Frédéric Cuvillier a décidé de ne pas reprendre son poste de secrétaire d’Etat chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche suite à la démission du gouvernement Valls, présentée le 26 août dernier au Président de la République. Il a été remplacé par Alain Vidalies, député des Landes et ministre des relations avec le Parlement dans le gouvernement Ayrault (juin 2012- mars 2014). Le nouveau secrétariat d’Etat conserve les mêmes intitulés, et donc a priori les mêmes domaines de compétences que celui qui le précédait. Un certain nombre de conseillers devraient rester à leurs postes. Il continuera également à se trouver sous la tutelle du ministère de l’Ecologie, qu’a conservé Ségolène Royal.
La tutelle du ministère de l'Ecologie
C’est visiblement cette tutelle qui a motivé le départ de Frédéric Cuvillier qui souhaitait sans doute se retrouver à la tête d’un ministère. « Les infrastructures, les transports et la mer doivent être la clé de voûte du pacte de solidarité décidé par le Président de la République », détaille-t-il dans le communiqué expliquant son retrait. « La mise en place d’une politique maritime intégrée digne de notre nation (…) mérite une volonté politique forte et une capacité d’action pleine et entière ». Ce qui ne peut, apparemment, pas s’effectuer dans le cadre d’un secrétariat d’Etat. « Dans la configuration qui m’a été proposée, j’estime ne pas disposer de cette capacité d’action et d’autonomie nécessaire à la réussite d’une politique cohérente porteuse d’espoir pour nos territoires et nos concitoyens, confrontés à une crise profonde ».
Frédéric Cuvillier a commencé son parcours ministériel comme ministre délégué avant de voir la comptabilité gouvernementale, tenue notamment par les promesses électorales de François Hollande en terme de parité et de nombre restreint de portefeuilles, le « rétrograder » au titre de secrétaire d’Etat lors de la formation, en avril dernier, du premier gouvernement Valls.
Il s’est alors retrouvé sous la tutelle directe de la toute nouvelle ministre de l’Ecologie et du Développement Durable Ségolène Royal. Une cohabitation parfois décrite comme houleuse, notamment en raison de l’affichage très environnementaliste de la nouvelle ministre, là où Frédéric Cuvillier avait, notamment en matière de pêche, défendu une ligne plus en faveur des professionnels.
Un mandat jalonné de dossiers difficiles
De la partie maritime de son mandat, on retiendra la gestion de dossiers brûlants. Notamment la SNCM, pour la sauvegarde de laquelle Frédéric Cuvillier, dans un premier temps, s’était fortement mobilisé, allant même jusqu’à vouloir braver les institutions de Bruxelles, dans des postures parfois difficilement tenables. Sans doute fortement « tenu » par Paris, qui jouait la montre dans le calendrier électoral des municipales marseillaises, Frédéric Cuvillier avait incarné une très forte mobilisation de l’Etat et de ses services en faveur de l’armement marseillais. Après la déconvenue des élections municipales, sa volte-face a été spectaculaire puisqu’il a publiquement exprimé son soutien à la politique mené par l’actionnaire majoritaire Transdev, avec qui il ferraillait jusque là. Une posture gênante dont il n’est sans doute largement pas le seul responsable, mais qui traduisait la très forte ingérence de sa hiérarchie politique dans ses dossiers. « J’ai le sentiment de ne pas avoir eu les moyens, pas la reconnaissance de ce qui a été réalisé », a-t-il déclaré sur I Télé juste après l’annonce de son retrait. Une confession amère de celui qui fut, jusque là, un fidèle parmi les fidèles du président Hollande.
Pour le secteur de la marine marchande, Frédéric Cuvillier n’aura pas réussi à porter les nombreuses réformes proposées par le député Arnaud Leroy fin 2012. Notamment la réforme de la loi de 1992 qui continue à provoquer le dépavillonnement de navires pétroliers. Il a obtenu, en revanche, la mise en place du décret imposant les normes sociales françaises aux marins étrangers travaillant dans les eaux nationales.
Elu de Boulogne, dont il a été réélu maire - dérogeant au principe de non cumul des mandats- , il a obtenu davantage de résultats à la pêche, où il bénéficie d’une belle côte de popularité auprès des professionnels. Il a ainsi réussi à obtenir une importante enveloppe du fonds européen pour la pêche et les affaires maritimes, ainsi que le maintien et/ou l’augmentation d’un certain nombre de quota. Il a également farouchement défendu la pêche en eau profonde, dont l’interdiction – souhaitée par la Commission européenne – n’a pas été votée.
Outre les dossiers de l’ecotaxe, de l’aéroport de Notre Dame des Landes ou les suites de la réforme ferroviaire, Alain Vidalies va hériter de nombre de ses dossiers brûlants. Décrit comme sobre, discret et efficace, le très terrien secrétaire d’Etat va devoir s’amariner très vite.