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Le bilan, après le passage du typhon Haiyan, vendredi 8 novembre, aux Philippines, s'est brusquement aggravé dans la journée de dimanche. Désormais, les autorités parlent de 10.000 morts et 2000 disparus. Dans les décombres jonchés de cadavres, la catastrophe a suscité des scènes de pillage. Au Vietnam, où la tempête était attendue hier, 600.000 personnes ont été évacuées.

Deux îles du centre de l'archipel, qui se trouvaient pile dans la trajectoire de Haiyan quand il a frappé les Philippines, vendredi à l'aube, sont particulièrement affectées. Un haut responsable de la police a évoqué le chiffre de 10.000 morts sur Leyte, tandis que 300 personnes sont confirmées mortes et 2000 sont portées disparues sur Samar. Et les mauvaises annonces continuaient de pleuvoir par dizaines hier, en provenance des villes et provinces ravagées par le super typhon sur un front de 600 kilomètres. Bon nombre de localités restaient coupées du monde et les autorités semblaient dépassées par l'ampleur de la catastrophe et le nombre de survivants à secourir. Maisons rasées, pylônes électriques arrachés, voitures renversée... Les destructions causées par Haiyan, avec des pointes de vents à 360 km/h et des vagues de plusieurs mètres, ne sont pas sans rappeler le tsunami de décembre 2004 en Asie. Au drame vécu par ceux qui ont tout perdu, viennent s'ajouter les scènes de pillage dans les entreprises et les centres commerciaux, les survivants perdant toute dignité pour trouver, coûte que coûte, de quoi se nourrir. « J'ai peur que dans une semaine, les gens s'entretuent à cause de la faim », a commenté Andrew Pomeda, professeur de lycée âgé de 36 ans. 


 

 


L'aide humanitaire se met en place 



 

 

Face à l'ampleur de la catastrophe, plusieurs pays ont proposé leur aide. Après une demande de Manille, le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagels, a alloué des hélicoptères, des avions, des navires et des équipements destinés à la recherche et au sauvetage. La Grande-Bretagne a débloqué plus de sept millions d'euros pour les opérations de secours et la commission européenne, trois millions d'euros. De son côté, l'Unicef a préparé 60 tonnes de matériels de santé et de survie et l'Allemagne, 23 tonnes. Un soutien qui s'ajoutera aux 40 tonnes d'aide alimentaire de l'Onu. Si le bilan des 10.000 morts se vérifie, Haiyan sera la catastrophe naturelle la plus grave de l'histoire récente des Philippines. La précédente date de 1976, lors qu'un séisme et un tsunami avaient causé la mort de 5.000 à 8.000 personnes sur Mindanao, une île du sud.

 

 

Haiyan perd de sa force 



 

 

Après avoir semé la désolation aux Philippines, Haiyan volait hier vers le Vietnam, qu'il devrait atteindre ce matin, soit 24 heures après ce qui avait été initialement prévu. Le typhon s'est toutefois affaibli au-dessus de la mer de Chine du Sud. Il avançait hier à une vitesse de 35 km/h et pourrait être rétrogradé en niveau 1 avant son arrivée, se transformant en dépression tropicale. Le pays n'en a pas moins évacué vers des abris situés en hauteur quelque 600.000 personnes : d'abord au centre, puis au nord de son territoire et ce, en raison du changement de la trajectoire de Haiyan. Une modification qui a conduit à autoriser 200.000 personnes des provinces du centre à rentrer chez elles, avant même l'arrivée du typhon.

 

 

Des scènes de pillage et d’horreur

 

 

48 heures après le passage du typhon, le centre de l'archipel était, dimanche, le théâtre de scènes d'horreur. Ignorant les corps qui jonchaient le sol, des rescapés affamés et armés s'attaquaient, pour les piller, aux magasins et aux convois d'aide.À la lisière de Tacloban (220.000 habitants), une des villes côtières les plus touchées sur l'île de Leyte, Edward Gualberto titube sur les cadavres pour fouiller les restes d'une maison effondrée. Vêtu seulement d'un pantalon rouge, ce père de quatre enfants et conseiller local dans un village s'excuse de son apparence et de ses actions. 



