont déjà été dépassées.
11.000 réfugiés sont arrivés en Italie en une semaine
Pendant ce temps, les opérations d’assistance et de sauvetage aux embarcations de fortunes traversant la Méditerranée pour rejoindre l’Europe se poursuit. Alors que les garde-côtes italiens ont porté assistance, pour les seules journées du 12 et du 13 avril, à 42 bateaux transportant plus de 6500 migrants, de nouveaux rescapés sont arrivés ce week-end dans les camps de réfugiés italiens. Il y a notamment, parmi eux, de très nombreux Syriens, qui ont fui les combats et les massacres du groupe islamiste Daech. Des hommes, femmes et enfants, issus pour beaucoup des classes moyennes, qui ont tout abandonné pour sauver leur vie et payé à prix d’or les passeurs dans l’espoir de vivre en sécurité en Europe. Deux Syriennes, qui étaient professeur d’Anglais et étudiante en génie mécanique dans leur pays, ont ainsi expliqué après leur arrivée en Calabre avoir versé 7000 euros par personne pour obtenir une place. En tout, 15.000 réfugiés sont arrivés en Italie depuis le début de l'année, dont 11.000 pour la seule semaine venant de s'écouler.
Réunion d'urgence des Européens
Le retour du printemps et avec lui les meilleures conditions de navigation explique ce regain de passages, accentué par la dégradation de la situation sécuritaire du Sahel à la corne d’Afrique. Ainsi, des centaines de milliers de personnes sont obligées de fuir les combats et les exactions des groupes islamistes. Ces derniers semblent d’ailleurs compter sur ce flot massif de réfugiés pour déstabiliser l’Europe, de plus en plus dépassée par les évènements. Alors que les derniers chiffres de l’agence européenne Frontex font état de prévisions oscillant entre 500.000 et 1 million de personnes prêtes à franchir la Méditerranée, l’Italie a demandé hier une réunion d’urgence des chefs d’Etats européens. Plusieurs, dont François Hollande, ont estimé hier qu’il fallait agir au plus vite. Le président français estime notamment qu’il convient d'augmenter le nombre de bâtiments et d’avions affectés à l’opération européenne Triton mais aussi de lutter plus intensément contre les trafiquants.