20 ans de prévention. 20 ans à partir en mer, avec les marins, pour comprendre les risques de ce qui reste, toujours aujourd'hui, un des métiers les plus dangereux. 20 ans à collecter toutes les informations possibles dans un milieu où l'on n'est pas vraiment bavard. Mais Yvon Le Roy, directeur de l'Institut Maritime de Prévention, Françoise Douliazel, la directrice adjointe, et leurscollègues savent y faire. Et ils aiment ça. L'équipe de l'IMP (© : MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ) Une gigantesque base de donnée sur les accidents de travail Créé à Lorient, où il se trouve toujours, l'IMP est une association loi 1901, financée par des fonds publics, dont une partie par l'Enim. Elle emploie 9 employés, avec notamment des spécialistes de l'ergonomie ou des techniciens, qui passe leur temps à faire la navette entre les quais, les bords et leurs ordinateurs. Avec un objectif : comprendre ce qu'il se passe en mer pour faire baisser les risques des hommes. « Notre plus grande fierté, c'est notre base de donnée, unique au monde ». Depuis 1995, et suite à un accord avec le régime social des marins, tous les accidents du travail en mer sont répertoriés dans une gigantesque base, « nous avons entre 50.000 et 60.000 cas ». Une base alimentée en permanence, riche en enseignements. « Grâce à ses données statistiques, nous pouvons tirer des conclusions et sensibiliser les acteurs du monde maritime autour d'un facteur de risque. Nous avons par exemple vite constaté que les décès par noyade étaient largement supérieurs au décès par naufrage. On s'est renseigné, on a fait le tour des métiers pour connaître les contraintes du travail sur le pont, on a examiné les matériels disponibles. Et nous avons commencé les campagnes pour le port du VFI (vêtement à flottabilité intégré). » (© : IMP) Une sensibilisation qui parfois ressemble à un travail de bénédictin, tant le milieu, à la pêche surtout, est parfois difficile à convaincre et réticent à changer ses habitudes. « Il faut les comprendre, ils font un métier dur où ils ont leur manière de travailler, nous, on est là pour leur expliquer, les accompagner dans une démarche de sécurité. Et puis avec les normes réglementaires qui ne cessent d'augmenter, nous sommes ici là pour les aider à les mettre en place ». Les accidents en baisse depuis 2000 Sensibiliser les employeurs, parfois de toutes petites entreprises, à l'évaluation du risque, c'est une mission que l'IMP mène sur le terrain. « Au début, c'est nous qui sollicitions les armements pour embarquer, maintenant ce sont souvent eux qui viennent nous voir ». Des patrons-pêcheurs aux lamaneurs en passant par les gros armements au commerce, l'IMP est devenu, en 20 ans, la référence en matière de sécurité du travail en mer. « Les mentalités évoluent. La mortalité et les accidents sont en baisse continue depuis 2000. On va dans le bon sens ». Le cadre réglementaire n'y est sans doute pas étranger. « Et oui, maintenant la santé au travail, c'est important et le législateur encadre de plus en plus ce secteur. Dans le milieu maritime, il y a également eu un gros changement culturel quand l'inspection du travail maritime a été fusionnée avec l'inspection du travail. Maintenant, les inspecteurs appliquent des standards « généraux » aux métiers maritimes, sont très pointilleux et insistent énormément sur la formation des employés à la sécurité ». Alors l'IMP vole parfois au secours des petites structures, « on fait le relais et parfois un peu d'explication de texte ». Valoriser le métier de marin « Notre rôle, c'est aussi de valoriser le métier. A la pêche, les armements et les patrons ont du mal à recruter, tellement le métier a la réputation d'être dur. Alors si par des aménagements, des améliorations de sécurité et de confort, nous pouvons aider à donner une meilleure image du métier, c'est tant mieux ». Au commerce, la pénibilité est ailleurs, mais elle existe. « Avec la réforme du régime retraite, les armements vont désormais d'établir, en plus du document unique, un état-lieu de la pénibilité à bord des navires. Nous sommes actuellement en train de travailler avec Armateurs de France sur ce dossier ». De la plus petite barge ostréicole au plus gros des porte-conteneurs, les gars et les filles de l'IMP vont continuer à arpenter les quais pour améliorer la vie de ceux qui partent en mer. Pour au moins encore 20 ans... L'Institut Maritime de Prévention fêtera ses 20 ans le vendredi 6 juillet de 16h à 18h, avec notamment une exposition dans la salle Henri Verrière et les bassins du port de pêche de Lorient Keroman - LIRE LE REPORTAGE COMPLET SUR L'IMP
L'Institut Maritime de Prévention: 20 ans au service des marins
Par
Caroline Britz
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04/07/2012

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