 

 

« Ce typhon nous a enlevé toute dignité » 


 

 


« Je suis une personne décente. Mais si vous n'avez rien mangé depuis trois jours, vous en arrivez à faire des choses affreuses pour survivre », soupire-t-il. Son butin, après une demi-journée passée à fouiller : paquets de pâtes, canettes de bière, boîtes de conserve, biscuits et sucettes, ainsi que du savon. « Ce typhon nous a enlevé toute dignité. Mais j'ai encore ma famille et j'en suis très reconnaissant. ». Ailleurs en ville, des rescapés aux stratégies de survie plus agressives expliquent, eux aussi, n'avoir rien mangé depuis trois jours. Les autorités, dépassées, se sont avérées incapables d'acheminer l'aide sur place et les forces de l'ordre ont déserté les rues. Du coup, des habitants ont brisé les rares vitrines des magasins qui ont résisté aux vents ou tordu, à l'aide de leviers, les grilles des échoppes. Un boucher, désespéré, brandit un revolver vers les assaillants. Ceux-ci n'en ont cure et dévalisent le commerce. L'homme agite son arme dans les airs et crie. La foule se sert. 



 

 

Anarchie et cauchemars 



 

À proximité, Emma Bermejo, propriétaire d'une petite pâtisserie, évoque des scènes d'anarchie. « Les gens sont sales, affamés et assoiffés. Encore quelques jours et ils vont commencer à s'entretuer », assure-t-elle. Un convoi qui acheminait l'aide de la Croix-Rouge a lui aussi été pillé. Sur les routes, hommes, femmes et enfants avancent en file dans un paysage de désolation. Beaucoup ont le nez et la bouche recouverts pour masquer l'odeur pestilentielle des cadavres. Il y a des corps partout et les soldats semblent dépassés. « On a six camions à travers la ville qui ramassent les corps. Ce n'est pas suffisant », déclare un conducteur. Hébétés et souvent blessés, les rescapés racontent des scènes cauchemardesques. « Les immenses vagues sont venues encore et encore, s'abattant dans la rue et emportant nos maisons », relate Mirasol Saoyi, une jeune femme âgée de 27 ans. « Mon mari nous avait attachés l'un à l'autre mais nous avons été séparés. J'ai vu plein de gens hurler et se noyer. Je n'ai toujours pas retrouvé mon mari. »

 

Appel aux dons

 

 

Action contre la faim et le Secours populaire ont lancé des appels aux dons suite au passage du typhon Haiyan, qui a fait plus de 10.000 morts aux Philippines et qui se dirige vers le Vietnam.

"Si la population est habituée au passage de tempêtes, des vents atteignant les 315 km/h et des vagues de trois mètres de haut ont fait de ce typhon le plus puissant de l'année 2013 et le plus violent depuis des décennies", a souligné Action contre la faim. L'ONG se prépare à intervenir en urgence dans ce pays et a donc lancé un appel aux dons. De son côté, le Secours populaire a indiqué dans un communiqué qu'il "met tout en oeuvre pour activer tous ses réseaux en Europe et dans le monde pour épauler les associations partenaires en Asie". Il a invité tous ceux qui souhaitent soutenir ses initiatives à adresser un don en précisant "Urgence Typhon Haiyan" aux comités et fédérations du SPF, au Secours populaire français, aux 9/11, rue Froissart, BP 3303, 75123 Paris cedex, ou encore sur le site www.secourspopulaire.fr

 

Le plus puissant cyclone jamais enregistré

 

 

Depuis qu'on fait des relevés météorologiques, il est le plus puissant cyclone jamais mesuré, avec des vents enregistrés à plus de 360 km/h. Avant lui, Camille, qui avait balayé le golfe du Mexique en 1969, avait soufflé à 305 km/h.

Dans le monde, 80 tempêtes se forment au-dessus des eaux tropicales tous les ans. Le cyclone, qui mesure entre 500 et 1.000 km de diamètre, est un phénomène des mers chaudes : pour qu'il se développe, il faut que la température de l'océan dépasse 26 degrés sur les 60 premiers mètres. Comme l'ouragan puise sa force dans la chaleur dégagée par les mers, après son passage, ces eaux sont refroidies. Le cyclone joue ainsi le rôle d'une énorme soupape évacuant le trop-plein d'énergie accumulé par les océans dans les zones tropicales. Certaines mers se réchauffent plus vite que d'autres, ce qui peut favoriser des cyclones plus intenses par endroits. La houle peut alors être observée 1.000 km à l'avant du cyclone, et le niveau de la mer s'élever de plusieurs mètres.

 

 

Réalisé à partir des articles de la rédaction du Télégramme

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