Frédéric Moncany de Saint-Aignan, président du Cluster Maritime Français, affiche sa satisfaction après la tenue du Conseil interministériel de la mer (Cimer), la semaine dernière à Dunkerque. « Parmi les 82 mesures qui y ont été proposées, un nombre important est issu des travaux du Comité France Maritime qui réunit les acteurs privés et publics tout au long de l’année ». Bien sûr, il y aurait pu en avoir davantage, « par exemple dans le domaine de la conchyliculture, mais il n’y a pas de vraie déception. Le gouvernement nous a annoncé la tenue d’un Cimer en 2019. Cette fréquence annuelle ainsi que la forte présence ministérielle aux conseils nous montrent que le gouvernement maintient le cap en matière maritime ».
Des mesures pour les outremers
Parmi les mesures annoncées la semaine dernière à Dunkerque, Frédéric Moncany souligne les « nouvelles positives pour les Outre-mers ». Et ce dans plusieurs secteurs : « le plan d’action de renouvellement de la flotte de pêche est une excellente nouvelle pour les flottes artisanales et hauturières ». Concernant la croisière, il salue le fait que le pavillon de Wallis et Futuna, qui héberge actuellement la flotte de Ponant, puisse devenir « une référence » dans cette industrie. Dans le domaine de la grande plaisance, la reconnaissance du brevet de capitaine 200 comme yachtmaster devrait permettre aux marins français de mieux se placer dans les bassins de recrutement traditionnellement anglophones des Outre-mers.
Le secteur portuaire et les rapprochements
Autre secteur largement couvert par le Cimer, le portuaire : « il y a beaucoup de mesures dans ce secteur qui demandent à être précisées et mises en place le plus rapidement possible », souligne Frédéric Moncany. Ainsi la fusion des trois ports de l’axe Seine (Paris, Rouen et Le Havre) est « très attendue par les acteurs privés. Le calendrier, qui prévoit une préfiguration en 2019 et une mise en oeuvre effective au 1er janvier 2021, doit être absolument tenu, et si nous pouvons gagner six mois ou un an ce sera même encore mieux ». Pour les ports méditerranéens, il souligne « une nécessité de coordination et d’association, à l’image de ce qu’on voit dans la Manche, avec Haropa, ou en mer du Nord ». Sur la façade Atlantique il y aura deux approches avec Nantes Saint-Nazaire « qui souhaite rester dans le giron de l’Etat » et les ports de Nouvelle-Aquitaine qui « pourraient peut-être se rapprocher de l’échelon régional ».
Le défi de l'employabilité
Grand chantier également, « l’attractivité et les emplois » dans le domaine de l’économie bleue. « Il est essentiel d’améliorer la mise en relation entre les employeurs et les employés ». La semaine nationale de l’emploi maritime, mise en place par Pôle Emploi en collaboration avec le Cluster, va être reconduite en mars 2019, « c’est une très bonne chose que l’Etat se soit saisi de cette problématique ». Si le secteur de la construction navale est particulièrement visé en raison de ses besoins pressants d’employés qualifiés, la pêche, « dont la pyramide des âges va amener des très gros besoins de recrutement dans les années à venir », et la marine marchande sont également intégrées dans cette démarche.
Le GNL et la règlementation
Dans le domaine du transport maritime, c’est le GNL qui se retrouve dans les mesures du Cimer, avec notamment le lancement de mesures fiscales pour les propulsions propres et d’un plan d’action national « il est indispensable de monter une chaîne logistique complète pour rester dans la course de la compétitivité mondiale. Notre réglementation doit être adaptée pour cela et la plateforme GNL va le permettre, que ce soit au niveau national ou au niveau portuaire ».
Les EMR dans l'expectative
Au chapitre des énergies marines renouvelables, s’il salue la confirmation des six premiers champs éoliens offshore posés et la signature du champ de Dunkerque, Frédéric Moncany reste quand même dans l’expectative. « La programmation pluriannuelle de l’énergie, qui sera dévoilée la semaine prochaine, nous dira si le gouvernement a pris la mesure de l’importance des énergies en mer, que ce soit d’un point de vue environnemental mais également en termes de filière, d’emplois et de savoir-faire ».