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C’est aujourd’hui et demain que se tiennent les Assises de l’économie maritime et du littoral. Cette année, c’est Biarritz et Bayonne qui accueillent cet évènement incontournable du secteur maritime. En tout, plus de 1200 participants sont attendus pour cette manifestation, qui propose notamment différentes conférences et débats sur les grands enjeux maritimes. « Les activités maritimes constituent un enjeu majeur pour notre pays et vont, dans les années à venir, constituer un formidable potentiel de développement économique et social. La France dispose d’atouts considérables dans ce domaine, avec des entreprises leaders et un savoir-faire reconnu. Elle doit pouvoir saisir cette chance et profiter au mieux des nouveaux marchés liés au maritime, non seulement pour assurer son développement économique, mais aussi pour créer de nombreux emplois sur nos territoires », affirme Francis Vallat, président du Cluster Maritime Français, qui interviendra aujourd’hui pour l’ouverture des Assises.

 

« Une lenteur sur le traitement de certains sujets extrêmement importants »

 

Créé en 2006, le CMF s’est progressivement imposé comme un outil indispensable de la promotion du secteur maritime et de la coopération entre ses différentes filières. Marine marchande, ports, pêche, construction navale, nautisme, offshore, énergies, services, Défense mais aussi assurances, classification, financements shipping… Cet organisme, qui compte à ce jour 280 entreprises et a rassemblé depuis 6 ans plus de 4500 participants à ses différents groupes de travail dédiés à des sujets spécifiques, est devenu le porte-voix du secteur maritime français, et contribue fortement à réaliser l’ambition initiale qui était celle de l’Institut Français de la Mer à sa création, faire émerger un véritable « parti de la mer ». Et, à ce titre, il entend, bien évidemment, faire passer des messages au gouvernement à l’occasion de ces nouvelles Assises. « Le dialogue avec les cabinets ministériels et l’exécutif en général est bon, voire très bon. Il y a de l’écoute et nous avons un certain nombre de dirigeants politiques qui connaissent bien les sujets maritimes. Toutefois, nous constatons, et nous le regrettons, une lenteur sur le traitement de certains sujets extrêmement importants et nécessitant des décisions rapides », note Francis Vallat. Le CMF souhaite, par exemple, qu’un cap clair soit fixé pour le Conseil du littoral, ou encore que l’instauration d’un débat parlementaire annuel sur la stratégie maritime de la France soit entérinée rapidement, de même que la reprise des Comités Interministériels de la Mer (CIMER). « Le prochain CIMER pourrait, par exemple, être notamment consacré à l’élaboration d’une véritable stratégie pour l’exploitation minière des grands fonds marins. La France a fait des demandes de permis pour explorer et exploiter certaines zones, et dispose d’entreprises de premier rang pouvant se positionner sur ce marché, comme l’Ifremer, Eramet, CGGVeritas, Technip, Bourbon, Total ou encore Louis Dreyfus Armateurs. Il y a, là encore, un fort potentiel de développement, qui pourrait aller bien au-delà des seules zones qui seront exploitées par la France ». Dans le secteur de l’enseignement, le Cluster attend, en outre, une action forte du gouvernement pour remettre sur les rails l’Ecole Nationale Supérieure Maritime (ENSM). « L’ENSM a été fragilisée et nous souhaitons que son nouveau directeur ait les moyens, notamment financiers, pour redresser cette école, ce qui doit être une priorité dans les prochains mois , de pair avec le redressement « moral » des équipes concernées».

 

Des décisions attendues autour de la piraterie

 

Dans le domaine de la sécurité maritime, le CMF et ses membres, notamment les armateurs au commerce, avec la solidarité des armateurs à la pêche, attendent par ailleurs qu’une décision soit enfin prise concernant l’encadrement légal des d’équipes de protection privées chargées de protéger les navires français contre les pirates. Car les équipes de protection de la Marine nationale ne peuvent plus répondre à l’accroissement des demandes. « Les militaires font un travail formidable et, bien entendu, cette question est d’abord, pour nous, une affaire régalienne. Mais il faut être pragmatique et l’on voit bien que la marine ne peut être présente partout. Qu’il s’agisse des armateurs, des pêcheurs ou du secteur du nautisme, il faut créer un cadre légal pour en finir avec le  flou juridique actuel et permettre le recours à des sociétés privées, qui ont du reste fait leur preuve. Cela permettrait d’ailleurs de développer des sociétés française qui pourrait entrer sur un marché aujourd’hui détenu par les anglo-saxons », note Francis Vallat. Ce dernier en profite, au passage, pour demander que l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) débloque enfin les fonds prévus dans le cadre du programme Navire du Futur, dont une partie est justement consacrée à la protection des bateaux, la fameuse « autoprotection » un autre marché très porteur sur lequel des entreprises tricolores ont une belle carte à jouer.

 

Ne pas retarder l’émergence de la filière EMR

 

Enfin, l’une des grandes problématiques du moment demeure la montée en puissance des énergies marines renouvelables. « Nous comprenons bien que les réflexions sur la transition énergétique prenne du temps, en raison notamment du fait qu’elle implique des investissements colossaux. Mais, pour atteindre les objectifs européens, qui devront atteindre 20% d’énergies renouvelables en 2020 (passés à 23% pour la France à l’occasion du Grenelle de la mer), il faut aller vite et les énergies marines sont indispensables. Il ne faut, par conséquent, pas retarder des investissements que la France devra de toute façon engager, au risque de ne pas être au rendez-vous des objectifs et donc de payer des amendes, de devoir importer des énergies provenant de pays voisins et de ne pas donner toutes ses chances à une nouvelle filière industrielle française ».

A l’occasion des Assises de l’économie maritime, les membres du CMF pourront notamment évoquer ces sujets avec les deux ministres présents, Jean-Yves Le Drian, pour la Défense, et Frédéric Cuvillier pour les Transports, la Mer et le Littoral. En revanche, c’est non sans déception que les participants ont appris que le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui devait initialement clôturer ces Assises, avait finalement annulé son déplacement.

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